Les coureurs de Groupama-FDJ se sont précipités vers le Subway de l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, mardi après-midi.

Après presque huit heures de vol entre Paris et Montréal, les cyclistes avaient besoin de reprendre des forces avant de sauter dans un autocar nolisé en direction de Québec, où ils disputeront vendredi le Grand Prix de Québec.

Attila Valter n’a pas attendu que ses coéquipiers soient servis avant de déballer son 12 pouces dans lequel il a mordu à pleines dents. Le Hongrois de 24 ans, maillot rose au Tour d’Italie l’an dernier, posait les pieds au Canada pour la première fois de sa vie.

Le masque n’aidant pas, il a eu un peu de mal à décoder l’accent québécois, mais il a quand même fourni un vaillant effort pour échanger quelques mots en français avec le journaliste qui faisait la ligne.

Quelques minutes plus tôt, dans le hall des arrivées, son coéquipier David Gaudu annonçait les intentions de la formation française pour cette renaissance des épreuves WorldTour canadiennes, mises sur la glace depuis 2019 en raison de la COVID-19.

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David Gaudu

« On n’a peut-être pas forcément le coureur qui peut gagner le Grand Prix de Québec ou le Grand Prix de Montréal », a d’abord admis le quatrième du dernier Tour de France.

« Ça reste des courses en circuit. Ça risque d’être des courses décousues. [Elles] n’ont pas eu lieu depuis un moment. Maintenant, on voit les styles de courses qui ont totalement changé. Ça reste des styles complètement décousus. Il va falloir jouer là-dessus. Je pense que, collectivement, on peut être assez forts. On va essayer de peser sur la course et j’espère qu’il y aura énormément de mouvements. »

Ce genre de scénario plairait certainement à son coéquipier Antoine Duchesne, arrivé la veille de la France avec sa copine et son petit Jules de 4 mois. Seul souci pour le Québécois : un annulaire fracturé à sa compétition de reprise après son deuxième Tour, le 24 août.

« Ce n’est pas vraiment idéal, mais j’ai quand même mes trois doigts principaux pour tenir le guidon », nous disait-il au téléphone la semaine dernière.

« Le dernier mois a été compliqué »

À son retour à Montréal, Duchesne a reçu un coup de pouce de l’ancien cycliste Rémi Pelletier-Roy, étudiant de cinquième année en orthopédie, pour la conception d’une orthèse adaptée. Il ne sait toujours pas s’il la portera vendredi à Québec.

Duchesne a également indiqué avoir été incommodé par une sérieuse blessure à la selle durant la dernière semaine du Tour. En reprenant l’entraînement avec un pansement, il pense que son coup de pédale s’est déréglé, ce qui lui a causé de la douleur à un genou. Il n’a pratiquement pas roulé pendant une semaine.

« Le dernier mois a été compliqué, mais bizarrement, je me sens bien sur le vélo, s’est réjoui Duchesne. Je vais vraiment vite en ce moment. J’ai quand même confiance. Je me suis déjà aligné sur Québec et Montréal en ne faisant pas les chiffres que je vois actuellement. »

Sa situation contractuelle n’est pas éclaircie pour l’an prochain, mais l’athlète de bientôt 31 ans a fait savoir qu’il pourrait en dire davantage cette semaine.

Gaudu aimerait qu’il puisse se distinguer à la maison. « S’il peut être dans l’échappée, je pense qu’il ne va pas se priver, a souligné le grimpeur français. Ce serait génial de pouvoir le voir chez lui dans l’échappée. Ça ferait du bien et ça récompenserait son travail d’équipier, son travail de l’ombre qu’il a fait pendant tout le Tour de France et depuis tant d’années. »

S’il y en a un qui n’a jamais été dans l’ombre ici, c’est Greg Van Avermaet. En huit présences au Canada, il a signé six podiums sur la Grande Allée et gagné deux fois sur le mont Royal, en 2016 et en 2019.

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Greg Van Avermaet

« Ça fait déjà trois ans, a noté le cycliste de 37 ans. C’est encore possible de faire un bon résultat. Il y a de nouveaux coureurs qui sont peut-être mieux que moi pour le moment. Mais je me suis bien préparé mentalement et je suis prêt, je pense, pour faire quelque chose. »

Le médaillé d’or olympique de 2016 identifie l’Australien Michael Matthews, champion en titre à Québec et double vainqueur en 2018, comme un sérieux prétendant à la couronne.

Mais son véritable favori est bien entendu son compatriote Wout van Aert, le char d’assaut de Jumbo-Visma qui en sera à sa première participation aux Grands Prix québécois.

« C’est le nouveau roi de Belgique, a souri Van Avermaet. Il a vraiment une grande force. On l’a vu aussi dans le Tour de France, il était tellement bien [trois victoires d’étape]. Aussi dans la montagne. Les deux courses ici sont très bien pour lui. C’est vraiment le type de courses qui lui convient quand il marche bien. »

Je pense qu’il a de bonnes chances de gagner les deux.

Greg Van Avermaet au sujet de son compatriote belge Wout van Aert

Comme le Slovène Tadej Pogačar, double lauréat du Tour qui visitera les Grands Prix pour la première fois, van Aert est arrivé par un autre vol que les deux en provenance de Charles-de-Gaulle, mardi. Les deux principales têtes d’affiche de l’évènement doivent rencontrer les médias mercredi.

Vainqueur de la Bretagne Classic–Ouest-France, van Aert est également le « grandissime favori » de Romain Bardet.

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Romain Bardet

« Derrière, ça reste très dense et en plus, il y a la chasse aux points UCI, a cependant prévenu le sixième du Tour. Des équipes ont pas mal de pression aussi. »

Comme les Israel-Premier Tech d’Hugo Houle, qui visiteront les quelque 1400 « équipiers » de l’usine Premier Tech à Rivière-du-Loup, mercredi. Un bel endroit pour oublier un tant soit peu la lutte sans merci pour éviter la relégation en deuxième division l’an prochain.

Boivin a retrouvé ses vélos !

Guillaume Boivin avait perdu espoir de retrouver ses trois vélos égarés durant son voyage vers le grand départ du Tour de France au Danemark, à la fin de juin. Air Canada lui avait même proposé un chèque-cadeau de 2000 $ en guise de compensation. Une offre qu’il a refusée, considérant que les trois montures avaient une valeur totale de quelque… 50 000 $. Voilà que plus de deux mois plus tard, le coureur d’Israel-Premier Tech a reçu ses trois vélos. Sa valise, elle, était arrivée deux semaines après son retour…