Après deux ans d’arrêt à cause de la pandémie de COVID-19, les Mardis de Lachine s’apprêtent à reprendre le départ. Pour sa relance, la célèbre série de critériums cyclistes sera cependant écourtée, avec cinq ou six épreuves plutôt que les dix habituelles.

« Les Mardis ne sont pas morts », a assuré le président et directeur de course Charles Coffin, lundi.

L’organisateur a été invité à réagir à une publication Facebook de l’équipe cycliste Clan Knox qui, avec sa pointe d’humour coutumière, annonçait la mort de l’évènement, avec pierre tombale à l’appui, la semaine dernière.

L’information a rapidement fait le tour de la communauté cycliste québécoise, qui s’inquiétait de la disparition du championnat fondé par Tino Rossi en 1978 et repris par les frères Marc et Jean-François Néron, des boutiques Cycle Néron, en 2019.

« J’ai dit à plusieurs personnes de faire preuve d’un peu de patience, a plaidé Coffin. On travaillait le dossier, et les approbations sont très longues [à obtenir]. »

Il attribue ce retard à la lenteur de la reprise des activités post-pandémie, à de nouvelles procédures et à un changement complet de ses interlocuteurs à l’arrondissement de Lachine. Une vérification des antécédents des bénévoles est maintenant nécessaire, a-t-il offert à titre d’exemple.

« Il y a également de nouvelles mesures pour fermer et barrer les rues et de nouveaux processus d’approbation en place.

« Habituellement, pour l’organisation d’une saison, on commence les travaux et les réunions avec la Ville quelque part au mois de mars. Cette année, au mois de mars, on ne savait pas encore si on aurait le droit de faire des courses. »

Saison abrégée

Après discussions avec l’arrondissement de Lachine et la Fédération québécoise des sports cyclistes la semaine dernière, Coffin pense pouvoir annoncer les prochaines dates des Mardis de Lachine cette semaine.

« On n’aura pas de saison complète cette année avec le championnat de 10 courses comme on a eu à toutes les années précédentes, a-t-il prévenu. On aura une saison abrégée. »

L’organisateur espère pouvoir tenir de « cinq à six » épreuves, avec une ouverture de la saison quelque part au mois de juillet, plutôt qu’en juin comme dans le passé.

En théorie, une pause d’une semaine serait observée au début du mois d’août, pour ne pas entrer en conflit avec le programme cycliste de la finale des Jeux du Québec de Laval. Il n’était pas possible de prolonger le calendrier à cause de la noirceur, qui arrive plus tôt à la fin de l’été.

Au moment où on a eu nos approbations, on n’a pas eu assez de temps pour nous tourner de bord et mettre en place tout ce dont on avait besoin pour pouvoir commencer au début de juin.

Charles Coffin, président et directeur de course des Mardis de Lachine

Les Mardis doivent également s’assurer de l’appui de commanditaires avant d’annoncer la tenue de la saison.

« On avait des ententes qui se renouvelaient automatiquement. Si l’une venait à échéance, on la renégociait pendant l’hiver et on savait à peu près ce qu’on avait [pour la saison suivante]. Depuis deux ans, on n’a rien, et là, on recommence tout à zéro. Il faut y aller une étape à la fois. »

Une « institution »

Évènement sportif et festif par excellence, les Mardis de Lachine ont été un lieu d’apprentissage et de développement pour tout ce que le Québec compte comme cyclistes compétitifs, de Steve Rover à Hugo Houle, de Jacques Landry à Guillaume Boivin, en passant par David Veilleux et Raphaële Lemieux.

Quelques cyclistes de renom ont posé leurs roues ponctuellement autour du parc LaSalle, dont Cadel Evans, gagnant du Tour de France en 2011, et Floyd Landis, quelques années après avoir été déchu de son titre de la Grande Boucle en 2006.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Floyd Landis aux Mardis cyclistes de Lachine, en 2009

Pour Antoine Duchesne, cycliste professionnel pour Groupama-FDJ, les Mardis représentent une véritable « institution ».

« Oui, ce n’est qu’un critérium, mais dès que j’étais minime, je montais du Saguenay en covoiturage pour faire les Lachine deux ou trois fois par été, a témoigné le deuxième Québécois qui a complété le Tour de France. C’est tellement un bel évènement, avec une fête le dernier jour. Au-delà de la performance, culturellement parlant, c’est l’une des plus belles choses qu’on a dans le cyclisme québécois. Ce serait une énorme perte qu’ils disparaissent. »

Charles Coffin assure que l’intention de l’organisation est de revenir à 10 étapes dès l’an prochain.