À la veille de ses courses les plus importantes de la saison – le Tour des Flandres dimanche et Paris-Roubaix la semaine suivante –, Guillaume Boivin a enfin retrouvé ses jambes et le moral.

Le cycliste québécois a réussi l’une de ses meilleures prestations en deux ans, se classant neuvième de la classique À travers la Flandre, une épreuve de niveau World Tour remportée par le Français Christophe Laporte (Jumbo-Visma), mercredi, en Belgique.

« Ça faisait au moins un an, si ce n’est pas plus, que je n’avais pas pris du plaisir comme ça », a lancé Boivin une heure après l’arrivée. « Laisse-moi te dire que ça fait du bien. »

Fraîchement sorti du Tour de Catalogne, dimanche à Barcelone, le coureur d’Israel-Premier Tech n’a décidé que la veille de prendre le départ de ce que les néerlandophones appellent Dwars door Vlaanderen, où il avait fini 29e à son premier essai en 2012 sous les couleurs de SpiderTech.

Alors que son compatriote Nickolas Zukowsky (Q36.5) s’était glissé dans une échappée à six, Boivin a été coincé derrière une chute du champion belge Tim Merlier (Soudal-Quick Step) dans le Berg Ten Houte, une montée à 70 km de l’arrivée. Le peloton commençait alors à se scinder au gré des attaques.

« J’ai dû mettre pied à terre. J’ai réussi à rentrer malgré tout, mais j’ai vraiment fait un énorme effort pour y parvenir. C’est là que j’ai réalisé que j’avais de très bonnes jambes, mais ça m’a coûté cher. »

Boivin s’est donc retrouvé dans la sélection d’une quarantaine de coureurs qui pouvaient encore se disputer la victoire à l’arrivée à Waregem au bout des 183,7 km.

J’avais les jambes pour rester devant. Ça faisait un bout que je n’avais pas été dans cette situation. Je dois me faire confiance et me dire que j’ai les jambes pour même attaquer ou suivre les attaques dans les bosses.

Guillaume Boivin

Zukowsky, qui a fini 48e, a été repris après 116 km en échappée, mais deux de ses compagnons ont résisté jusqu’au bout : le puissant Norvégien Alexander Kristoff (Uno-X, 27e) et l’increvable Espagnol Oier Lazkano (Movistar). Celui-ci a trouvé l’énergie pour régler le sprint du peloton après 166 km en échappée, dont le dernier bout seul avec Kristoff. Phénoménal.

À 4 km de la ligne, Laporte s’est extirpé d’un groupe de contre-attaquants pour filer seul vers l’arrivée, 15 secondes avant Lazkano. Après avoir reçu le cadeau de la victoire par son coéquipier Wout van Aert trois jours plus tôt à Gand-Wevelgem, le Français a procuré un cinquième succès à Jumbo-Visma sur les classiques pavées depuis le début de l’année.

PHOTO DAVID PINTENS, BELGA

Christophe Laporte

L’Américain Neilson Powless (EF) a complété le podium dans le même temps. Le Belge Jasper Philipsen (Alpecin) a dû se contenter de régler le sprint pour la quatrième place.

Malgré un positionnement sous-optimal à la flamme rouge qui lui a fait prendre un peu de vent, Boivin a serré les dents pour se hisser jusqu’au neuvième rang, son meilleur résultat dans une course WorldTour depuis qu’il a terminé à la même position à Paris-Roubaix en octobre 2021.

« Ça aurait pu être un peu mieux. J’aurais peut-être pu aller chercher une place de plus en étant un peu plus intelligent. Ça reste qu’avec des Philipsen, [Mads] Pedersen, [Davide] Ballerini, [Arnaud] De Lie, ça me prendrait peut-être une course un peu plus longue et un peu plus dure si je veux avoir une chance contre ces gars-là. »

« Je vais savourer »

Ce résultat est un énorme soulagement pour Boivin, qui a connu une dernière année de petite misère où il a été tour à tour éprouvé par des maux de dos, la grippe et la COVID-19. Appelé à la dernière minute, il s’est traîné pendant son deuxième Tour de France.

Le triple champion canadien a vécu un début de saison pénible quand il a contracté la COVID-19 de nouveau après sa participation à l’Omloop Het Nieuwsblad et au Kuurne-Bruxelles-Kuurne à la fin de février.

Sur le carreau pendant une dizaine de jours, il a dû faire une croix sur Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo. Sa participation au Tour de Catalogne, où il s’est mis au service de son ami Michael Woods (6e), lui a permis de se refaire une forme.

Même s’il n’a eu droit qu’à deux jours de repos, il était heureux d’avoir répondu à l’appel pour À travers la Flandre.

« Je n’ai pas un grand palmarès et des top 10 dans des courses d’un jour WorldTour, ça ne vient pas à toutes les semaines dans mon cas. Je vais savourer. Surtout, ça me donne une belle confiance pour les deux monuments qui s’en viennent. »

Après avoir renoncé au Grand Prix E3 et à Gand-Wevelgem, Hugo Houle a fini 87e d’À travers la Flandre, à 3 min 38 s du vainqueur. Il retrouvera son coéquipier Boivin dimanche au Tour des Flandres, où il en sera à sa 10participation.