Comme Roy Jones, Dominique Michel ou les membres de Kiss, Brett Favre ne sait pas quand s'arrêter.

Après avoir pris une première retraite à Green Bay, après avoir pris une deuxième retraite à la suite d'un passage en montagnes russes chez les Jets de New York, revoici donc le vieux Brett, ce vrai de vrai, qui nous fait le coup du gars qui a encore ça dans le sang.

Cette fois, ce sont les Vikings du Minnesota qui lui déroulent le tapis rouge. Et pas à peu près: 25 millions pour deux ans!

Tant mieux pour lui. Après tout, le vieux Brett est une légende, et qui ne voudrait pas d'une légende dans son club? Les pauvres Vikings n'allaient pas laisser passer cette chance.

Il y a quand même un petit quelque chose d'énervant dans tout ça. Il y a ce ton. Cette façon de faire les choses. L'arrogance du joueur-vedette qui se croit au-dessus de tout, qui décide de tout, incluant la date à laquelle il daignera bien se présenter à sa nouvelle équipe. Le mariage Favre-Vikings n'est officiel que depuis hier, mais si on lit bien entre les lignes, on comprend que Brett et les dirigeants du Minnesota se faisaient les yeux doux depuis longtemps déjà.

Et voilà que la légende décide de débarquer au Minnesota à la mi-août, alors que les autres Vikings suent à grosses goutes au camp de l'équipe depuis déjà trois semaines. Encore là, c'est du Brett tout craché. Monsieur décide de tout, et en plus, il dit aux Vikings quelque chose comme ceci: je vais aller sauver votre club, mais ça va être à mes conditions, et si ça ne fait pas votre affaire, bonne chance avec Tarvaris Jackson.

Voilà. Entre Tarvaris Jackson et Brett Favre, le choix était facile à faire. Surtout pour un club qui n'a pas remis les pieds au Super Bowl une seule fois depuis 1977.

Ce que j'en pense? J'en pense qu'en septembre, le vieux Brett va faire passer ses nouveaux patrons pour des génies. Voyez un peu le calendrier des Vikings lors des trois premières semaines: à Cleveland, à Detroit, et contre San Francisco. Juste là, ça fait trois victoires. À 3-0, on va se mettre aux compliments et aux hyperboles, on va se mettre à parler d'un Super Bowl de rêve entre les deux revenants de l'année, Favre et Tom Brady. Si ça se trouve, on va peut-être même verser quelques larmes d'émotion au passage.

C'est après que ça risque de se gâter. En novembre, genre, quand les séries vont approcher et qu'il va falloir se battre pour chaque centimètre de terrain. Au fait, les Jets du vieux Brett n'avaient-ils pas commencé la saison en fous la saison dernière? Et comment ça s'est terminé, déjà?

C'est le problème avec un sport aussi exigeant que le football américain. Plus la saison avance et plus ça devient difficile. Plus la saison avance et plus les vieux corps ont du mal à suivre. Justement, ça fait deux saisons que Brett la légende se met à manquer d'essence dans le dernier droit. Eh oui! même les plus grands ne peuvent rien contre les ravages du temps. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent cette fois-ci.

En attendant, les Vikings vont vendre des boîtes et des boîtes de chandails numéro 4. C'est déjà ça.