En maîtrisant assez facilement deux des bonnes attaques de la Ligue canadienne à ses deux premières sorties, la défense des Alouettes a repris là où elle s'était arrêtée, l'automne dernier. Mais même si son spectaculaire départ est une suite logique des choses, l'unité que dirige Tim Burke est pas mal moins reposante que la saison dernière. Et ça, personne ne le nie.

La preuve? Lorsqu'on demande aux entraîneurs et aux joueurs ce qui diffère entre la défense actuelle et celle de l'année dernière, personne ne nous sert des platitudes. Tout le monde a sa petite idée. Burke énumère plusieurs facteurs qui expliquent le bon début de saison de son groupe.

«D'abord, je pense qu'on est plus rapides. On a de nouveaux demis défensifs (Jerald Brown, Billy Barker et De'Audre Dix), et Chip (Cox) est très bon depuis qu'il est notre secondeur du côté large. L'objectif, c'était d'avoir de meilleurs athlètes sur le terrain, et je pense que c'est le cas. Je crois également que Diamond Ferri joue mieux cette saison, et notre ligne performe extrêmement bien. Je pense qu'on a un peu plus de profondeur et les gars connaissent mieux le système.»

L'entraîneur-chef Marc Trestman considère quant à lui qu'il y a deux principales différences entre l'unité de cette année et celle de 2008.

«Notre style de jeu est différent. On utilise encore des défenses de zone, mais on utilise plus de couvertures homme à homme, ce qui nous permet d'être plus agressifs à la ligne de mêlée. Il y a également eu quelques changements sur le plan du personnel des joueurs.»

Burke estime que si les Alouettes peuvent se retrouver en couverture homme à homme plus souvent, c'est parce qu'ils ont maintenant les joueurs pour le faire. Et au final, c'est généralement la ligne défensive qui en bénéficie.

«Une couverture homme à homme oblige le quart-arrière à conserver le ballon un peu plus longtemps, ce qui fait souvent toute la différence pour nos joueurs de ligne», explique Burke.

Les Alouettes ont huit sacs à leur actif, galvanisés par cette ligne. On savait que Keron Williams était dangereux (trois sacs), mais le jeu des ailiers Anwar Stewart et John Bowman, qui ont respectivement un et deux sacs, est une agréable surprise.

Trestman et Burke ont souligné que Stewart et Bowman avaient pris les bouchées doubles afin d'arriver au camp au sommet de leur forme. Joueur défensif par excellence de la ligue en 2004, Stewart semble plus fort et rapide qu'au cours des deux dernières saisons. «Anwar est arrivé au camp en excellente forme physique, confirme Burke. Je ne veux pas parler pour lui, mais sa carrière tire à sa fin, et je pense que les joueurs qui sont plus vieux sont souvent en très bonne forme physique. Prenez Anthony Calvillo, par exemple. Ces gars-là mettent vraiment le paquet afin d'arriver au camp en pleine forme.»

Ayant réussi sept et huit sacs au cours des deux dernières saisons, Bowman veut de son côté poursuivre sa progression. Le natif de Brooklyn, qui fêtera ses 27 ans dimanche, ne l'a jamais eu facile au football.

«En sortant de l'école secondaire, personne ne m'a donné une chance, et je me suis donc retrouvé dans une petite université (Wingate). À ma dernière saison (en 2003), j'ai été l'un des meneurs au pays en deuxième division de la NCAA pour les sacs, mais aucune équipe professionnelle ne m'a offert une chance. Je l'ai enfin eue ici -et j'en suis très reconnaissant-, mais ça n'a pas été facile de me tailler une place en 2006. Encore là, peu de gens croyaient que j'y parviendrais. C'est peut-être pourquoi je joue avec de la colère... Le football n'est pas un jeu de politesse», rappelle Bowman.

Deux Canadiens au centre

Autre facteur important à ce beau début de saison, le rendement de Matthieu Proulx et de Shea Emry. Il est indispensable pour les deux joueurs canadiens de très bien maîtriser le système défensif à titre de maraudeur et de secondeur à l'intérieur.

À sa première saison en tant que régulier, Emry sait qu'il a encore plusieurs choses à apprendre, même s'il s'est plutôt bien tiré d'affaire à ses deux premiers départs.

«Le plus important pour moi, c'est de continuer à écouter les entraîneurs et les vétérans. Je reçois de nouveaux petits conseils ici et là chaque jour.»

Proulx, lui, patrouille vaillamment le milieu de la tertiaire, suffisamment bien pour obtenir de bons mots de la part de son coordonnateur. «Matthieu joue très bien, dit Burke. Il est le quart-arrière de notre défense et je pense que les autres joueurs ont confiance en lui. Il a réussi quelques solides plaqués au cours des deux premiers matchs et je pense que c'est parce que ses angles de poursuite sont meilleurs que l'année dernière. Et il connaît maintenant notre défense sous toutes ses coutures.»