(Sonderborg) À peu près au moment où Dylan Groenewegen remportait la troisième étape du Tour de France à Sonderborg, une fusillade éclatait dans un grand centre commercial de Copenhague, à 300 kilomètres à l’ouest, dimanche après-midi.

Le drame s’est déroulé à un kilomètre du centre de congrès où le Tour avait installé sa permanence en prévision du grand départ dans la capitale danoise, vendredi.

Au moment où les coureurs regagnaient la France par avion, en soirée, tout le monde ignorait l’ampleur de la tragédie.

« Il y a plusieurs blessés (3) et nous savons désormais qu’il y a plusieurs morts (3) », a déclaré l’inspecteur en chef de la police de Copenhague, lors d’une conférence de presse. Un Danois de 22 ans a été arrêté sur place. Les motifs de l’attaque demeurent inconnus, mais l’hypothèse du terrorisme n’est pas écartée.

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Le lieu de la fusillade dans le centre commercial Field’s de Copenhague

De quoi jeter un voile sur la fête que fut le passage de la plus grande course cycliste, qui a suscité une ferveur qui ne s’est jamais démentie pendant trois jours.

Le Tour de France a témoigné de sa « compassion ». « Le Tour est particulièrement choqué et attristé par le drame qui vient de frapper Copenhague », a exprimé en début de soirée la société organisatrice (ASO), dans une déclaration relayée par l’AFP.

« Ses habitants avaient réservé aux coureurs l’un des accueils les plus fantastiques de l’histoire, tissant des liens profonds avec tous les suiveurs. Toute la caravane du Tour présente ses plus sincères condoléances aux victimes et à leurs familles », a ajouté ASO.

La victoire du Néerlandais Groenewegen, par un boyau sur le maillot jaune Wout van Aert, était sa cinquième sur le Tour, mais sa première depuis un accident dramatique survenu avec son compatriote Fabio Jakobsen au Tour de Pologne de 2020. Le succès de ce dernier la veille a ramené ce triste souvenir dans l’actualité.

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Dylan Groenewegen

Groenewegen avait envoyé le second dans une barricade dans un faux plat descendant. Le choc brutal avait causé de graves blessures au visage à Jakobsen, qui avait frôlé la mort.

Objet de menaces de mort dans son pays, Groenewegen avait dû demander une protection policière.

Mis de côté par son ancienne équipe Jumbo Visma et ensuite suspendu neuf mois par l’Union cycliste internationale (UCI), il a mis du temps à retrouver sa maestria dans les sprints massifs d’envergure.

« La route a été longue », a admis le Néerlandais de 29 ans, qui s’était excusé pour son geste.

« Physiquement, le retour n’était pas difficile, mais mentalement, bien sûr, il l’était », a affirmé Groenewegen, ému d’avoir pu croiser son père, qui le suivra pendant les trois semaines du Tour.

Aujourd’hui chez les Australiens de BikeExchange, le sprinteur très musculaire s’est frayé un chemin à côté de van Aert et de Peter Sagan (4e), lançant son vélo in extremis sur la ligne. Le Belge Jasper Philipsen (Alpecin) a complété le podium, ratant lui aussi la victoire de peu.

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Wout van Aert

Malgré son beau maillot jaune encore sur ses épaules, van Aert paraissait plus malheureux qu’autre chose devant les journalistes. Le Belge a augmenté son avance à sept secondes sur Yves Lampaert et il quitte pourtant le Danemark avec aussi la tunique verte aux points.

« Je me force un peu pour être satisfait. J’avais le rêve du maillot jaune depuis longtemps et le maillot vert est un des grands objectifs de mon année, c’est ce qui a guidé ma préparation. Mais j’aime aussi gagner des courses. Aujourd’hui, je suis vraiment passé tout près, cela donne des sentiments mitigés. »

Deuxième pour la troisième fois de suite, van Aert se désole d’être abonné à la deuxième place (Mondiaux, Jeux olympiques, Tour des Flandres, Paris-Roubaix), une situation curieuse pour un champion de cette envergure.

Pendant que les coureurs dormaient dans le nord de la France, plusieurs suiveurs sont revenus à Copenhague pour passer la nuit à proximité de l’aéroport. À cinq kilomètres de là, les sorties d’autoroute pour le centre commercial Field’s étaient encore bloquées par des camions de police.

Avec l’Agence France-Presse

Pas sur le gazon

L’Américain Quinn Simmons (Trek) a fait un beau numéro de cyclocrossman en roulant sur la pelouse sur quelques dizaines de mètres pour se repositionner dans le peloton. Moins impressionnés, les commissaires de l’UCI lui ont collé une amende 500 CHF (environ 673 $ CAN) et l’ont pénalisé de 20 secondes au général et de 40 points au classement pour le maillot vert. L’utilisation de trottoirs, chemins ou pistes cyclables est interdite par règlement.

Attention aux déchets

Six coureurs ont reçu une amende de 500 CHF (environ 673 $ CAN) et une pénalité de 25 points au classement UCI pour avoir jeté des déchets en dehors des zones prévues à cet effet. Wout van Aert figurait dans le groupe. Attention, car une deuxième infraction dans la même épreuve lui vaudrait une sanction d’une minute…