À sa première saison, l'an dernier, Rotrand Sené a été la révélation du football universitaire québécois, animant l'attaque des Carabins de l'Université de Montréal avec des courses spectaculaires. Un an plus tard, le jeune homme de 21 ans sait qu'il ne surprendra plus personne.

Désormais consacré comme l'une des vedettes du sport universitaire au Canada, le porteur de ballon est attendu à chaque match par les formations adverses. Cela ne l'a pas empêché de gagner en moyenne 168,7 verges par match au sol depuis le début de la saison. Samedi dernier, il a gagné 220 verges au sol dans un gain de 27-10 contre les X-Men de St. Francis Xavier.

Hier, il travaillait devant l'écran vidéo avec le coordonnateur offensif des Carabins, Pat Gregory, quand il nous a accordé une entrevue. «Je crois m'être beaucoup mieux préparé cette saison, a noté Sené. J'ai gagné un peu de poids en travaillant en gymnase, mais j'ai aussi commencé à étudier les vidéos avec Pat. Je crois que cela m'aidera à ne plus commettre deux fois les mêmes erreurs.»

«On oublie vite qu'il n'en est qu'à sa deuxième saison au football universitaire, rappelle Gregory. Jusqu'ici, il se fiait beaucoup sur son instinct - qui est excellent -, mais il doit maintenant apprendre à étudier les défenses et à se doter d'automatismes dans certaines situations.

«Il est un peu plus lourd, c'est vrai, mais sa force reste sa vitesse et son habileté à changer rapidement de direction, a poursuivi le coordonnateur offensif. C'est cela qui lui permet de renverser des adversaires, d'être le marteau, pas le clou, dans les chocs.»

Sené peut ainsi changer l'allure d'une rencontre en une seule course. «J'aborde chaque jeu en pensant que je peux me rendre dans les buts adverses. On a une bonne équipe, une excellente attaque, et je sais que j'y occupe une place importante. Cela crée plus de pression, c'est certain, mais je suis très bien encadré.»

La complicité est évidente entre Sené et ses entraîneurs. «La présence de Marc (Santerre), Pat (Gregory) et de tout le personnel des Carabins a été un facteur important dans ma décision de venir à l'Université de Montréal, a reconnu Sené. J'ai aussi considéré Ottawa et Laval, mais l'ambiance et aussi le fait que je suis très près de ma famille (qui habite Côte-des-Neiges) m'ont poussé à rester ici.»

La famille Sené compte plusieurs sportifs et deux frères de Rotrand brillent déjà au Collège Notre-Dame et au cégep Montmorency. Les études sont une priorité pour toute la famille et Rotrand ne néglige pas les siennes. Après une première année à HEC Montréal, il étudie présentement en arts et sciences.

«La transition du cégep à l'université a été plus difficile que prévu, surtout avec le football qui a pris beaucoup de place. J'ai dû quitter les HEC Montréal cette année, mais j'ai pris des cours connexes et j'espère améliorer mes notes pour y retourner l'année prochaine.»

Les deux pieds sur terre

Santerre, l'entraîneur-chef des Carabins, suit les performances de Sené depuis plusieurs années et apprécie autant l'athlète que l'individu. «C'est un jeune homme sérieux, très consciencieux, qui a gardé les deux pieds bien sur terre après une première saison remarquable», a-t-il expliqué.

«Dans sa position, il pouvait se contenter de continuer sur son erre d'aller ou décider d'avancer, de progresser. C'est ce qu'il a fait. Il a pris du poids, s'est beaucoup entraîné et à commencer à travailler avec la vidéo pour améliorer sa lecture du jeu.

«Nous avons aussi beaucoup parlé de l'importance de rester humble. Il a beaucoup de talent et sera sûrement davantage apprécié et reconnu s'il reste l'individu qu'il est aujourd'hui.»

Santerre a aussi noté que le spectaculaire porteur de ballon ne devait pas tenter d'en faire trop sur le terrain. «Il n'a pas à assumer tout le poids de l'équipe, a dit Santerre. Actuellement, Rotrand est responsable de son propre jeu et aussi de la réussite de notre attaque. D'autres, plus expérimentés, sont là pour assurer le leadership.

«Lui, il est plus réservé et n'en est qu'à sa deuxième saison avec nous. Laissons-lui le temps de vieillir.»