Marc Trestman n'a peut-être pas de charisme quand il parle en public, mais il sait manifestement quoi dire à ses joueurs pour les inciter à donner leur maximum.

Après un baptême de feu plus que prometteur en 2008, l'entraîneur américain de 53 ans a veillé à ce qu'on apporte les ajustements qui s'imposaient en 2009. La preuve qu'il apprend vite, c'est que dès sa deuxième saison à la barre de l'équipe, les Alouettes ont corrigé pratiquement tous les défauts qui leur restaient.

C'est ainsi que la défensive a été renflouée. Les vétérans ont accepté de s'entraîner d'arrache-pied afin de montrer l'exemple aux jeunes. Les joueurs ont adhéré à l'objectif de dominer la ligue, et pas seulement la section Est, et ce même une fois le titre de section en poche.

Et, grand test parmi tous les tests, même la propension des Anthony Calvillo et compagnie à s'écrouler dans le match de la Coupe Grey a été étouffée. Un peu tardivement, certes, et il a fallu la collaboration du fameux 13e homme des Roughriders de la Saskatchewan lors du dernier jeu, mais Trestman peut quand même dire mission accomplie.

Ce qui a donné une saison quasi parfaite. Les Oiseaux sont devenus la septième équipe de l'histoire à afficher un dossier de 15-3 lors du calendrier régulier - la première depuis les Argonauts de Toronto de 1997. Le record, 16-2, appartient aux Eskimos d'Edmonton de 1989.

Une défensive renflouée

De mésestimée en 2008, la défensive montréalaise est devenue la plus solide du circuit cette année. Tellement solide qu'elle a relégué les exploits de l'attaque à l'arrière-plan, bien que les receveurs Kerry Watkins, Jamel Richardson et Ben Cahoon aient tous connu une autre saison de plus de 1000 verges par la passe, et qu'Avon Cobourne ait amassé plus de 1000 verges au sol pour la première fois de sa carrière.

Anwar Stewart, le finaliste au titre de joueur défensif par excellence dans la LCF, a attiré l'attention avec ses neuf sacs, mais ses coéquipiers John Bowman et Keron Williams en ont respectivement réussi 11 et huit. Et ces trois-là vous diront que la véritable raison de leur brio a été leur compagnon de la ligue défensive Eric Wilson, qui était régulièrement confronté à deux opposants.

Trestman et le coordonnateur défensif Tim Burke ont par ailleurs eu du flair en mutant Chip Cox au poste de secondeur et en confiant un poste régulier à Shea Emry, en plus de faire confiance aux recrues Jerald Brown et Billy Parker à titre de demis défensifs.

Une baisse de rien du tout

Là où Trestman a également su apporter un ajustement important, c'est en persuadant ses joueurs de continuer d'y aller à plein régime même une fois assurés d'un billet en finale de section. Ce qui, dans la faible section Est, arrive assez tôt dans la saison. Cela avait coûté cher en 2008, alors que les Oiseaux avaient faibli dans le dernier droit et n'avaient jamais pu retrouver leur niveau de jeu initial dans les séries.

En 2009, la «léthargie» du club s'est limitée à une séquence de deux matchs: une défaite de 41-24 contre les Blue Bombers de Winnipeg, le 24 octobre, précédée... d'un gain au goût amer de 41-38 contre les Tiger-Cats de Hamilton, la semaine précédente.

Une autre défaite, celle à Vancouver contre les Lions, est survenue à la suite de la décision controversée des arbitres d'annuler un touché égalisateur des Alouettes en fin de rencontre.

Le seul «véritable» revers des Oiseaux, subi alors que tout était encore à l'enjeu, sera donc survenu le 30 juillet, 33-19 aux mains des Eskimos d'Edmonton.

Le résultat de cette constance, c'est que les Lions de la Colombie-Britannique se sont fait massacrer en finale de section.

Blocage mental

Malgré tout, il restait un obstacle important à franchir pour Trestman: le blocage psychologique de ses vétérans à la Coupe Grey.

L'entraîneur aura eu le coup de génie de simplifier tellement leur tâche qu'ils ne pouvaient la bousiller: ils n'avaient qu'à jouer à la mesure de leur potentiel pour triompher. Ce qui ne les a pas empêchés de venir à un doigt de tout bousiller quand même.

Quand un quart rate ses cibles et qu'un botteur de dégagement propulse le ballon moins loin qu'un enfant de huit ans, un entraîneur ne peut rien y faire.

Calvillo est toutefois devenu un autre homme durant cette deuxième demie disputée à Calgary, devant un océan vert de partisans des Riders. Déjà un quart respecté à travers le pays à cause de ses exploits en saison régulière, celui qui a été proclamé joueur par excellence de la LCF pour la troisième fois de sa carrière, en 2009, s'est alors métamorphosé en légende vivante.

Le vétéran quart aura beau attribuer sa nouvelle vigueur à un programme d'entraînement et à un régime alimentaire plus stricts, reste que mentalement, il lui fallait donner un coup de barre. Et il l'a fait, avec l'aide de son pote Cahoon, et aussi de Richardson, qui ont tour à tour gobé ses relais à des moments-clés.

Sans oublier Avon Cobourne, qui a souvent sorti les Oiseaux d'impasse dans cette fameuse deuxième demie. Son titre de joueur du match était fort mérité.

Oui, les Riders ont ouvert la porte en commettant une erreur dont on discutera pendant des générations en Saskatchewan. Mais les Alouettes ont eu le mérite de se rendre en courant jusqu'à cette porte, et d'y cogner vigoureusement.