Pour la deuxième fois en autant de jours, la NFL et l'Association des joueurs ont convenu, hier, de se donner un peu plus de temps afin d'en arriver à une nouvelle entente.

Devant originellement se terminer le 3 mars à minuit, la convention collective actuelle sera maintenant effective jusqu'au 11 mars à minuit. Aucune négociation n'aura lieu au cours de ce week-end, c'est donc dire que les deux côtés auront cinq jours additionnels pour s'entendre.

Même si la convention collective reste en vigueur pour la prochaine semaine, les équipes ne pourront pas faire de transactions (signatures de contrats, échanges de joueurs, etc.).

Selon les informations qui circulent dans les différents médias américains, les deux parties auraient progressé davantage lors des derniers jours qu'au cours des deux dernières années. Cependant, l'écart entre les deux clans demeurerait substantiel.

La menace d'un lock-out plane sur le circuit professionnel le plus rentable du monde depuis plusieurs mois déjà. Si une nouvelle entente n'est pas conclue avant le 12 mars, il est presque certain que les propriétaires opteront pour cette voie. Et il semble tout aussi clair que l'Association des joueurs choisirait alors de se saborder, afin de pouvoir poursuivre la Ligue devant les tribunaux en vertu de la loi antimonopole américaine.

En général, le public et les médias sont légèrement plus sympathiques à la cause des joueurs qu'à celle des propriétaires dans ce dossier - bien qu'on peine à comprendre comment une industrie qui génère 9 milliards annuellement puisse en arriver là. La NFL n'a jamais été aussi populaire, comme le prouvent les cotes d'écoute du Super Bowl du mois dernier, émission la plus regardée de l'histoire de la télévision aux États-Unis.

Les propriétaires estiment que les joueurs obtiennent une trop grande part des recettes - environ 57% -, et considèrent qu'ils devraient mettre l'épaule à la roue en ce qui concerne les dépenses occasionnées par la construction de nouveaux stades en acceptant une diminution salariale.

Avant que le partage des revenus ne soit fait, une somme de 1 milliard est soustraite afin de payer les coûts collatéraux qu'entraîne la mise en valeur de la Ligue - notamment les intérêts pour la construction de nouveaux stades et la promotion de la NFL dans des pays étrangers. Les propriétaires voudraient que cette somme soit dorénavant doublée. Sans surprise, les joueurs s'y opposent.

À tort ou à raison, ces derniers considèrent que les coûts engendrés par les nouveaux stades et les intérêts qu'ils entraînent ne les regardent pas. En ce sens, il est effectivement plutôt rare qu'un employeur exige de ses employés qu'ils paient une partie du loyer.

Contrats bidon et carrières éphémères

L'Association des joueurs et la Ligue devraient normalement réussir à régler certaines de leurs dissensions. Par exemple, les deux côtés réalisent sûrement comme tout le monde que les salaires consentis aux recrues ne sont plus ridicules, mais bien d'une totale indécence.

À l'inverse, les pensions que touchent les joueurs retraités sont tout aussi scandaleuses. La NFL s'est construite sur le dos du bien-être physique et psychologique d'hommes qui reçoivent aujourd'hui des sommes qui ne couvrent probablement pas leur facture d'épicerie.

Jusque-là, ça ne semble pas si difficile: moins d'argent aux recrues, plus aux retraités. C'est par la suite que ça se corse. Le partage des revenus est le nerf de la guerre, mais il y a aussi le désir de la partie patronale d'ajouter deux matchs au calendrier régulier.

À un moment où le nombre de commotions cérébrales croît de semaine en semaine, et alors que d'anciens joueurs se suicident parce qu'ils n'ont plus les idées claires en raison des ces chocs au cerveau, disons que l'expansion de la saison régulière n'est pas l'idée du siècle. Une décision purement économique, prise par des gens qui passent leurs dimanches dans le confort de leur loge à boire du thé ou une petite crème de menthe. Pardonnez les joueurs de se sentir comme du bétail.

Lorsqu'il est question de leurs salaires, les athlètes professionnels reçoivent rarement bonne presse, et c'est normal. Ce qu'il faut par contre savoir, dans le cas de ceux de la NFL, c'est que leur salaire annuel n'est presque jamais garanti.

Si le joueur ne joue plus à la hauteur des attentes du club qui signe ses chèques, il sera remercié, et il n'obtiendra vraisemblablement plus un seul rond de celui-ci - même s'il est encore sous contrat pour deux ou trois autres saisons. Merci pour le genou en compote, la fracture de la clavicule, les quatre commotions cérébrales et les doigts tout croches!

Non seulement les joueurs de la NFL ont-ils des contrats qui sont presque tous résiliables à tout moment, leur carrière dure en moyenne quatre ans. Celle des proprios dure habituellement un peu plus longtemps.

Ne trouvez-vous pas que les joueurs partagent assez?