(Québec) Ce que trois années peuvent changer…

Quand l’animateur de la conférence de presse a déclaré ouverte la séance d’entrevues avec six têtes d’affiche du Grand Prix cycliste de Québec, la grande majorité des journalistes et des caméras s’est dirigée vers la table occupée par Tadej Pogačar.

À sa première présence au Canada, le double vainqueur du Tour de France – et deuxième à son plus récent essai en juillet – a été, à raison, l’objet de toutes les attentions, mercredi après-midi, dans une salle d’un hôtel du boulevard René-Lévesque.

Si bien qu’il a été jugé plus judicieux de déplacer le Slovène de 23 ans vers le restaurant adjacent pour un peu plus de quiétude.

Pendant que Greg Van Avermaet, six podiums sur la Grande Allée et vainqueur du dernier Grand Prix de Montréal en 2019, Michael Matthews, double tenant du titre à Québec, Geraint Thomas, champion du Tour 2018 et troisième cette année, et Wout van Aert, triple gagnant d’étape et maillot vert, se partageaient les autres représentants des médias, Peter Sagan a pu rester relativement tranquille.

Oui, Sagan, triple champion mondial, sacré deux fois à Québec (2016 et 2017) et une fois à Montréal (2013), rock star du peloton dont l’étoile a pâli ces dernières années.

Le Slovaque de l’équipe française TotalEnergies a surtout parlé de sa récente participation aux Championnats du monde de vélo de montagne électrique, où il s’est classé 16e malgré deux chutes.

« Ça a été une belle expérience et j’ai assurément eu beaucoup de plaisir, le genre de plaisir que tu ne retrouveras jamais sur la route », a relaté Sagan, plus loquace qu’il ne l’a jamais été.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Geraint Thomas, Wout van Aert, Peter Sagan, Greg Van Avermaet, Michael Matthews et Tadej Pogačar sont de passage à Québec pour le Grand Prix cycliste.

Ce qui ne veut pas dire qu’il prend les GP à la légère. « J’ai effectué du bon entraînement en altitude en Utah avant Hambourg (31e), Plouay (107e) et les Championnats du monde d’e-bike, a-t-il souligné. Je suis retourné en altitude et j’ai fait ma préparation normale pour le vélo sur route. L’entraînement que j’ai fait sur un vélo électrique ne va pas détruire tout ce que j’ai fait dans ma préparation. »

Assurant qu’il était ici pour « faire de son mieux comme toujours », le septuple maillot vert au Tour a prévenu que le cyclisme de haut niveau a évolué depuis 2019. L’habituel scénario de sprint en peloton réduit pourrait donc varier à son avis.

Vous allez voir, le style de course change chaque année. J’ai beau avoir gagné ici, je ne sais pas comment la course se déroulera au début, pendant et à la fin.

Peter Sagan

Matthews ne prévoit pourtant pas de grandes surprises sur la Grande Allée vendredi.

« C’est un super circuit avec un sprint en montée qui me convient très bien, a expliqué l’Australien de BikeExchange. Il y a quelques autres petites ascensions autour du circuit qui coupent les jambes de tout le monde. Ça finit par un sprint très dur où personne n’a de jambes. Ça revient à celui qui le veut le plus, je crois. »

« J’ai hâte de me tester »

Van Aert est assurément en confiance après sa victoire à la Bretagne Classic de Plouay, le 28 août. Le Belge de Jumbo-Visma a été malade pendant 10 jours après son Tour hors norme et il lui a été « difficile de se reconcentrer et de retourner à l’entraînement ».

La perspective de courir sur les circuits québécois en prévision des Mondiaux en Australie, où il sera favori comme au Québec, l’a relancé.

« C’est ma première présence ici, je n’ai donc pas d’expérience sur ces parcours, a précisé le monstre vert. Mais j’ai visionné ces courses deux ou trois fois à la maison. Elles me conviennent vraiment bien, en particulier ici à Québec où je peux bien faire sur un sprint comme ça. »

Sa recette pour le Vieux-Québec ? « Le plus probable est que ça se termine en sprint réduit. Le plus souvent, un mec qui ose attendre le plus longtemps possible et qui a le meilleur kick dans le final gagne la course. »

Même s’il a un démarrage pas piqué des hannetons (salut, Ronald King), Pogačar ne pourra certainement patienter jusqu’à l’emballage final pour s’imposer à Québec.

Qualifiant sa motivation de « passablement élevée », le représentant de UAE s’attend à retrouver un circuit similaire à celui des Mondiaux de Wollongong, le 25 septembre.

« C’est ma première fois au Canada, a-t-il rappelé. Ce sont des circuits très intéressants, ce que j’aime parce qu’on ne fait presque jamais ça. J’ai hâte de me tester ici. Ça convient davantage aux coureurs de type classiques, mais si je connais une bonne journée, je peux réussir une course solide ici aussi. »

Un peu à l’écart, Serge Arsenault, fondateur des GPCQM qui a passé le relais à son fils Sébastien, se frottait les mains.