À voir marcher Donovan McNabb dans les longs corridors mal éclairés du Giants Stadium dimanche soir, on avait l'impression qu'il venait de conclure une autre journée ordinaire au bureau. Avec son long manteau, avec ses écouteurs sur les oreilles, McNabb avait l'air d'un gars relaxe, pas trop énervé, qui venait de disputer un match sans histoire.

Sauf qu'il venait peut-être de disputer l'un de ses meilleurs matchs en carrière, rien de moins.

En menant ses Eagles à une victoire de 23-11 sur les Giants de New York en finale de division, McNabb a réalisé ce qui semblait impensable il y a un mois à peine: atteindre la finale de la Conférence nationale.

Rappelons ici qu'il s'agit du même McNabb qui, le 23 novembre, avait été relégué au rôle de réserviste lors d'une performance désastreuse à Baltimore. Rappelons ici que les Eagles, à ce moment-là, avaient une fiche de 5-5-1. Rappelons que les médias de Philadelphie, pas nécessairement reconnus pour leurs bonnes manières, avaient commencé à suggérer la présence du quart Kevin Kolb à la barre de l'attaque. Le divorce entre McNabb et les Eagles n'était plus qu'une question de temps, disait-on...

Comme ça change vite. Près de deux mois plus tard, les Eagles ne sont plus qu'à une victoire du Super Bowl. Et plus personne ne parle de Kevin Kolb...

«C'est comme une bonne histoire, un bon récit, a déclaré McNabb avant de sortir du Giants Stadium, dimanche soir. Tous les gars de cette équipe croient en eux, et on croit aussi qu'on peut saisir nos chances lorsqu'on a l'occasion de le faire.»

Andy Reid un autre que l'on croyait sur le bord de prendre la porte il n'y a pas si longtemps n'a pas hésité à lancer des fleurs à McNabb. «Il est le meilleur quart de la ligue», a affirmé l'entraîneur des Eagles.

La victoire des Eagles face aux Giants vient nous le rappeler: dans cette ligue, tout est question de synchronisme. En décembre, les Giants ont titubé, arrivant au fil d'arrivée avec seulement une victoire à leurs quatre derniers matchs. Dimanche, les champions avaient l'air d'une équipe rouillée. Sans énergie. D'une équipe qui n'avait plus rien dans le réservoir.

Tout le contraire des Eagles, propulsés en séries à la suite d'une victoire convaincante contre les Cowboys de Dallas. Ils viennent d'en gagner deux de suite à l'étranger. Dans cinq jours, ils vont tenter de refaire le coup en Arizona.

«Ce ne sera pas facile, a prévenu Donovan McNabb. Ce qui est certain, c'est que les Cardinals peuvent marquer beaucoup de points... Mais il y a un buzz autour de notre équipe ces jours-ci. On le sent.»

C'est vrai. Au fait, qui oserait douter des Eagles présentement?

Bon. Avec tout le respect que l'on doit aux Eagles et aux Cards, j'ai plutôt l'impression que le Super Bowl va se jouer dimanche soir à Pittsburgh. Lors du week-end, les Ravens de Baltimore et les Steelers ont offert de très bonnes performances. Surtout les Ravens, qui n'ont donné que 10 points aux Titans du Tennessee.

Ces deux équipes ne s'aiment pas, et ça va jouer serré au Heinz Field, sur ce terrain qui est assurément le pire de toute la ligue. Si, en plus, il neige ou il pleut, ça pourrait être carrément laid. Quelque chose comme 0-0 après 60 minutes de jeu...

Une prédiction, une toute petite? Ce sont les revirements qui vont décider du résultat. On n'en sort pas. L'équipe qui va éviter les gaffes va probablement obtenir son billet pour Tampa. À ce chapitre, ça pourrait se décider entre les deux quarts. D'un bord, vous avez Joe Flacco, une verte recrue qui en aura plein les bras contre la défense des Steelers. De l'autre, vous avez Ben Roethlisberger, un gars dont la propension aux revirements pourrait faire très mal face à une défense aussi féroce que celle des Ravens.

J'ai vu un membre des Ravens dire à ESPN que sa bande n'est pas comme les Ravens de 2000, ceux qui ont remporté le 35e Super Bowl face aux Giants. Le gars a raison, parce que ces Ravens-là ont une bien meilleure attaque!

Ça va brasser...