L'équipe de football américain des Saints, qui affronte dimanche les Colts d'Indianapolis lors du Superbowl, puise sa motivation dans les heurts et malheurs des habitants de La Nouvelle-Orléans, auxquels ils comptent redonner le sourire plus de quatre ans après Katrina.

«Savoir que nous jouons pour beaucoup plus qu'un simple trophée, ça nous donne de la force», explique le quaterback Drew Brees, le leader et l'âme de l'équipe, qui est arrivé au club moins de six mois après que l'ouragan eut laissé la ville noyée à 80%, endommagé 200 000 maisons, tué plus de 1000 habitants et forcé des centaines de milliers d'autres à l'exil.

Quand Brees a signé, la désolation dans la ville était encore omniprésente («il y avait des bateaux dans des maisons...»), et il s'est senti investi d'une mission: participer à la reconstruction sur et en dehors du terrain.

Tout en portant les Saints au Superbowl, il a travaillé à amasser deux millions de dollars de dons pour la reconstruction.

«Tout ce que nous faisons, nous le faisons pour la ville, pour les habitants et pour tout ce qu'ils ont dû endurer», ajoute celui que certains dans la ville appellent «Drew Orleans» ou «Lou-Brees-iana».

«C'est l'occasion de redonner de la joie à la population. Aucune cité ne mérite plus ce trophée que La Nouvelle-Orléans.»

Ce ne fut pas toujours le cas. La franchise, créée en 1967, était autrefois raillée pour sa médiocrité notoire, au point que des fans dans les tribunes ont souvent porté des sacs en papier sur la tête, un geste symbolique aux États-Unis qui traduit la honte devant la faiblesse de son équipe.

«Motif de fierté»

Mais les Saints arrivent à écrire les plus belles pages de leur histoire en parallèle à la renaissance d'une ville qui se remet doucement debout.

Fin septembre 2006, ils avaient déjà marqué les esprits quand ils ont rejoué -et gagné- au Superdome pour la première fois après Katrina. Un an et un mois plus tôt, ce gigantesque stade couvert (75 000 places) au toit percé de partout avait été le dernier rempart des habitants, presque leur seul refuge.

«Cette réouverture a été un moment spécial, qui n'avait rien à voir avec le sport, explique le coureur arrière Reggie Bush, une des vedettes de l'équipe. C'est pareil pour ce Superbowl. On va tenter de ramener ce trophée à La Nouvelle-Orléans pour donner un motif de fierté aux gens.»

«Il y a un lien direct entre notre succès et l'état d'esprit de cette ville qui se reconstruit», témoigne Drew Brees, qui se sent «investi d'une grande responsabilité»: «On nous demande d'améliorer la vie des gens».

Quant à savoir quel effet aurait une victoire des Saints dimanche dans le «big game» (grand match), Reggie Bush y a déjà pensé: «Ce serait énorme, le plus grand évènement de l'histoire de la ville».

Dans une cité où le sens de la fête est profondément ancré dans la culture, nul doute que les réjouissances seront au diapason des malheurs du passé.