Les quelques cyclistes québécois qui espèrent participer au Tour de France joueront leurs dernières cartes cette semaine.

Hugo Houle semble le mieux placé, lui qui vise une quatrième Grande Boucle consécutive, cette fois au sein de la formation Israel-Premier Tech.

L’athlète de 31 ans continue de veiller au grain pour son coéquipier Jakob Fuglsang au Tour de Suisse.

Le Danois est rentré au bercail en toute quiétude à l’issue de la deuxième étape, lundi.

Houle a rallié la ligne au 22e rang, à 38 secondes du jeune Norvégien Andreas Leknessund (DSM), dernier rescapé d’une échappée à 10 coureurs qui a surpris un peloton « un peu endormi », dixit Antoine Duchesne (80e, + 2 min 12 s).

Fait cocasse, l’Italien Alberto Bettiol (EF) a levé un bras après avoir réglé le sprint du peloton, croyant à tort l’avoir emporté. Sur Twitter, Wout Van Aert, qui a commis le même faux pas au Dauphiné la semaine dernière, s’est dit soulagé de lui passer le bonnet de la honte…

Après une rentrée poussive à la fin de mai à la Mercan’Tour, Houle était heureux de retrouver sa vélocité chez les Helvètes.

J’ai accompagné Jakob [Fuglsang] jusqu’à la fin de la dernière montée où ça allait un peu plus vite. J’étais très bien. La forme est là où elle doit être.

Hugo Houle

Troisième l’an dernier, Fuglsang vise un autre podium à ce Tour de Suisse pour l’instant dominé par le Gallois Stephen Williams (Bahrain). « La victoire est accessible aussi, a estimé son complice québécois. Jakob est en forme et il est toujours bon à cette période-là de l’année. On a beaucoup d’espoir. »

Vu son rôle auprès de son chef de file, Houle ne sait pas s’il héritera d’un « bon de sortie » pour se glisser dans une échappée. Comme l’an dernier, où il avait terminé sixième d’une étape, son meilleur résultat à vie dans une épreuve du WorldTour.

De toute façon, il ne croit pas devoir réaliser un coup d’éclat pour s’élancer sur le Tour, le 1er juillet, à Copenhague.

« J’ai confiance d’être au départ du Tour. Je pense que je le mérite du fait de mes performances par rapport aux autres coureurs de l’équipe. Normalement, ça devrait être bon, mais les quatre, cinq prochains jours seront déterminants. Si je performe au même niveau au Tour de Suisse que je l’ai fait depuis le début de l’année, ça devrait suffire. »

Cela s’annonce plus ardu pour Duchesne, qui devra percer l’alignement généralement français de Groupama-FDJ afin de revenir sur les routes du Tour pour la première fois depuis 2016.

photo tirée du compte instagram @tonythetiger_12

Antoine Duchesne

Duchesne s’en voulait de s’être fait décrocher « à 250 mètres » du sommet lundi. « J’étais un peu fâché ! », a-t-il admis.

Le natif du Saguenay a souffert de la forte chaleur tombée sur le peloton comme une chape de plomb, dimanche. « Je sens que j’ai de la force dans les jambes, mais je n’ai pas l’énergie pour la pousser à cause de la chaleur. Aujourd’hui, je pète à 85 % de mes capacités. Mais c’était déjà beaucoup mieux que [dimanche], et je pense que ça ira en s’améliorant. »

Duchesne sort d’un stage en duo avec son meneur Thibaut Pinot. Avec deux membres du personnel de l’équipe, ils ont traversé les Alpes du nord au sud, franchissant plusieurs cols qui se trouvent sur le parcours du Tour, dont la mythique Alpe d’Huez.

Contrairement à Pinot, triple vainqueur d’étape et troisième du général en 2014, Duchesne n’a évidemment aucune garantie de faire partie des huit élus pour le Tour.

« Je n’en ai aucune idée. Je me bats pour un type de place [rouleur/domestique, NDLR], et le groupe qui était au Dauphiné a super bien performé. Je sais que je suis en bonne forme, mais en ce moment, je ne suis pas au plus confiant. »

Son coéquipier Bruno Armirail, qui a un profil similaire, s’est distingué avec trois échappées au Critérium du Dauphiné. « Ce serait une grande déception [de ne pas être choisi], mais je comprends aussi que les autres méritent tout autant d’être là, a souligné Duchesne. Je pense que la direction ne le sait pas non plus. Ce ne sera pas un choix facile pour eux, c’est certain. »

Remis de la maladie qui l’a ralenti en avril, Guillaume Boivin fait toujours d’une deuxième participation au Tour son grand objectif de saison. Il devait prendre part au Dauphiné, mais la bataille d’Israel-Premier Tech pour éviter la relégation en deuxième division a changé les plans. Il a donc passé les dernières semaines en Belgique à chasser les points avec l’armada de sprinteurs d’ISP, tandis que Michael Woods s’alignera mardi au Mont Ventoux Dénivelé Challenge plutôt que de pédaler en Suisse, pour les mêmes raisons.

photo tirée d du compte instagram @israelpremiertech

Guillaume Boivin

Boivin estime avoir raté une belle occasion samedi durant la course À travers le Hageland, où il a fini 20e après une crevaison.

« Les jambes sont vraiment excellentes, a affirmé le champion national. Dommage que j’aie crevé samedi dans un moment pas évident. Ça m’a pris 60 km pour retrouver la tête, où il restait seulement 25 coureurs. J’étais un peu rincé, mais juste de revenir, c’était pas mal un exploit. »

De mercredi à dimanche, Boivin disputera le Tour de Belgique, où les étapes qui lui siéent ne manqueront pas.

« Je ne fais pas la préparation classique, mais j’espère avoir démontré jusqu’à maintenant que j’ai la forme pour aller au Tour et y être utile. Les 10 premiers jours, ce sera relativement plat ou un peu accidenté, ce qui me convient bien. Et il y a des pavés à la cinquième étape. C’est mon but d’y aller, mais c’est aussi celui de pas mal de gars. »

Israel-Premier Tech devrait annoncer sa sélection pour le Tour lundi. Cela ira probablement après les Championnats de France, le 26 juin, pour Groupama.