La saison de l’équipe Macogep Tornatech Girondins de Bordeaux avait bien commencé au mois de février. Elle avait pris le cinquième rang du classement par équipes du Tour de Dubaï tandis qu’Olivia Baril avait obtenu une sixième place au classement général. De quoi entrevoir la suite avec confiance pour l’une des deux équipes canadiennes à détenir une licence UCI.

Mais la suite, on la connaît : les frontières qui se ferment, le confinement qui s’étend et le monde qui se met à l’arrêt pour limiter la propagation de la COVID-19. Pour les athlètes, l’élan du début d’année a été abruptement stoppé. Pour les dirigeants, c’est le début d’un casse-tête logistique, financier et sportif qui perdure encore aujourd’hui.

« Tout le monde a été très déçu. Quand on fait une demande auprès de l’UCI, ça coûte à peu près 20 000 $ avec les inscriptions, les licences et les assurances. Ce sont 20 000 $ à la poubelle parce qu’on n’a fait qu’une seule course. Est-ce qu’on va en refaire d’autres ? On ne sait pas », s’interroge le fondateur et directeur de l’équipe, Gérard Penarroya. On a vécu ça difficilement, mais ça ne reste que du vélo. Des gens sont plus malheureux que nous et des compagnies sont en faillite. »

Comme bien des dirigeants, Penarroya a rapidement dû s’ajuster au nouveau contexte sans compétitions. Cela va du remboursement des billets d’avion à la gestion des coureuses à distance. À ce chapitre, il dit qu’elles ont été contraintes de réduire temporairement le volume des entraînements. « Plus ou moins comme si c’était une transition hivernale », précise-t-il. Mais à une exception près, il n’a pas senti d’apitoiement ou de démotivation dans l’équipe.

« Ça ne les a pas trop gênées parce que toutes les cyclistes étaient dans le même bateau au début. J’ai juste perdu une coureuse, Lyse-Ann Coffin, qui a décidé d’arrêter. Je pense que ça l’a beaucoup stressée de ne pas compétitionner et de devoir continuer à s’entraîner et étudier en même temps.

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Gérard Penarroya, fondateur et directeur de l’équipe Macogep Tornatech Girondins de Bordeaux

Avec les entraîneurs, ce n’est pas évident de gérer pour savoir qui va être prête et de voir qui veut faire quoi. Tant qu’on est dans l’inconnu, c’est délicat pour tout le monde. On est tous au point mort.

Gérard Penarroya, fondateur et directeur de l’équipe Macogep Tornatech Girondins de Bordeaux

La reprise

Les coureuses ont tout de même accéléré leur entraînement dans les dernières semaines dans l’espoir d’une reprise au Québec à la fin du mois de juillet. Avec la prolongation de la saison, la majorité d’entre elles vont devoir concilier le sport avec le début de l’année universitaire.

Mais avec les restrictions de déplacement, il est pour l’instant impensable de disputer une course à l’étranger. Et lorsque les frontières du Vieux Continent vont rouvrir aux non-Européens, l’équipe devra-t-elle encore effectuer une quatorzaine ?

« On ne peut pas se permettre de rester 14 jours dans un hôtel sans rien faire ou de louer une maison sans être certain de faire une compétition après », répond Penarroya qui reçoit de nombreuses invitations pour des courses à venir en Europe.

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L’équipe Macogep Tornatech Girondins de Bordeaux a pris le cinquième rang du classement par équipes du Tour de Dubaï, au mois de février.

« Pour des raisons d’assurance, on ne peut pas partir pour n’importe quel pays. […] Les autres filles vont marquer des points UCI alors que, nous, on ne peut pas y aller. Faire des courses internationales, c’est pourtant très excitant pour nos coureuses, pour nous et pour nos partenaires. »

Malgré l’inactivité forcée, l’équipe s’est démenée pour faire le maximum de publicité sur les réseaux sociaux et rester visible avec les partenaires financiers et matériels. Le directeur a d’ailleurs reçu une réponse quasi unanime quant à 2021.

Fin mai, les partenaires m’ont confirmé qu’ils seront de retour en 2021. C’est sûr qu’on va se préparer pour faire une nouvelle demande de la licence UCI. On verra comment ça va fonctionner à cause de la saison qui se prolonge.

Gérard Penarroya

Vu la faible utilisation, il est déjà prévu de garder les mêmes vélos avec quelques changements – manettes, dérailleurs – pour les mettre à jour. En l’absence d’usure et de chutes, l’équipe conservera également les mêmes vêtements.

Après une saison 2020 pas comme les autres, Penarroya s’attend à ce que toutes les coureuses soient de retour l’an prochain. Pour que les promesses du Tour de Dubaï se matérialisent enfin…