Hugo Houle ne s’attend pas à participer au Tour de France l’an prochain.

À moins d’un revirement de situation spectaculaire, Israel-Premier Tech (IPT) ne pourra se hisser parmi les 18 premières équipes du WorldTour à la fin du cycle 2020-2022, l’un des critères retenus par l’Union cycliste internationale (UCI) pour le maintien en première division pour les trois années suivantes.

« C’est théoriquement impossible qu’on soit WorldTour l’année prochaine et on n’aura probablement pas d’invitation au Tour de France dans la situation actuelle », a froidement observé Houle en entrevue téléphonique, mercredi.

Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux, mais il est arrivé ce qu’il est arrivé. Maintenant, il faut regarder en avant et rebâtir pour les prochaines années.

Hugo Houle

Une licence WorldTour (WT) assure un accès à toutes les épreuves étiquetées comme telles, dont la plus importante est de loin le Tour de France.

IPT pointe au 20e rang du classement, à près de 2000 points de la 18e place occupée par Cofidis. À titre de référence, une victoire au Tour vaut 1000 points, tandis qu’un succès au Grand Prix de Montréal, une autre classique WT, en rapporte 500. Les occasions de courir d’ici la fin de la saison, le 16 octobre, se font évidemment de plus en plus rares.

Les deux formations reléguées et celles de la deuxième division (ProTeams) se disputeront deux invitations automatiques pour toutes les compétitions du WT l’an prochain, sur la base de leurs résultats en 2022.

Une troisième équipe recevra quant à elle une place assurée pour les courses d’un jour du WorldTour. Israel-Premier Tech occupe actuellement cette position. Elle accuse un retard de 768 points sur la TotalEnergie de Peter Sagan, qui pointe juste au-dessus.

« Ça risque d’être assez compliqué »

Vingt-deux formations participent à la Grande Boucle, qui s’élancera du Pays basque espagnol en 2023. Les 18 équipes du WT et les deux suivantes de 2022 sont conviées automatiquement. L’organisateur ASO a donc le loisir d’en inviter deux autres, qui sont généralement des escouades françaises ou des formations dont l’effectif est incontournable.

IPT, d’origine israélienne et canadienne, ne risque pas d’être parmi les premières considérées, d’autant que son propriétaire, Sylvan Adams, a menacé, peut-être en boutade, de lancer son propre Tour de France si ASO et l’UCI ne se rangeaient pas à ses arguments.

Dans une entrevue aux sites spécialisés VeloNews et Cyclingnews, le mécène natif de Québec a demandé que l’UCI élargisse à 20 le nombre d’équipes WT l’an prochain, citant un cas de « force majeure » dans le contexte de la pandémie. Il a même menacé la fédération internationale de poursuite si sa requête – et celles d’autres équipes mises en danger – n’était pas entendue.

Sur le plancher des vaches, Houle en est réduit aux conjectures. « Si tu as une équipe solide, tu es souvent invité, a noté le vainqueur de la 16e étape à Foix, le 19 juillet. Mais pour le Tour, ça risque d’être assez compliqué. C’est toujours l’évènement de l’année pour les équipes pros. Si tu n’y vas pas, c’est un peu poche pour l’équipe et pour moi en tant qu’athlète. »

C’est sûr que c’est un pas en arrière si on ne fait pas le Tour. Mais bon, l’UCI doit encore se prononcer et on verra ce que ça va donner.

Hugo Houle

En entrevue à cyclingnews, le directeur général des vélos Factor, Rob Gitelis, qui équipe et commandite IPT, a évalué qu’une participation au Tour de France équivaut à « près de 50 % » de la valeur d’une année.

Sans fournir de détails sur son engagement futur dans IPT, Gitelis a rappelé que le retour sur investissement n’était assurément pas le même sans le Tour. Des commanditaires et des coureurs pourraient quitter le bateau en cas de relégation.

Malgré cette incertitude, Houle a entendu de la bouche d’Adams et de son ami Jean Bélanger, PDG et actionnaire majoritaire de Premier Tech, que les deux hommes étaient là pour le « long terme », peu importe le statut l’an prochain.

« C’est sûr que ça amène des questionnements et que la situation n’est assurément pas idéale », a admis le cycliste de bientôt 32 ans, qui a disputé les quatre dernières Grandes Boucles.

« Je ne pensais pas me retrouver dans cette situation en signant chez Israel-Premier Tech. Mais comme on dit, c’est ça qui est ça. »

Houle a un contrat garanti jusqu’à la fin de 2024. « Personnellement, je crois et je suis fidèle au projet mené par des gens de chez nous. Je me vois mal quitter [l’équipe] quand les temps sont durs. Il faut se relever les manches et montrer notre ADN et qu’on est capables d’être compétitifs. Il faut rebondir, se regarder dans le miroir, évaluer nos faiblesses et ensuite essayer de changer ce qui n’a pas fonctionné. »

Hyperthyroïdie ?

Par ailleurs, Houle a compris pourquoi il était à bout de forces pour les Grands Prix de Québec et de Montréal, qu’il a abandonnés hâtivement il y a moins de deux semaines. Cette baisse de régime soudaine est attribuable à un problème à la glande thyroïde, ont révélé des examens passés à son retour en Europe.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Hugo Houle a dû abandonner hâtivement aux Grands Prix de Québec et de Montréal.

« Il me manque encore un ou deux résultats de tests à recevoir, mais c’est probablement ce qui m’affectait ces derniers temps », a dit celui qui a mis un terme à sa saison la semaine dernière.

L’endocrinologue a émis deux hypothèses, soit une hyperthyroïdie, soit une maladie auto-immune de la glande. Dans le premier scénario, l’inflammation pourrait se résorber en deux semaines avec des médicaments. Dans l’autre cas, cela demanderait des soins et un suivi de plus longue haleine.

« J’ai cru comprendre que c’était un problème assez complexe. Normalement, il n’y a pas de complications, mais il faut que ce soit traité afin d’éviter qu’il y en ait. Je suis quand même chanceux parce que je n’ai pas eu de symptômes trop forts. Et ça tombe bien, j’ai du temps en masse pour me reposer. »

Si tout se déroule comme prévu, Houle remontera sur son vélo pour les Critériums Tour de France, des évènements essentiellement promotionnels présentés à Singapour et à Saitama, au Japon, à la fin d’octobre.