Mémo aux Titans du Tennessee: messieurs, vous avez besoin d'être prêts. Je ne sais pas où étaient les gars des Titans, hier après-midi, mais s'ils regardaient le match Ravens-Dolphins dans une Cage aux Sports, probablement que les ailes de poulet ont mal passé. Parce que les Ravens et leur défense ont donné une méchante leçon de football aux Dolphins de Miami, qui sont bruyamment revenus sur terre, 27-9.

Voici un peu ce qui attend les Titans, samedi prochain: une défense qui n'a donné que 52 verges au sol aux Dolphins, une défense qui a provoqué cinq revirements, et un demi de sûreté (Ed Reed) qui, comme Dieu, est partout.

Rien que ça.

Le pire, c'est que l'attaque des Ravens n'a pas été trop menaçante, hier à Miami. Le quart recrue Joe Flacco, à son premier départ en séries, a été tout à fait ordinaire (cote d'efficacité: 59,1), et les Ravens ont récolté 16 premiers essais, deux de moins que les Dolphins. Sauf que Flacco a joué «à l'intérieur du système», comme on dit. Pas de risques inutiles et pas de folies.

C'est tout ce que ça prenait. Parce que ces Ravens, comme les Ravens de 2000, gagnent en défense avant tout. Le pauvre Chad Pennington l'a vite constaté, lui qui s'est fait frappé comme c'est pas permis, lui qui a offert quatre interceptions aux gars en mauve. Pennington n'a pas été fort - à un certain moment, on l'a même vu lancer à un coéquipier qui était couvert par trois Ravens! - mais bon, on admettra qu'il est plutôt ardu de lancer un ballon quand on a toujours trois adversaires dans la face.

La recette est bonne, les Ravens la connaissent: une défense de fer, et une attaque qui en fait juste assez. Aucun doute, les Titans vont en avoir plein les bras.

Au Minnesota, les Eagles de Philadelphie et les Vikings s'affrontaient, hier, dans un match qui mettait en vedette deux quarts capables du meilleur comme du pire, Donovan McNabb et Tarvaris Jackson. On pouvait croire que c'est le moins pire qui allait sortir gagnant.

C'est un peu ce qui s'est passé.

Pendant que Jackson avait l'air de ce qu'il est, c'est-à-dire d'un gars qui a du mal à comprendre ce qui se passe devant lui, McNabb s'offrait une journée de 300 verges au bureau. Le jeu des quarts n'explique pas tout, mais ça explique un peu pourquoi les Eagles ont gagné 26-14, et pourquoi les Vikings sont en vacances aujourd'hui. Ce n'est pas avec Jackson - ni Gus Frerotte - que les Vikings pourront se mettre à rêver.

Les Eagles, eux, sont encore bien vivants, eux qui semblaient morts il y a un mois. Ces gars-là sont tellement imprévisibles qu'ils peuvent bien aller surprendre les Giants, dimanche prochain, au New Jersey.

Mais je ne gagerais pas ma carte recrue de Phil McConkey là-dessus.

L'histoire de ce premier tour des séries, c'est la sortie rapide des Colts d'Indianapolis, samedi soir à San Diego. Les Colts, favoris par plusieurs pour aller à Tampa, ont dû se contenter de rentrer à Indianapolis, ce qui est un brin moins exotique, si vous voulez mon avis. Ils ont perdu de la pire façon possible: en prolongation, par la marque de 23-17.

En surfant sur le net hier, j'ai trouvé des dizaines de photos d'un Peyton Manning défait, la mine basse, avec le mot «choker» écrit en grosses lettres sur le front. Les Colts étaient favoris, et les gérants d'estrade (oui, ça existe aussi au football) ont vite trouvé un coupable pour expliquer cet effondrement: le grand Peyton.

Accuser un quart de «choker», c'est la chose la plus facile à faire. Dans le cas des Colts, il serait malhonnête de prétendre que c'est la faute de Peyton. Manning a complété le match avec 310 verges de gains, une passe de touché et zéro interception. Il a passé le ballon à six receveurs différents. Pour un «choker», mettons que ce n'est quand même pas si mal.

Ce qui est arrivé aux Colts n'a rien à voir avec Peyton, qui, rappelons-le, n'a même pas touché au ballon en prolongation. Les Colts, voyez-vous, ont passé la saison à gagner malgré une attaque au sol tout à fait minable, la deuxième pire de la NFL pour être précis. Ils ont cru, naïvement sans doute, qu'ils allaient pouvoir continuer en séries de la même façon. Erreur.

Le jeu du match a d'ailleurs beaucoup à voir avec cette attaque au sol invisible. En fin de match, les Colts avaient le ballon à leur ligne de 9, en situation de troisième essai et deux verges à faire. Un premier essai, et le match était fini, puisque les Chargers n'avaient plus de temps d'arrêt. Mais les Colts ont tenté une passe, Peyton a subi un sac, et les Colts ont dû dégager... pour permettre aux Chargers d'égaliser la marque en fin de rencontre.

Voilà. Troisième essai et deux verges à faire dans cette ligue, ce n'est pas compliqué. C'est une course. Mais quand vous n'avez pas d'attaque au sol, vous faites quoi? Vous tentez une passe. Avec tous les risques que cela suppose.

On pourrait aussi montrer du doigt la défense des Colts, qui s'est fait un devoir d'écoper de pénalités stupides en prolongation. Mais le gros chiffre, c'est celui des récoltes au sol: 64 verges pour les Colts, 167 pour les Chargers.

La faute de Peyton, donc? Pas vraiment.