(Paris) Le record de 30 cols enjambés par le parcours du Tour de France 2023 dévoilé jeudi offre un immense terrain de jeu à Tadej Pogacar, double vainqueur déchu par le Danois Jonas Vingegaard : « Je vais revenir pour gagner », a prévenu le Slovène.

Pas réputé pour son attentisme, le turbulent Tadej n’aura pas à patienter pour se dresser sur les pédales lors du Tour 2023.

Passées deux premières étapes pour puncheurs, un désormais classique de la Grande boucle, le peloton – départ du Pays basque oblige – retrouvera les Pyrénées dès la cinquième étape. Avec une arrivée à Laruns, où le phénomène slovène a signé son premier succès dans le Tour de France en 2020.

« On gravira presque d’entrée les Pyrénées, la première semaine sera vraiment dure », prédit le grimpeur de 24 ans.

Cela colle au tempérament du leader d’UAE-Emirates, à l’attaque dès la cinquième étape cet été, dans les pavés vers Arenberg. Le gain avait été maigre, treize secondes seulement sur Jonas Vingegaard, et encore moins le lendemain lors de son succès à Longwy, dix secondes de bonifications.

Avec les cols de Soudet (15,1 km à 7,2 %) et de Marie-Blanque (7,7 km à 8,6 %) dès le cinquième jour du Tour 2023, son directeur sportif Mauro Gianetti ne compte pas modérer ses ardeurs précoces l’an prochain.

« Première semaine importante » et « secondes utiles »

« Tadej, c’est Tadej, il faut le laisser faire même si on essaiera forcément d’élaborer des tactiques logiques en fonction des adversaires, a expliqué le Suisse jeudi. La première semaine sera très importante, quelques secondes prises seront utiles à la fin. »

Les renforts dans l’équipe aussi avec huit étapes de montagne sur les 21 du parcours, les batailles risquent de ne pas se limiter à une ou deux étapes reines cochées par toutes les formations du peloton.

« On n’était pas l’équipe la plus forte lors des deux dernières éditions, Jumbo et Ineos étaient plus costauds que nous. Il faut être réaliste, reconnaît Mauro Giannetti. Même si nous avons de bons jeunes, prometteurs, il fallait regarder comment nous renforcer avec des coureurs comme Adam Yates ou Felix Grossschartner. »

Seule la 17e étape, arrivant à Courchevel et offrant une nouvelle fois, après 2020, un final sur le col de la Loze, fait figure d’épouvantail entre sa longueur (28,4 km à 6 %), son altitude (2304 mètres) et ses derniers kilomètres en rupture de pente permanente. « Ce sera l’étape reine », convient Pogacar.

Nouveau duel avec Vingegaard ?

Jonas Vingegaard, vainqueur sortant, découvrira en course ces montagnes russes qui ne font que monter. Discret depuis son sacre – il n’a disputé que deux courses –, le Danois a fait l’impasse sur la présentation du parcours jeudi, mais compte bien le disputer, a-t-il indiqué dans une interview à Cyclingnews la veille.

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Jonas Vingegaard

Peu de chance à l’inverse que Pogacar doive surveiller l’été prochain l’autre sensation du cyclisme, le nouveau champion du monde Remco Evenepoel.

Le seul contre-la-montre de l’édition 2023 (22 kilomètres accidentés) a dû finir de convaincre le Belge, récent lauréat du Tour d’Espagne, d’opter pour le Giro.

Entre son plan de carrière prévoyant une première apparition sur la Grande boucle en 2024 et les trois chronos du Giro (pour plus de 70 km au total), Evenepoel, médaillée de bronze dans la discipline aux derniers Mondiaux, a toutes les chances de préférer les routes italiennes.

Comme un clin d’œil, la corsa rosa propose une arrivée aux Tre Cime di Lavaredo où un certain Eddy Merckx, sous la neige, avait assommé le Giro-1968, son premier grand tour remporté l’année de ses 23 ans, que le « Petit Cannibale » fêtera lui au mois de janvier prochain.

Le faible kilométrage de contre-la-montre sur le Tour peut aussi faire entrer d’autres coureurs comme David Gaudu dans la danse. « Peu de chronos, ça me va », a souri le grimpeur breton, au pied du podium cet été.

« Le fait qu’il y ait peu de contre-la montre va densifier le classement général, estime Mauro Gianetti. C’est un Tour de France beaucoup plus ouvert que d’habitude, donc je pense qu’Alaphilippe peut être aussi un coureur qu’il faut prendre en compte. »