(Loudenvielle) Première journée dans les Pyrénées et premières surprises : le Français Nans Peters a mené à bon port une longue échappée dans la 8e étape, samedi, à Loudenvielle, où le Britannique Adam Yates a gardé le maillot jaune et Thibaut Pinot perdu ses chances de victoire.

La tendance s’est précisée dans ce premier des deux actes pyrénéens. À l’avantage du Slovène Primoz Roglic, le plus à l’aise (et de loin !) avec le Colombien Nairo Quintana, alors que le vainqueur sortant, le Colombien Egan Bernal, est apparu vulnérable dans Peyresourde, le dernier col du jour.

Roglic, qui semblait en mesure de forcer la décision, n’a pas insisté. Au contraire de son compatriote, le jeune Tadej Pogacar (21 ans), qui a attaqué à trois reprises et grignoté une quarantaine de secondes au lendemain de sa déconvenue dans l’étape des bordures sur la route de Lavaur.

Pour le cyclisme français, le bilan est ambivalent. Il peut se féliciter du succès de Peters, qui a signé la deuxième victoire française après celle de Julian Alaphilippe dimanche dernier à Nice, mais déplorer le lourd échec de Pinot, sa meilleure chance au départ pour le classement final.

Bardet chute

« C’est fou ! », a commenté le Français à l’arrivée, sous les yeux du premier ministre Jean Castex. Néophyte dans le Tour, il a fait aussi bien que l’an passé au Giro, quand il avait là encore gagné une étape dès ses débuts.

Pour s’imposer, le solide coureur de l’équipe AG2R La Mondiale, dont il est déjà à l’âge de 26 ans l’un des piliers par son sens du collectif et son opportunisme, a attaqué à 9 kilomètres du sommet du port de Balès, le premier col classé hors catégorie de ce Tour.

L’Iserois du Trièves a distancé ensuite son dernier compagnon, le Russe Ilnur Zakarin, dans la descente. « Je savais qu’il descendait comme une chèvre », a souri le Français à propos du Russe, lui aussi membre de l’échappée de 13 coureurs formée dès les premiers kilomètres.

Zakarin s’est rapproché à une dizaine de secondes dans Peyresourde avant de baisser pavillon et prendre la quatrième place de l’étape, derrière le Letton Toms Skujins et l’Espagnol Carlos Verona. Mais à distance de Peters, symbole d’une équipe AG2R La Mondiale renaissante après ses difficultés du Dauphiné, à l’image de Romain Bardet qui a grignoté deux secondes dans le final.

« J’ai vraiment mal au genou », a toutefois lâché à l’arrivée, Bardet, visiblement inquiet à cause d’une chute survenue en cours d’étape par la faute d’un assistant d’équipe mal placé sur la chaussée.

Pinot s’interroge

Dans le groupe des favoris, Roglic s’est contenté de neutraliser le démarrage de Quintana près du sommet de Peyresourde. Mais dans l’équipe Jumbo du Slovène, plus facile que jamais, le numéro un bis, le Néerlandais Tom Dumoulin, a été mis à contribution et a lâché plus de deux minutes.

Pinot, pour sa part, a été distancé très tôt, à 45 kilomètres de l’arrivée. Souffrant du dos depuis sa chute du premier jour à Nice, le Français, entouré par ses équipiers de Groupama-FDJ, a sombré au point de basculer à plus de sept minutes de ses rivaux au sommet de Balès. Le retard a culminé à plus de 20 minutes à l’arrivée.

« Sur le plat, on arrive à cacher la misère, mais en montagne c’est plus difficile », a soupiré le patron de son équipe Marc Madiot. « On avait bien compris qu’on n’était pas au même niveau qu’au Dauphiné », où le Franc-Comtois avait pris la deuxième place.

« On va essayer de récupérer, a ajouté Marc Madiot, et se remettre dans des matchs qui peuvent nous intéresser, une étape, le maillot à pois (de meilleur grimpeur) peut-être ».

« J’ai tellement mon mal au dos que je n’ai pas de force, je n’arrive pas à pédaler », a avoué le Français, dubitatif. « Aujourd’hui, c’est peut-être un tournant dans ma carrière ».

Pour les favoris, la seconde explication pyrénéenne est prévue dimanche, à la veille de la première journée de repos, sur la 9e étape entre Pau et Laruns. Avec principalement deux cols de première catégorie, Hourcère et Marie-Blanque, sur les 153 kilomètres du parcours.