Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'amitié entre Matthieu Proulx et Étienne Boulay est construite sur du solide. En compétition directe pour le même poste depuis maintenant quatre ans, on comprendrait parfaitement s'ils étaient incapables de se sentir.

N'allez pas croire que les deux maraudeurs trouvent la situation amusante pour autant. Jongler avec l'amitié et l'esprit compétitif - pendant quatre ans -, ce n'est pas si simple.

«Pour être honnête, je suis tanné de cette situation, et je suis certain que c'est la même chose pour Étienne. C'est mon ami et je veux qu'il réussisse, mais en même temps, je veux mieux faire que lui pour obtenir le poste. C'est un peu traître comme situation. Mais on s'en parle beaucoup, et on s'entend super bien quand même», a commenté Proulx cette semaine.

C'est le quatrième camp de suite où les deux Québécois se disputent le poste régulier de maraudeur, mais cette fois, ils vivent la situation différemment.

«C'est le jour de la marmotte, mais ce n'est pas comme si on ne s'y attendait pas. Et on a une nouvelle approche cette saison, on ne se fait plus autant de stress pour des choses qu'on ne contrôle pas. Ce n'est pas comme si c'est nous qui décidions», rappelle Boulay.

Le stress est sûrement moindre du fait que les deux joueurs savent qu'ils obtiendront du temps d'utilisation d'une façon ou de l'autre. Notamment en raison des blessures, leur temps de jeu est comparable depuis quelques années.

«C'est peut-être plus pour pouvoir dire qu'on est le partant qu'on veut obtenir le poste... On a commencé neuf matchs chacun l'année dernière et on a sensiblement eu les mêmes statistiques, alors au bout du compte, ça s'équivaut pas mal», a d'ailleurs souligné Boulay.

En 2009, Proulx a réussi 29 plaqués défensifs, neuf sur les unités spéciales, et quatre interceptions. Boulay a de son côté terminé le calendrier régulier avec 23 plaqués défensifs, sept sur les unités spéciales, et une interception.

Les statistiques en carrière de Proulx et Boulay sont également semblables: le premier compte 69 plaqués défensifs, 41 sur les unités spéciales, et huit interceptions en cinq saisons; le second a 81 plaqués, 36 au sein des unités spéciales, et sept interceptions.

La polyvalence de Boulay

À l'heure actuelle, c'est Proulx qui s'entraîne avec la première unité défensive, et le coordonnateur Tim Burke ne prévoit pas de changement dans un avenir proche - même si Marc Trestman a indiqué le mois dernier qu'il y aurait bel et bien une compétition entre les deux Québécois.

«Matthieu est le partant, mais on va trouver des façons d'utiliser Étienne davantage que par le passé, que ce soit au poste de demi de coin du côté large, ou encore lorsque l'adversaire se retrouvera en situations évidentes de passe. Il possède beaucoup de talent, et on ne veut pas le gaspiller», a dit Burke.

Boulay a été appelé à occuper plusieurs positions depuis qu'il endosse le maillot des Alouettes. Avant d'être muté au poste de maraudeur, il a entamé sa carrière comme secondeur. Il a également été utilisé sporadiquement au poste de demi de coin du côté large. La grande différence, c'est qu'il pourra cette fois se préparer en conséquence.

«Lorsqu'on change de position, les angles, les techniques, et les responsabilités sont tous différents, explique-t-il. C'est donc un avantage important de pouvoir m'entraîner à ces positions pendant le camp. Ça me permet de constamment m'améliorer, et de me sentir de plus en plus à l'aise. Ce n'est pas évident lorsqu'on nous annonce la veille qu'on jouera à une nouvelle position.»