Le Québécois termine 6e lors de la 6étape du Tour de Suisse, son meilleur résultat en carrière

(Sedrun) Pendant quelques kilomètres, le réalisateur l’a confondu avec son coéquipier Omar Fraile. S’apercevant de la méprise à la flamme rouge, le descripteur l’a rebaptisé… Hugo Hofstetter, sprinteur français d’Israel Start-Up Nation.

Le « HH » en question était plutôt « #hhpower », alias Hugo Houle, qui aime signer ses messages sur les réseaux sociaux de ce mot-clic.

Si le Québécois entretenait encore des doutes sur son niveau de forme à deux semaines du départ du Tour de France, il les a chassés pour de bon dans les Alpes suisses, vendredi.

Le coureur d’Astana-Premier Tech a terminé sixième de la sixième étape du Tour de Suisse, le meilleur résultat de sa carrière dans une épreuve de catégorie WorldTour.

« Je suis surtout satisfait de ma condition physique », a évalué Houle peu après la fin de l’étape.

J’ai travaillé très dur ce printemps. Ça n’a pas été facile. J’ai été malade, j’avais un virus. Retrouver un niveau comme ça, ça me rassure.

Hugo Houle

Le natif de Sainte-Perpétue avait pris le septième rang d’une étape à son deuxième Tour de France, l’an dernier. Dans un scénario semblable en Suisse, il a reçu le feu vert de son meneur, en l’occurrence le Danois Jakob Fuglsang, deuxième du général derrière l’Équatorien Richard Carapaz (Ineos), pour tenter sa chance.

Feu vert

Après un départ très rapide directement dans le fameux col du Gothard, Houle, qui sort justement d’un stage en altitude aux îles Canaries, a basculé dans le groupe de tête d’une trentaine de coureurs qui contenait le champion mondial Julian Alaphilippe, quatrième au général.

Après un regroupement dans la descente, un autre escadron d’une quinzaine d’unités est reparti après la traversée d’un village. Les Ineos ont laissé faire. Houle avait encore des fourmis dans les jambes.

PHOTO FOURNIE PAR ASTANA-PREMIERTECH

Hugo Houle roule à côté d’une voiture de l’équipe Astana-PremierTech, durant la sixième étape du Tour de Suisse, vendredi.

Je sentais que ça pouvait être le bon coup pour l’étape. J’ai regardé Jakob une fois, deux fois… Il m’a dit : “Ouin, vas-y.” J’ai attaqué, et paf ! je suis sorti.

Hugo Houle

À l’approche d’un autre col de première catégorie, le très long Lukmanier (21 km, 4,3 %), un groupe d’une quarantaine de coureurs s’est formé. Tandis que Fraile tentait de prendre la fuite devant, Houle s’est fait distancer à cinq kilomètres du sommet. Il a profité des qualités de descendeur de l’Australien Michael Matthews et de l’aide de son compatriote James Piccoli, 17e de l’étape, pour revenir sur la tête de course.

Dans l’ascension finale vers Disentis Sedrun, le Danois Andreas Kron (Lotto), l’Autrichien Hermann Pernsteiner (Bahrain) et le Portugais Rui Costa (UAE), triple vainqueur de l’épreuve, se sont isolés à l’avant avec un peu plus de cinq kilomètres à faire.

Houle s’est retrouvé avec l’Américain Neilson Powless (EF), l’Espagnol Gonzalo Serrano (Movistar), le Français Pierre Latour (Total) et le grimpeur néerlandais Antwan Tolhoek (Jumbo), particulièrement fringant. L’entente du quintette n’était pas optimale, si bien qu’ils ont échoué à trois secondes des meneurs à la ligne.

Le seul petit regret de Houle est de ne pas avoir relancé après avoir répondu à une attaque de Tolhoek peu avant la flamme rouge.

« Les gars ont préféré attaquer au lieu de collaborer, ce qui a fait en sorte qu’on n’est pas revenus. Je ne pouvais pas faire pencher la balance en sortant seul, je n’étais pas assez fort. Rouler 100 % à fond, c’était limite. Après, on se faisait contrer par des gars qui ne roulaient pas. Il y avait donc une partie de poker. »

Controverse à l’arrivée

Costa a franchi le fil d’arrivée le premier, mais l’ancien champion mondial a ensuite été relégué au deuxième rang par les commissaires pour avoir fait une petite vague devant le jeune Kron, qui s’est vu accorder la victoire. « C’est pleinement mérité », a jugé Houle au sujet de la manœuvre du gagnant du deuxième Grand Prix de Montréal en 2011.

PHOTO GIAN EHRENZELLER, ASSOCIATED PRESS

Rui Costa (à gauche) a franchi le fil d’arrivée le premier, mais sans lever les bras, voyant qu’Andreas Kron se plaignait d’avoir été un peu tassé contre les balustrades. Costa a perdu sa victoire, sur décision des organisateurs après examen des images vidéo.

Avec ce qui lui restait, l’athlète de 30 ans a sprinté pour la quatrième place, terminant derrière Serrano et Latour.

Guillaume Boivin (Israel) a conclu l’étape au 61e rang à 9 min 34 s. Nickolas Zukowsky (Rally), qui a porté le maillot de meilleur grimpeur lors de la quatrième étape, a terminé dans le grupetto à 21 minutes.

La première victoire en Europe attendra, mais Houle sent qu’elle se rapproche. Son troisième Tour, dont le grand départ sera donné le 26 juin à Brest, sera une belle occasion de retenter le coup, puisque Fuglsang a déjà annoncé qu’il ne viserait pas le général.

« C’était le plan, la forme monte pour le Tour de France, a constaté Houle. Je me suis prouvé que j’étais dans la bonne direction. Je serai prêt pour faire exactement ce que j’ai fait aujourd’hui : essayer d’aller chercher une étape. Chaque année, c’est mon objectif de gagner. C’est un beau résultat pour moi et j’espère continuer comme ça au Tour. »

D’ici là, il ne devrait plus être confondu avec un autre par le descripteur. À sa décharge, il s’est repris en soulignant la « performance absolument fabuleuse » du Canadien.

« Une chance de gagner »

Le Tour de Suisse se poursuit ce samedi avec un contre-la-montre individuel de 23,2 km consistant essentiellement en une montée et une descente du col de l’Oberalp (2046 m). Houle s’y économisera un maximum en vue de l’étape finale de dimanche, où le Gothard sera encore au rendez-vous. Fuglsang pointe à 26 secondes de Carapaz, tandis que le Canadien Michael Woods (Israel) est sixième à 1 min 32 s. « On a une chance de gagner le Tour de Suisse, a affirmé Houle. Il faut être intelligent. Aujourd’hui, on avait quatre coureurs devant. On n’a rien à envier aux Ineos. »