Drew Brees avait fait ses devoirs, comme à l'habitude. Quand on lui a demandé ce qu'il pensait de la fleur de lys sur le casque et l'uniforme des Saints, il a offert une petite leçon d'histoire.

Il a résumé comment la Louisiane avait adopté ce symbole du temps où elle était une colonie française, expliquant que la fleur de lys était l'emblème de la monarchie française à l'époque.

«Il y a tellement de choses reliées à la culture de la Nouvelle-Orléans qui viennent du temps où la ville était sous le règne des Français, a dit Brees, qui a grandi à Austin au Texas. C'est une grosse partie de l'essence de la Nouvelle-Orléans. C'est le symbole de la ville. C'est comme quand vous regardez le drapeau américain et que vous chantez l'hymne national.. ça vous remplit de fierté. Quand nous voyons la fleur de lys, ça nous fait le même effet.»

Ses propos illustrent bien pourquoi Brees lui-même est devenu source de fierté dans la communauté, aussi bien sur le terrain qu'en dehors. En aidant une ville folle de football à finalement vivre l'expérience de participer au Super Bowl - plutôt que de simplement être la ville hôtesse, Brees s'est taillé une place de choix dans l'histoire sportive de la Nouvelle-Orléans.

En contribuant au renouveau de l'après-Katrina par une diversité d'implication caritative, et en faisant souvent la promotion des attributs culturels de la région, il est clairement devenu l'un de ses fils adoptifs. Un triomphe lors du match de dimanche, face aux Colts, ne ferait qu'ajouter à l'estime que les gens lui portent déjà.

Ce n'est pas peu dire, car la famille Manning incluant le quart adverse, Peyton, vient justement de la Nouvelle-Orléans, y étant presque considérée comme de la royauté.

«Mes parents en sont venus à connaître Drew et sa famille, a dit Manning. J'ai certainement de l'estime pour les gars qui jouent pour les Saints, qui habitent la Nouvelle-Orléans pendant la saison morte et qui s'engagent envers la ville tout au long de l'année, par opposition à ceux qui ne font qu'y jouer pendant l'automne.»

Brees compare souvent le nouveau souffle qu'a pris sa carrière après une sérieuse blessure à l'épaule, à la fin de la saison 2005, à la reconstruction de la Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina, qui a frappé cette année-là.

Remercié par les Chargers, Brees est devenu joueur autonome au moment où il récupérait d'une opération délicate.

Les deux équipes les plus intéressées étaient les Miami et la Nouvelle-Orléans, mais les Dolphins n'ont finalement pas voulu prendre de risque. Sean Payton par contre, qui en était alors à sa première année aux commandes des Saints, a clairement fait savoir que Brees était son choix pour aider à rebâtir la formation.

Brees totalise 18 298 verges de gains par la passe depuis le début de la saison 2006, un sommet dans la NFL au cours de cette période. Il a mené deux fois les Saints au match de championnat de la Nationale, et il se retrouve maintenant au Super Bowl.

Ses réussites professionnelles ont toutefois été assombries par un drame personnel.

Sa mère Mina, une procureure d'Austin, est morte d'une surdose de médicaments par ordonnance, l'été dernier, et son décès a plus tard été classé comme un suicide. Les deux personnes avaient cessé de communiquer, et Brees a dit qu'il préférait garder ses sentiment par rapport à sa mère pour lui.

Brees a dominé la NFL avec 34 passes de touché en 15 matches, cette saison. Il n'a pas disputé la dernière rencontre, car les Saints étaient déjà assurés du premier rang de l'association.

Lorsqu'il est arrivé à la Nouvelle-Orléans une première fois, au printemps 2006, une grosse partie de la région était encore en très mauvais état. Plusieurs hôpitaux, supermarchés et services de base étaient toujours déstabilisés, mais cela ne l'a empêché de considérer la ville comme son nouveau chez-soi.

Il a acheté et rénové une maison centenaire et, avec sa femme Brittany (ils sont les parents d'un petit garçon d'un an, Baylen), il a commencé à mener des efforts pour rebâtir des écoles, des terrains de jeux et des installations sportives.

«J'ai ouvert les bras à la communauté de la Nouvelle-Orléans simplement parce que c'est un endroit spécial, et ils m'ont accueilli, moi et ma famille, de si belle façon que je ne saurais même pas comment le décrire, a dit Brees. Il n'y a rien que je veux plus pour eux que de gagner un championnat.»