C'est peut-être Jay Cutler, le quart des Bears, qui a le mieux résumé cette affaire plus tôt cette semaine: «C'est un match énorme pour Chicago et pour Green Bay. Le nombre de fois qu'on s'est affrontés, il y a un lien qui existe entre les deux clubs et les deux villes. C'est comme un petit Super Bowl. Je sais que la ville de Chicago va être très déçue si on ne gagne pas ce match.»

Très déçue? Le terme choisi est un peu faible. Parce que ces deux villes-là ne s'aiment pas du tout. À cause du foot. Bears contre Packers, c'est gros. Parmi les rivalités du sport professionnel en Amérique du Nord, celle-là est à classer au sommet.

Juste à se promener un peu dans les rues de Chicago, et on comprend un peu. Chicago, c'est la grande ville, la tradition, l'histoire, bref, la classe. Tout le contraire de Green Bay, plus petite, plus village que ville, un endroit que les gens de Chicago ont tendance à regarder de haut.

Mais depuis la création du Super Bowl, le compte va comme suit: trois titres pour les Packers, un seul pour les Bears.

Dans le fond, c'est un peu ça qui fait mal. Et c'est pourquoi il y a cette rivalité. Cette haine entre les deux, qui ne disparaîtra sans doute jamais.

«Comment comparer? Je dirais que Chicago et Green Bay, c'est un peu comme deux pays qui sont en guerre, répond Desmond Clark, ailier rapproché des Bears, quand on lui demande d'expliquer cette rivalité. Ça va plus loin que les deux équipes. Dans le Midwest, il y a des fans des Bears et des Packers un peu partout, et je suis pas mal certain qu'il y a eu des bagarres dans plusieurs bureaux de la région cette semaine!»

Il faut dire que ça remonte à loin. Les Bears et les Packers existent depuis 1919, et la rivalité s'est installée rapidement, surtout pour des raisons de proximité géographique; en voiture, on fait le trajet entre les deux villes en moins de quatre heures.

Puisque la NFL fait bien les choses, ces deux équipes s'affrontent deux fois par saison. Et puisque le hasard fait bien les choses, elles vont s'affronter à nouveau demain au Soldier Field de Chicago, dans le cadre de la finale de la Conférence nationale. Le gagnant s'en va au Super Bowl.

«On les connaît, ils nous connaissent, a expliqué le secondeur vedette des Bears, Brian Urlacher. On ne va pas les surprendre, et ils ne vont pas nous surprendre non plus. On sait exactement à quoi s'attendre.»

La rivalité est intense, certes, mais chez les joueurs des deux équipes, c'est un peu moins intense. Pas de gros mots entre les rivaux cette semaine, pas d'insultes devant les caméras, pas de menaces non plus. Un peu plus et on pourrait croire que ces joueurs-là n'auraient aucun problème à prendre le petit déjeuner ensemble demain matin. Charles Tillman, demi de coin des Bears, a même affirmé que les receveurs des Packers sont les meilleurs de la ligue...

Des fleurs, des fleurs, et aucune trace du pot. Pour tout dire, la semaine a été plutôt tranquille par ici. Rien à voir avec les Jets de New York, disons...

«Nous ne sommes pas comme ça, et les Packers ne sont pas comme ça, a expliqué Desmond Clark. Il y a beaucoup de respect entre nous.»

Le même refrain a été entonné par les membres des Packers quelque 200 milles plus loin. «Il y a ce respect entre nous, a répété Aaron Rodgers, le quart des Packers, aux médias de Green Bay. Jay (Cutler) et moi sommes des amis, et il y a ce respect aussi sur le terrain quand les deux équipes s'affrontent. Les Bears ont plusieurs gars qui jouent dans cette ligue depuis longtemps, et on ne peut faire autrement que de les respecter.

«Les deux équipes se sont affrontées 181 fois auparavant, ceci sera le 182e match entre les Bears et les Packers. Alors c'est bien de constater qu'il y a beaucoup d'histoire entre nous, c'est la plus vieille rivalité de la NFL. Le gagnant ira au Super Bowl, et c'est pourquoi c'est si spécial.»

C'est spécial aussi parce qu'en séries, Bears contre Packers, ça n'arrive pas souvent. En fait, c'est arrivé une autre fois seulement, et pour ça, il faut remonter à 1941, une victoire de 33-14 des Bears sur leurs rivaux du Wisconsin.

Mais tout cela importe bien peu. Demain, les joueurs des Bears et des Packers vont tenter d'ajouter leur propre chapitre à cette rivalité qui ne veut pas mourir.

«C'est la meilleure rivalité du football américain, a conclu Desmond Clark. Ça remonte aux jours de George Halas et de Vince Lombardi. Y a-t-il deux noms plus prestigieux dans toute l'histoire de cette ligue?»

Probablement pas.