«Je ne sais pas pourquoi on a décidé que Tony Romo était un joueur-vedette dans cette ligue... On a décrété qu'il était un grand joueur et il doit maintenant vivre avec ça. Et de toute évidence, il éprouve certaines difficultés.»

Ce commentaire a été fait par Tony Dorsett, cette semaine, sur les ondes de Fox Sports Radio. Après Emmitt Smith et Troy Aikman, l'ancien demi-vedette durant les années 70 et 80 est le troisième ex-joueur des Cowboys à critiquer ouvertement Romo.

 

Vous pensiez que le job de gardien de but à Montréal était difficile? Essayez un peu le job de quart-arrière chez les Cowboys de Dallas. C'est un peu plus ardu, mettons.

La critique de Dorsett est survenue au moment où Romo se remet à peine de ce qui a sans doute été son pire match dans la NFL. Dimanche soir, le gars a complété seulement 44,8% de ses passes et a commis trois interceptions dans une défaite de 33-31 des Cowboys devant les Giants. Son taux d'efficacité: un risible 29,6%.

Et voici que les questions arrivent de partout. Que les doutes se multiplient. Depuis son arrivée sous les projecteurs, en 2006, Romo a rapidement grimpé les échelons du vedettariat. Avec Tom Brady, il est probablement le quart le plus connu, le plus «glamour» du circuit. Ses escapades de nuit, son goût pour les starlettes, ses vacances au Mexique, bref, on sait tout de Romo, qui est traqué par la presse à potins comme une star de Hollywood.

Mais qu'y a-t-il, derrière ce sourire à 67 millions? C'est la question que l'on se pose sur la planète NFL.

Romo, 29 ans, en est à sa troisième saison à titre de partant chez les Cowboys. Il n'a toujours pas gagné en séries. Ses statistiques sont souvent impressionnantes - il a d'ailleurs obtenu 353 verges de gains et trois passes de touché à son premier match de la saison à Tampa - mais on retient avant tout ses gaffes. Ses faiblesses. Sa propension à prendre la mauvaise décision et à couler son club dans les moments importants.

Cette semaine, Jerry Jones, le flamboyant proprio des Cowboys, lui a réitéré sa pleine confiance. Normal. Romo, c'est le chouchou du proprio, qui sourit un peu plus chaque fois qu'il voit un maillot numéro 9 à 225$ dans les gradins de son stade flambant neuf.

C'est clair, les patrons des Cowboys sont en amour avec le potentiel de Romo. Les fans des Cowboys qui exigent un échange sur les tribunes téléphoniques devront prendre leur mal en patience. Romo est là pour rester. Il est le joueur de concession de Jones et le club va vivre ou mourir avec lui.

À son âge, Romo n'est évidemment pas un joueur fini. Mais le temps commence à presser. Pas à peu près.

C'est drôle, parce que les critiques formulées à l'endroit de Romo, on les formulait jadis à l'endroit de son grand rival des Giants, Eli Manning. Avant son Super Bowl, Eli était vu comme un joueur mou, désinvolte, qui n'avait pas ce qu'il fallait pour gagner quand ça comptait.

En gros, on disait d'Eli qu'il était un loser, un perdant de première.

Aujourd'hui, plus personne ne parle d'Eli de cette façon. Eli est devenu un gagnant, un joueur «clutch», comme disent les anglos. Eli est pourtant le même homme, qui gaffe encore à l'occasion. Mais il a gagné des matchs importants. Et quand un quart gagne des matchs importants, ça change tout. Parlez-en à Steve Young, qui a dû endurer des années de critiques souvent acerbes avant de remporter la victoire au Super Bowl et de faire taire tout le monde.

Tant qu'à y être, rappelons-nous aussi la mauvaise réputation de Peyton Manning avant qu'il ne remporte le Super Bowl. Je me souviens même d'un match des séries contre les Steelers en 2006... Peyton avait été ordinaire et juste après, les fans enragés des Colts appelaient les animateurs des tribunes sportives pour exiger que Peyton soit échangé! Une chance que les Colts n'ont pas écouté...

Marv Levy disait toujours la même chose: il faut être patient avec les jeunes quarts. Ça prend du temps. Eh bien! Romo en est rendu là. On a été patient avec lui. On a échangé Terrell Owens pour lui faire plaisir. Maintenant, c'est le temps des résultats.

Le temps est venu de savoir où Romo compte nicher: parmi les plus grands, ou parmi ceux qui auraient pu l'être. À lui de décider.