« Fais-toi confiance. Poursuis ton chemin en écoutant ton cœur. » Tel était le message de la mère d’Hugo Lambert avant qu’elle ne soit emportée par la sclérose latérale amyotrophique (SLA), en 2020. Il l’a écoutée.

Quand sa mère s’est éteinte, Hugo Lambert s’est rendu sur le bord de la mer. Il a regardé l’horizon et une pensée a traversé son esprit : « Hugo, tu vas faire le tour du monde à vélo. »

Pour y arriver, il faut bien commencer quelque part, s’entraîner. Le cycliste de 24 ans a eu quelques idées, « comme des élans de cœur ou d’instinct », raconte-t-il. Une d’entre elles a été de traverser le Canada, de Vancouver à Montréal. Une distance de 4657 km. Le tout, en 50 jours.

« Petit à petit, un rêve peut devenir une réalité si on le découpe en objectifs et c’est ce que je suis en train de faire », explique-t-il.

Tant qu’à y être, aussi bien le faire au profit d’une cause, non ? Le natif de Bretagne, en France, et étudiant de l’Université de Montréal depuis six ans a donc décidé d’entreprendre cette aventure cyclonomade au profit de la Société de la SLA du Québec et de l’Association pour la recherche sur la SLA en France.

Ma maman est tombée malade à 48 ans et elle est décédée à 50 ans. On nous dit qu’il n’y a pas de remède et c’est un peu difficile à accepter. Si je peux mettre la main à la pâte avec la traversée du Canada pour soutenir les personnes atteintes, je le fais avec grand plaisir.

Hugo Lambert

« En plus, ça ne me demande presque rien. Je le fais vraiment de cœur », ajoute-t-il. De cœur, comme le lui a proposé sa mère…

Au moment de s’entretenir avec La Presse, le 18 juillet, Hugo Lambert venait d’atterrir à Calgary et attendait son vol vers Vancouver. C’est le lendemain, le 19 juillet, qu’il entamait officiellement son aventure. Seul avec son sac à dos et un itinéraire « plus ou moins tracé » en tête.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @U_GO_TRAVEL

Hugo Lambert

Clore la période de deuil

Cette aventure, l’athlète de 24 ans la réalise un peu aussi pour « clore cette période de deuil un peu difficile ».

C’est en 2019 que sa mère est tombée malade de la SLA, une maladie neuromusculaire qui s’attaque aux neurones et à la moelle épinière et entraîne progressivement la paralysie du corps, selon ce qu’on peut lire sur le site internet de la Société de la SLA du Québec.

Lambert étudiait déjà à Montréal à cette époque, mais il retournait voir sa famille en France tous les étés. Au début, il ne comprenait pas trop ce qui arrivait à sa mère.

Je me rappellerai toujours : elle était à vélo en Bretagne et elle est tombée. On ne comprenait pas trop pourquoi. Elle commençait à avoir un problème au niveau de la cheville. En fait, c’était la maladie qui commençait à attaquer les muscles de son corps, de la jambe.

Hugo Lambert

Lorsqu’il est retourné au Québec pour l’hiver, la maladie a continué ses ravages.

« Chaque fois que je revenais en France pour les Fêtes ou l’été, je voyais ma maman encore plus amoindrie », se souvient-il.

Elle s’est d’abord retrouvée en béquilles, puis en fauteuil roulant. Ses bras ont ensuite cessé de fonctionner ; elle ne pouvait plus se nourrir par elle-même.

« Les moments vraiment difficiles, c’est quand ça attaque les cordes vocales parce qu’à ce moment-là, la parole est touchée. En fait, tu es prisonnier de ton corps et, en plus, tu as toute ta tête à travers tout ça. C’est une cochonnerie. »

« Mon père nous disait que ça attaquait les muscles et que, les muscles, ça mène au cœur. Peut-être qu’on était dans le déni. Mais quand je suis rentré à l’été 2020 et que j’ai vu sa voix changer, qu’elle avait perdu presque 20 kilos, je me suis rendu compte que la cellule familiale était en train de changer. C’était super dur. Et c’est encore dur aujourd’hui. C’est pour ça que je fais ce projet. »

Ce n’est pas la première fois qu’Hugo Lambert se lance dans ce genre d’aventure. Il a parcouru deux fois la distance de 2000 km au cours des dernières années, de Montréal à Washington puis de Saint-Michel, en Normandie, à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne.

Le vélo, c’est son truc, ce dans quoi il est « le meilleur ». Cette fois-ci, il voulait l’utiliser pour aider les autres. Un peu en continuité de ce que sa mère a fait, elle qui voulait encore s’impliquer dans des associations même au plus fort de la maladie.

« Nous, les enfants, on peut incarner une partie de nos parents quand ils partent, dit Hugo. C’est ma manière de le faire. »

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Hugo Lambert

15 000 $

Avant même de commencer sa traversée, Hugo Lambert avait amassé 7500 $ au Québec et 8000 euros en France sur la plateforme jedonneenligne.org. C’est déjà bien au-delà de ses attentes initiales, mais il espère que la somme continuera de monter. « Si je pouvais atteindre 50 000 $, ce serait incroyable », lance-t-il.

Le cycliste invite tous ceux qui le souhaitent à suivre son aventure sur son compte Instagram et la plateforme polarsteps.

Le Français espère également rencontrer sur sa route des gens qui sont atteints de la maladie. Il convie d’ailleurs les proches aidants qui font du vélo, « ou n’importe qui qui a envie de soutenir la cause », à pédaler avec lui pour quelques kilomètres. Pour cela, il fait confiance au bouche-à-oreille.

« Je vais essayer d’y aller à mon rythme, ce sera 125 km par jour. Tous les quatre jours, je vais faire un petit jour de pause. Je vais essayer de faire du yoga pour bien m’étirer et garder une bonne hygiène. »

Il devra faire preuve de résilience. Comme sa mère. « Elle a développé une certaine foi en la vie et dans les autres. Je pense que c’est un peu ça que j’ai envie de mettre de l’avant à travers ce projet. »

Et il souhaite, du même coup, lancer un message aux jeunes : « Il faut suivre notre cœur. » Ça vous rappelle quelque chose ?