(Copenhague) Les Québécois ont joué d’« extrême » prudence durant le contre-la-montre d’ouverture du Tour de France, disputé en majeure partie sous la pluie battante, vendredi après-midi, à Copenhague.

Troisième à s’élancer, Guillaume Boivin a eu à composer avec une difficulté supplémentaire : il ne roulait pas sur son vélo de chrono. Le cycliste d’Israel-Premier Tech a dû emprunter la monture d’un coéquipier, faute d’avoir reçu sa valise et ses trois vélos après son arrivée au Danemark, mercredi.

« J’ai l’impression que je vais les avoir après le Tour parce qu’on part d’ici dans deux jours, a ragé l’athlète de Longueuil après son effort. On est habitués avec Air Canada. Ça fait deux fois que ça m’arrive en une semaine. Merci à Air Can… »

Convoqué à la dernière minute après le retrait d’un coéquipier potentiellement infecté à la COVID-19, Boivin a fait un voyage Montréal-Toronto-Copenhague de mercredi à jeudi. Il revenait d’Edmonton où il a pris la deuxième place aux Championnats canadiens d’Edmonton, dimanche.

Dans ces circonstances, il était heureux de commencer son deuxième Tour par « une petite journée ». Il a enregistré le 129e temps, terminant à 1 min 26 s du gagnant surprise Yves Lampaert (Quick-Step).

« J’ai poussé à fond, mais en prenant zéro risque dans les virages. Il fallait vraiment être concentré, surtout avec la pluie. C’est très glissant dans les virages parce qu’il y a de la peinture. Je n’avais rien à gagner, j’ai donc été extrêmement prudent. »

En posant le pied à terre, il a dit à son directeur sportif, Zak Dempster, qu’il n’avait absolument rien entendu de ses instructions dans l’oreillette. Les milliers de spectateurs agglutinés contre les clôtures sur l’entièreté du circuit de 13,2 km étaient trop bruyants.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Hugo Houle avant le départ du contre-la-montre

Hugo Houle, qui a suivi la course de son ami à l’arrière de la voiture, a pu reconnaître le parcours une dernière fois. Malgré tout, il a eu du mal à se repérer à travers ce tunnel humain, où chaque virage ressemblait au précédent.

L’ancien champion canadien de la spécialité s’en est très bien tiré, se classant 40e à 47 secondes du gagnant, grâce à une solide deuxième portion (31e temps).

« Ça a bien été, la puissance était bonne, mais j’ai couru de façon sécuritaire dans les virages. Je n’allais pas jouer avec les meilleurs, je ne voyais donc pas l’intérêt de risquer quelque chose aujourd’hui. Mais les sensations sont excellentes. Je suis content. Sinon, l’ambiance était assez incroyable. »

Houle, qui n’a consacré aucune énergie au contre-la-montre cette année, a été le meilleur d’Israel-Premier Tech. En dépit de conditions plus sèches en fin d’épreuve, son ami danois Jakob Fuglsang a dû se contenter du 64e rang (+ 55 s).

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Antoine Duchesne, coureur canadien de l’équipe Groupama-FDJ, prend le départ de la première étape de la 109e édition du Tour de France, contre-la-montre individuel de 13,2 km, à Copenhague, le 1er juillet 2022.

Sans ambition sur cette épreuve, Antoine Duchesne (Groupama-FDJ) a quant à lui fait preuve de précaution dans les virages. Il a cependant trouvé une motivation supplémentaire en fin de course quand son directeur lui a glissé à l’oreille qu’il avait une avance de quatre secondes sur son partenaire de chambre Thibaut Pinot. Le natif de Chicoutimi en a ajouté trois de plus jusqu’à la ligne pour finir 105e (+ 1 min 14 s).

« C’était génial, un contre-la-montre en ville comme ça, s’est enthousiasmé Duchesne. Il y avait du monde partout, il n’y avait pas un pouce de libre. C’était fou. Les gens tout le long. Tu te prends au jeu. Tu as envie de rouler à bloc, tu es un peu euphorique, sur l’adrénaline. Ça fait changements des chronos qu’on fait parfois dans des champs de patates quand il fait gris en hiver… »

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Michael Woods, de l’équipe Israel-Premier Tech

Après un échauffement consciencieux, Michael Woods, le troisième Canadien d’Israel-Premier Tech, a surfé jusqu’à l’arrivée, finissant 134e à une minute et demie de Lampaert. L’Ontarien de 35 ans ne s’est pas donné la peine de se délier les jambes sur le vélo d’exercice après sa prestation.

« Je n’ai pas roulé complètement à bloc à cause des virages, a-t-il expliqué. C’était vraiment dangereux. J’ai vu que [Stefan] Bissegger avait chuté deux fois, je n’ai donc pris aucun risque. Mon but est seulement de terminer la première semaine sans chute. C’est ce que j’ai réussi aujourd’hui. »

Woods a néanmoins pu mesurer la puissance de ses jambes. « J’ai bien roulé, je suis fort, je pense que je serai prêt pour les trois prochaines semaines. »

Le Tour est bien lancé, reste à réunir un coureur remonté avec ses vélos et sa valise. En attendant, la relationniste d’Israel-Premier Tech est allée lui acheter des vêtements…