Hugo Houle pensait arrêter sa carrière en 2024, année des Jeux olympiques de Paris. Mais le cycliste québécois a maintenant une excellente raison de rouler deux ans de plus : les Championnats du monde route UCI auront lieu à Montréal en 2026.

L’Union cycliste internationale (UCI) a confirmé ce qui était un secret de Polichinelle dans le milieu, jeudi, dans le cadre de son congrès annuel qui se déroule à Wollongong, en Australie, théâtre des 99es Mondiaux sur route jusqu’à dimanche.

« Avec ce que nous avons fait ces dernières décennies comme nation cycliste, à mes yeux, notre bulletin était parfait », s’est réjoui celui à l’origine de la candidature de Montréal, Sébastien Arsenault, promoteur des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal (GPCQM). C’est lui qui organisera l’évènement de 2026 avec le soutien de Cyclisme Canada.

Arsenault dit réfléchir à ce projet depuis « 2012, 2013 », mais il a « vraiment ouvert les vannes en 2019 ». Il souhaitait une réponse favorable dès le congrès de l’an dernier en Belgique, mais des considérations politiques, combinées à la résurgence de la COVID-19, ont retardé l’approbation finale du financement accordé par les divers ordres de gouvernement, a-t-il précisé.

Programmés du 20 au 27 septembre 2026, les Championnats du monde commenceront une semaine après les GPCQM, dans ce qui deviendra un véritable festival du cyclisme, espère l’organisateur.

D’ailleurs, les Championnats du monde gran fondo UCI auront lieu à Victoriaville au début de septembre. Environ 3000 cyclistes de tous les âges, en provenance d’une cinquantaine de pays, doivent y prendre part.

Les Mondiaux sur route reviennent donc à Montréal 52 ans après la victoire d’Eddy Merckx devant Raymond Poulidor en 1974. Cette première présentation des championnats à l’extérieur de l’Europe avait établi la réputation du circuit du mont Royal et de sa voie Camillien-Houde.

La montagne sera encore au cœur des courses sur route élites dans ce qui marquera le 50anniversaire de la tenue des Jeux olympiques de Montréal, dont les courses sur route ont eu lieu sur le même parcours. D’autres épreuves seront disputées ailleurs dans l’île et peut-être même à l’extérieur.

Depuis le début, ma volonté n’est pas seulement d’organiser 13 compétitions cyclistes et qu’on remette 13 médailles de champions et championnes du monde. C’est d’en faire une grande fête du vélo, oui, mais aussi de l’activité physique et des saines habitudes de vie.

Sébastien Arsenault, promoteur des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal (GPCQM) et organisateur du Championnat du monde route UCI qui se tiendra à Montréal en 2026

Avec un potentiel de 13 épreuves réparties sur 8 jours de compétition, Arsenault a dû vendre son projet auprès des décideurs.

Arsenault dit avoir parfois été « incisif et insistant » pour convaincre les trois ordres de gouvernement, de même que Tourisme Montréal, de sauter dans l’aventure. « J’ai dû m’en excuser par moments, mais j’ai toujours vu que c’était une immense opportunité. »

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Sébastien Arsenault, promoteur des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal, organisera l’évènement de 2026 avec le soutien de Cyclisme Canada.

Environ 1000 athlètes en provenance de 75 pays se rendront dans la métropole. Ils se disputeront les fameux maillots arc-en-ciel dans les catégories juniors, moins de 23 ans et élites. Plus de 5000 membres d’équipe, officiels, représentants de l’UCI et invités les accompagneront, selon un communiqué de Mondiaux Montréal 2026. « Plus d’un demi-million de spectateurs sont attendus, dont plus de la moitié provenant de l’extérieur de la région », y indique-t-on.

« Nous sommes ravis du retour des Championnats du monde route UCI, notre évènement annuel phare, sur le continent américain, 11 ans après les Mondiaux UCI de Richmond [États-Unis], a déclaré le président de l’UCI, David Lappartient, dans le même communiqué. Le pays et la province aiment le vélo, et ils le démontrent chaque année depuis plus de 10 ans avec la tenue des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal (GPCQM), deux épreuves de l’UCI WorldTour, le plus prestigieux circuit masculin du cyclisme sur route. Je suis convaincu que l’évènement, grâce à son comité d’organisation chevronné, auquel on doit le succès des GPCQM, constituera une vitrine fantastique pour le cyclisme en Amérique du Nord. »

Le promoteur affirme avoir « sécurisé le financement » garantissant la faisabilité de la tenue des championnats sur le plan sportif. Il se tourne maintenant vers « le Québec et le Canada inc. pour aller chercher de la commandite privée » et ainsi étoffer les activités qui se dérouleront en marge et établir un plan de communication national et international.

Son objectif est d’atteindre un budget de près de 40 millions de dollars qui inclut la valeur des services. Il n’a pas voulu chiffrer la hauteur des investissements publics, mais ils compteront pour plus de la moitié du budget anticipé.

Sur le plan sportif, la course sur route élite masculine de ces Championnats du monde pourrait marquer le chant du cygne d’Hugo Houle… qui célébrera son 36anniversaire ce jour-là.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Hugo Houle

« L’année 2026, ça va probablement concorder avec la fin de ma carrière », a confié celui qui pensait d’abord se retirer en 2024 dans la foulée des JO de Paris.

Le seul Québécois vainqueur d’étape au Tour de France attribue tout le mérite de l’obtention des Mondiaux de 2026 au « sérieux » et au « professionnalisme » de l’équipe de Sébastien Arsenault et de son père Serge Arsenault, son prédécesseur à la tête des GPCMQ.

« Ça me donne un objectif supplémentaire très motivant à poursuivre jusqu’en 2026. Ce serait une belle façon de boucler la boucle et de terminer ma carrière, un peu comme monsieur [Antoine] Duchesne l’a fait au Grand Prix de Montréal. »

Encore faut-il qu’il soit sélectionné, précise Houle, qui voit aussi en cette échéance un élément mobilisateur pour toute la communauté cycliste canadienne. L’attention accordée à la relève doit être intensifiée pour aligner une équipe performante en 2026, prévient-il.

« C’est un bon défi de développer notre prochaine génération, ce qu’on fait avec [l’équipe continentale] Premier Tech U23. Ça donne une date où on peut évaluer si le programme fonctionne ou non. […] Il faut commencer à travailler là-dessus dès maintenant pour qu’on n’ait pas l’air fou en présentant ces compétitions chez nous dans quatre ans. Cyclisme Canada va avoir de l’argent, il n’y aura pas de billets d’avion à payer… »

Lieux des prochains Championnats du monde 

  • 2023 : Glasgow, Écosse
  • 2024 : Zurich, Suisse
  • 2025 : Kigali, Rwanda
  • 2026 : Montréal, Canada

Les Mondiaux ont eu lieu au Canada pour la dernière fois à Hamilton en 2003.