La propagation du coronavirus touche toutes les sphères d’activités de la société, et évidemment le sport n’y échappe pas. Ainsi, lorsque ton métier consiste à parcourir toutes les routes d’Europe, au sein d’un peloton, alors il ne faut pas être un éminent virologue pour comprendre que la situation est encore plus problématique.

Parlez-en à Hugo Houle, qui a été contraint d’adapter son agenda en fonction des nouvelles directives de son équipe cycliste, Astana, qui a décrété jeudi qu’elle suspend ses activités jusqu’au 20 mars, à cause du COVID-19.

Cette décision est similaire à celles prises ces dernières heures par l’équipe du champion en titre du Tour de France Egan Bernal, Ineos, de même que AG2R La Mondiale, Mitchelton-Scott et Jumbo-Visma, entre autres.

« C’est la première fois que je vis ça. Je ne me souviens pas d’avoir vu de nombreuses équipes suspendre leurs activités pour un motif médical », a déclaré Houle, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, vendredi matin.

Le Québécois, qui devait participer à l’épreuve cycliste Paris-Nice ce week-end, devra plutôt s’entraîner autour de sa résidence de Monaco pour les 14 prochains jours. Une situation embêtante de l’avis du principal intéressé.

« C’est certain que ça affecte mon calendrier ; Paris-Nice commence dimanche. C’est l’une des premières grosses compétitions World Tour de la saison, donc tout le monde était prêt pour ce rendez-vous. Astana a décidé de ne pas y participer puisqu’il n’y avait pas de directive claire par rapport à la situation actuelle. La décision semble relever de chaque équipe, donc c’est certain qu’on va réajuster l’entraînement pour la suite », a-t-il expliqué.

Houle, qui effectue de nombreuses sorties d’entraînement entre Monaco et l’Italie voisine, n’a pas remarqué de scénario apocalyptique jusqu’ici. Ainsi, dit-il, les routes sont toujours aussi achalandées, les villages côtiers sont toujours aussi bondés et personne ne porte de masque de protection.

« C’est 100 % comme à l’habitude ; il n’y a absolument rien qui a changé. Il y a toutefois beaucoup plus de policiers à la douane entre la France et l’Italie. Mais nous, on passe en vélo sans aucun problème. Il n’y a pas de panique, a assuré l’athlète de Sainte-Perpétue.

« La seule chose, c’est que tous les bulletins de nouvelles parlent sans arrêt du coronavirus. Mais pour moi, au quotidien, ça ne change rien. À la maison, je ne suis pas tant exposé, ni en vélo. Nous ne sommes pas vraiment dans une zone à risque ; ce n’est pas comme au nord de l’Italie, par exemple », a-t-il précisé, en référence aux nombreux villages mis en quarantaine.

Le cycliste âgé de 29 ans a profité de l’occasion pour indiquer qu’Astana, une équipe kazakhe, n’a pas transmis de directive particulière à ses athlètes afin de limiter les risques de contracter le virus. Il suit donc les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.

Un peu plus tôt vendredi, les organisateurs des épreuves italiennes Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo, initialement prévues du 11 au 17 mars et le 21 mars, ont annoncé qu’elles ont été annulées en raison de l’épidémie de coronavirus qui frappe l’Italie — le pays européen le plus touché, avec 3089 cas et un total de 107 décès en date de jeudi.

Selon Houle, pour éviter que la situation devienne chaotique pour les coureurs, il faudrait que les organisateurs des prochains événements cyclistes émettent les directives les plus claires possibles, et ce rapidement.

« C’est surtout quand on est en déplacement qu’on se place en position à risque. Personnellement, c’est mon opinion, je ne pense pas que je m’expose à des risques particuliers lorsque je participe à une course. C’est plutôt lors des voyages — en train, en avion, et dans les hôtels — que nous serons plus exposés. Mais bon, pour des coureurs comme nous, il n’y a pas de véritable menace, a-t-il dit.

« À la limite, ce qui peut se produire, c’est qu’on se retrouve en quarantaine, parce que les directives des organisateurs ne sont pas claires. Je crois donc qu’il faudra qu’on évite la confusion au cours des prochaines semaines, des prochains mois », a poursuivi Houle.

Ainsi, si la situation ne s’aggrave pas en Europe à court ou moyen terme, Houle compte se remettre en jambe pour prendre part aux cinq épreuves belges qui auront lieu plus tard ce mois-ci, à compter du Gand-Wevelgem le 29 mars.

« Évidemment, il faudra voir comment la situation évoluera avec le coronavirus, rectifie-t-il. Est-ce que d’autres épreuves seront annulées ? Comment la situation va évoluer ? Ça, je ne le sais pas. »

Il enchaînerait ensuite avec le Tour des Flandres et le Paris-Roubaix, avant de reprendre son rôle de soutien auprès du meneur d’Astana, Jakob Fuglsang, lors des’Ardennaises’.

Puis, si tout se déroule bien, sa saison culminera avec le Tour de France, du 27 juin au 19 juillet, et les Jeux olympiques de Tokyo, dont l’épreuve sur route et le contre-la-montre individuel sont prévus, pour l’instant, les 25 et 29 juillet, dans l’ordre.

Quant à savoir si la situation actuelle est un véritable casse-tête à gérer, Houle relativise.

« Oui, c’est compliqué. Mais en même temps, nous n’avons pas la vie des gens entre nos mains, comme les spécialistes de la santé. En fin de compte, nous ne sommes-là que pour divertir les gens », a-t-il résumé, simplement.