(Crans-Montana) Les ennuis continuent sur le Tour d’Italie dont la 13e étape, premier grand rendez-vous en montagne, a été raccourcie et son départ retardé vendredi à cause d’une météo une nouvelle fois exécrable.

Alors que des trombes d’eau s’abattaient sur Borgofranco d’Ivrea, où la course devait s’élancer à 11 h locales, le départ a été décalé à 14 h 30 et sera donné du pied de ce qui devait être la deuxième ascension de la journée, la Croix-de-Cœur.

Le peloton n’empruntera donc pas le col du Grand-Saint-Bernard, qui devait être le point culminant de cette 106e édition et qui avait déjà été raboté à cause d’un enneigement trop important et un fort risque d’avalanche.

L’étape, qui devait faire 199 km dans sa version déjà raccourcie, ne fera plus que 74 km et ne comprendra plus que deux ascensions : la redoutable Croix-de-Cœur (15,4 km à 8,8 %) et la montée finale vers Crans Montana, en Suisse, elle aussi très difficile (13,1 km à 7,2 %).

« À cause des conditions météo défavorables, sur le versant italien surtout, la commission de course a décidé d’accéder à la demande des coureurs d’appliquer le protocole sur les conditions météo extrêmes. La 13e étape sera raccourcie avec le nouveau kilomètre zéro donné à Le Chable, au pied de la Croix-de-Cœur. Le final de l’étape demeure inchangé », ont indiqué les organisateurs.

Les coureurs ont seulement pris un départ fictif à Borgofranco d’Ivrea, avant de remonter dans leurs bus d’équipe pour se rendre au nouveau départ.

C’est un énième rebondissement dans ce Giro accablé de tous les maux, avec une météo épouvantable et de nombreux coureurs malades, que ce soit de la COVID-19 ou d’autre chose.

Vendredi, un 41e coureur a abandonné, le Danois Mads Pedersen, champion du monde 2019 et vainqueur d’étape sur ce Tour d’Italie, lui aussi malade.

« Tout le monde est carbonisé »

Le Belge Remco Evenepoel, grand favori, a dû renoncer dimanche dernier à cause d’un test positif à la COVID-19 et le Britannique Tao Geoghegan Hart, autre candidat pour la victoire finale, a quitté la course dans une ambulance, avec une fracture à la hanche.

« Il y a un trop plein de tout. La pluie, le froid, tout le monde est carbonisé alors qu’on n’a même pas commencé la montagne », a rapporté le Français Thibaut Pinot, lui-même tombé malade en début de Giro.

« Ça commence à aller mieux, petit à petit je retrouve les jambes. Mais tous les jours on marche sur des œufs. Mentalement c’est dur de se battre juste pour ne pas prendre de cassure ou de tomber », a ajouté le grimpeur de Groupama-FDJ.

Les coureurs se sont dans l’ensemble félicités que l’étape ait été raccourcie à leur demande. « C’est une bonne décision si on veut arriver à Rome (le 28 mai) avec au moins 50 coureurs », sur les 176 au départ, a commenté le maillot rose, le Britannique Geraint Thomas.

Mais il restait des doutes concernant notamment la descente de la Croix-de-Cœur dont le revêtement a été signalé en très mauvais état.

« J’ai des amis qui y sont allés hier, j’ai vu quelques photos, ça a l’air assez scabreux. S’il neige, ça ne sera pas praticable », a commenté le Français Aurélien Paret-Peintre (AG2R-Citroën).

Jack Haig, un des leaders de l’équipe Bahrain, s’est dit « mécontent » de la décision. « La préoccupation des coureurs portait surtout sur la descente de la Croix-de-Cœur qui est potentiellement dangereuse. Et là on prend le départ au pied de l’ascension qu’on va faire à fond avant de basculer dans la descente. Je ne comprends pas ce compromis », a déploré l’Australien.