L’excellent début de saison des jeunes cyclistes québécoises se poursuit en Europe. Après Olivia Baril et Magdeleine Vallières Mill, qui se sont distinguées en Espagne, Simone Boilard s’est illustrée la semaine dernière en Angleterre.

À son deuxième départ à vie dans une épreuve WorldTour, la représentante de l’équipe St Michel-Auber93 a fini 10e au classement général de la RideLondon Classique, une course par étapes de trois jours qui s’est conclue dimanche dans la Cité.

Pour sa première visite dans la capitale britannique, elle a été servie. « La ville a été fermée toute la journée pour nous », a raconté Boilard, fraîchement rentrée à sa résidence de Nice, lundi.

« On a roulé autour de Big Ben, du palais de Westminster. Tu te demandes quasiment si la reine n’est pas en train de regarder de son château ! Honnêtement, on en a eu des frissons. »

L’athlète de 21 ans a également frissonné en côtoyant la championne mondiale Elisa Balsamo, la championne belge Lotte Kopecky ou l’Américaine Coryn Labecki (née Rivera), titrée en 2017 quand la RideLondon était une course d’un jour. À sa première participation à une épreuve WorldTour, elle avait chuté avant même le premier secteur pavé à Paris-Roubaix, le mois dernier.

Invitée à la dernière minute avec son équipe française, Boilard n’a cette fois pas raté sa chance. Dès la première étape, disputée dans l’Essex, elle a profité d’un petit mur à 500 mètres de la ligne pour se faufiler jusqu’à la neuvième place, à quatre secondes de la gagnante, la sprinteuse néerlandaise Lorena Wiebes (DSM).

« Mon entraîneur Pierre Hutsebaut m’a fait beaucoup travailler mon punch récemment. Ça ressemblait beaucoup à ce type d’effort. […] J’étais derrière Kopecky dans le dernier virage, mais je me suis fait un peu prendre par la suite. Je me suis quand même bien lancée dans la côte et j’étais bien positionnée. Je l’ai donc joué intelligemment. »

Au final, neuvième, ce n’est vraiment pas si mal !

Simone Boilard

À l’issue d’une deuxième étape encore plus exigeante, Wiebes s’est imposée au sprint de nouveau. Boilard, loin d’être une sprinteuse, a étonné en se glissant au 11e rang.

« D’habitude, quand je fais un bon résultat, c’est parce que je suis en échappée. C’est vraiment un nouvel apprentissage pour moi [de finir au sprint]. J’ai essayé de me faufiler, mais j’ai dû mettre les freins à 300 mètres [pour éviter une coureuse qui s’était relevée]. Heureusement qu’il y a tout l’aspect positionnement dans un sprint. Si ce n’était que de l’explosivité, je n’y arriverais pas du tout. »

Son seul regret est d’avoir perdu le maillot blanc de meilleure jeune, qu’elle détenait virtuellement durant la troisième étape après l’abandon de la meneuse de ce classement. La Suédoise Julia Borgström, qui était à égalité avec la Québécoise, a bien joué ses cartes en gobant deux secondes de bonification au premier sprint intermédiaire. Boilard a tenté sa chance au deuxième, mais le peloton ne l’a pas laissée filer.

Wiebes s’est imposée une troisième fois pour enlever la RideLondon, un deuxième succès consécutif pour la Néerlandaise après celui de 2019.

PHOTO AUGUSTE DEVAIRE, FOURNIE PAR ST MICHEL-AUBER93

Simone Boilard à la RideLondon Classique dans l’Essex

Après trois années gâchées par les blessures et des ennuis de santé – elle a subi une angioplastie pour dégager une artère iliaque en 2020 –, Boilard poursuit son retour au meilleur niveau. En mars, elle a remporté les Boucles de Seine-et-Marne, une épreuve nationale. Sa prestation au Ceratizit Festival Elsy Jacbos, au Luxembourg, était encore plus significative. Elle pointait 11e au général avant une chute à la dernière étape, ce qui lui a également coûté le maillot blanc.

La médaillée de bronze des Mondiaux juniors de 2018 se félicite de s’être montrée à la hauteur pour St Michel-Auber93, qui en est à sa saison inaugurale.

« On est l’une des plus petites équipes. C’est une grande chance pour nous d’avoir été invitées. On ne veut pas décevoir l’organisateur et on a le goût de bien paraître. On s’est fait inviter au Tour de France. On ne veut pas non plus être tout le temps les lanternes rouges. »

Après trois plus petites courses en France et les Championnats canadiens d’Edmonton (du 23 au 27 juin), Boilard participera à un stage préparatoire pour la Grande Boucle, qui se déroulera du 24 au 31 juillet.

« Ce que je viens de faire me donne confiance techniquement et tactiquement, parce que ça peut parfois être épeurant de rouler dans de gros pelotons comme ça. Mais je commence à prendre un peu plus ma place et à me faire remarquer parce que je n’ai pas l’habitude de me tenir à l’arrière. Reste que j’ai encore mes doutes pour le Tour de France. Physiquement, ce ne sera pas du tout pareil. Simplement le finir sera quelque chose en soi. »