Le cycliste montréalais doit se contenter du rôle de premier réserviste pour Israel Start-Up Nation.

Guillaume Boivin a reçu un coup au cœur jeudi matin. Tandis que son équipe, Israel Start-Up Nation, commençait à dévoiler un à un le nom des huit coureurs qui la représenteraient au prochain Tour de France, le cycliste québécois a un reçu un appel du manager Kjell Carlström lui annonçant qu’il n’était pas retenu.

Son statut pour le grand départ à Nice le 29 août : premier réserviste. « Ça me brise un peu le cœur », a admis Boivin, joint en soirée à son appartement de Gérone, en Espagne.

« Aller au Tour, c’est un rêve depuis que je suis jeune. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été dans une équipe qui va au Tour. Depuis Cannondale [en 2014]. C’était vraiment un objectif pour moi cette année. »

Le Montréalais de 31 ans se réconfortait à l’idée qu’il n’avait pas démérité lors des cinq classiques italiennes auxquelles il a pris part depuis la reprise au début du mois. Quarantième et meilleur de sa formation à Milan-San Remo, il a surtout épaulé ses coéquipiers dans les épreuves accidentées au Tour du Piémont et au Tour de Lombardie.

« Je suis fier de la façon dont j’ai performé. L’annonce m’a donné un coup, mais avec un peu de recul, honnêtement, j’ai fait du mieux que je pouvais. Ce n’était juste pas assez pour que je fasse l’équipe. C’est sûr qu’on peut toujours faire un peu mieux dans telle ou telle situation, mais je n’ai pas de regrets et je comprends la décision de la direction. »

Carlström lui a dit avoir été impressionné et même surpris par son niveau. « Depuis le début, je savais que ma place sur le Tour de France, il fallait que j’aille la “voler”, en un sens. On a quand même des coureurs très forts. Ce n’était donc pas donné. Mais quand une chose nous passionne et nous tient à cœur, on essaie de se préparer en conséquence. J’ai essayé de gagner ma place. Je suis arrivé à court d’un cran. »

En absorbant les restes de la défunte formation Katusha, Israel Start-Up Nation (ISUN) a accédé cette année au circuit WorldTour et à toutes les plus grandes courses. L’équipe détenue par le milliardaire d’origine montréalaise Sylvan Adams a aussi regarni ses rangs avec l’embauche de vedettes comme Dan Martin et André Greipel.

En dépit de la fracture au sacrum subie par Martin à la deuxième étape du Critérium du Dauphiné, Boivin s’attend à voir l’Irlandais au départ la semaine prochaine.

Pour l’heure, seuls les noms de l’Israélien Guy Niv et des Belges Ben Hermans et Tom Van Asbroeck ont été confirmés pour le Tour.

Pour 2021, ISUN atteindra un autre statut avec l’arrivée de Chris Froome, le quadruple vainqueur de la Grande Boucle laissé de côté par Ineos cette année. Le Canadien Michael Woods, le Sud-Africain Daryl Impey, le Néo-Zélandais Patrick Bevin et le Norvégien Carl Fredrik Hagen renforceront également les effectifs, particulièrement en montagne.

Boivin, un rouleur-sprinter, en est bien conscient : « C’est sûr que je voulais y aller cette année et que des coureurs d’une extrême qualité s’en viennent. Je connais mon talent aussi. Ce ne sera pas plus facile l’an prochain de faire partie de l’équipe [pour le Tour]. On prend ça une année à la fois. On verra. »

Le double champion canadien (2009 et 2015) s’alignera mardi à la Bretagne Classic Ouest-France de Plouay avant de mettre le cap vers Nice, où il intégrera la bulle du Tour.

Sait-on jamais : en 2014, le Canadien Christian Meier, qui tient aujourd’hui un café à Gérone, était arrivé deux jours avant le départ après une blessure à son coéquipier Michael Matthews.

Boivin s’est promis de garder une bonne attitude. L’ancien hockeyeur midget AAA s’inspire de Marc-André Fleury, le gardien des Golden Knights mis de côté au profit du nouveau venu Robin Lehner pour les séries éliminatoires.

« Je dois aller à Nice et m’asseoir sur le banc en attendant. Je vais prendre exemple sur Fleury et essayer de faire ça avec classe en encourageant mes coéquipiers. Je n’ai pas son palmarès, loin de là, mais si lui peut le faire, je peux aussi. »