Raphaël Gagné a fait une pierre deux coups ces derniers mois : il s’est entraîné dans la chaleur du Brésil afin de se préparer en vue de la prochaine saison de vélo de montagne tout en partageant son quotidien avec sa conjointe Viviane Favery, double championne brésilienne de la discipline à l’épreuve du marathon.

Prêt à toute éventualité

Raphaël Gagné était absent des Coupes du monde et Championnats du monde de l’automne dernier. La raison ? Il ne faisait pas partie d’une équipe reconnue par l’Union cycliste internationale, une condition imposée par Cyclisme Canada pour donner le feu vert à ses athlètes de se rendre en Europe.

Consolation pour Gagné, les points à l’enjeu lors de ces épreuves ne devraient pas compter dans le processus de qualification olympique et ce sont les deux premières Coupes du monde de la saison, prévues en mai, qui feront foi de tout. Le cycliste de Québec demeure toutefois réaliste à propos des courses d’Albstadt (Allemagne) et de Nove Mesto (République tchèque) qui scelleront l’enjeu olympique.

« Mon objectif c’est encore les Jeux, même si c’est sûr que mes chances sont minces, concède-t-il. Je garde quand même le cap, car c’est ce qui me motive au plus haut point. J’ai tout à prouver et rien à perdre. »

Pour ajouter au défi, le Canada ne devrait avoir qu’un seul laissez-passer pour l’épreuve masculine à Tokyo en raison de sa place au classement des nations, une première depuis l’arrivée de ce sport au programme des Jeux en 1996. À l’heure actuelle, Léandre Bouchard est le meilleur Canadien au classement mondial.

Si le plan A de Raphaël Gagné ne fonctionne pas, des plans B, C et D sont aussi bien établis en cette période où une vision à court terme est primordiale étant donné l’incertitude du calendrier de courses des mois à venir.

« Une chose est sûre : ce sera une saison où il faudra éviter de faire plusieurs blocs de compétition, mais bien en choisir deux parce que je ne pourrai pas multiplier les quarantaines. Le mot d’ordre, c’est d’être flexible », pense l’athlète de 33 ans.

Le Brésil, nation émergente du vélo de montagne

Lorsqu’on fait remarquer à Raphaël Gagné qu’il a pris le chemin inverse de l’ancien fondeur et Olympien Guido Visser, dont la conjointe brésilienne est venue s’établir au Québec, il rit et trouve la comparaison intéressante, même s’il n’a pas déménagé au Brésil.

« C’est vrai que ça se ressemble quand même et en plus, ma blonde Viviane connaît très bien Jacqueline (Mourao, la femme de Visser, qui a représenté le Brésil aux Jeux olympiques en vélo de montagne, en ski de fond et en biathlon) », lance-t-il en entrevue.

Revenu au Québec la semaine dernière, Gagné avait déposé ses valises pendant quatre mois à Campos do Jordao, une ville située dans la chaîne de montagnes des Mantiqueira. L’endroit parfait pour s’entraîner, car ce territoire se situe entre 500 mètres et 2500 mètres d’altitude.

« Il y a beaucoup de terrains de jeux, que ce soit les routes, les chemins de terre ou les sentiers pour rouler. Il y a une grande culture cycliste. »

Le champion panaméricain en titre n’a pas seulement pu voir des toucans depuis son balcon. Il a aussi constaté à quel point le vélo de montagne brésilien est en effervescence depuis un bon moment déjà, notamment grâce à Henrique Avancini, numéro un au classement mondial masculin et vainqueur d’une première Coupe du monde l’automne dernier.

« L’engouement est vraiment bon et le Brésil aura droit à deux athlètes (masculins) aux Jeux. Ils ont une bonne profondeur. »

Cette popularité se constate aussi dans la webdiffusion des épreuves de la Coupe du monde qui sont désormais présentées en portugais sur la chaîne Red Bull TV. C’est d’ailleurs la conjointe du Québécois qui est l’analyste des courses de cross-country et de Short Track.

Amoureux des langues, Gagné avait appris un peu le portugais avant sa participation aux Jeux olympiques de Rio. Il maîtrise bien l’espagnol et il a même souvent été l’interprète de l’équipe canadienne lors de séjours en Amérique du Sud.

Au cours des derniers mois, il a poursuivi son apprentissage du portugais, alors que sa copine s’est mise au français.

« Maintenant, j’écoute la radio ou je regarde Netflix en portugais. Je n’ai pas de problème à le comprendre, mais c’est un petit plus compliqué de le parler. Apprendre cette langue, c’est une forme de respect pour elle, sa famille et sa culture. J’ai toujours eu cette ouverture d’esprit de bien m’imprégner de la culture lorsque j’allais à un endroit afin de communiquer avec les gens. »