Lundi dernier, Sébastien Joly, responsable de la préparation physique chez Europcar, a appelé David Veilleux pour lui suggérer de mettre la pédale douce à l'entraînement en prévision du Critérium du Dauphiné. Le cycliste québécois est un travaillant, et il a tendance à prendre les bouchées doubles.

«Il a eu un bon programme de courses, assez chargé», a expliqué Andy Flickinger, directeur sportif chez Europcar, en entrevue téléphonique avec La Presse. «S'entraîner, c'est bien, mais il y a un moment où le corps a aussi besoin de récupérer, de faire des réserves.»

La recette a fonctionné, puisque Veilleux a remporté hier la première étape du Dauphiné et obtenu du même coup le maillot jaune de leader au classement général. Il savoure ainsi son plus beau succès à sa troisième saison chez Europcar.

La Presse : En entrevue à l'AFP, vous avez dit que David Veilleux est un coureur qui a «une mentalité anglo-saxonne». Que voulez-vous dire par là?

Andy Flickinger: (rires) Vous l'avez mal pris?

Pas du tout!

AF : La mentalité anglo-saxonne, ça englobe aussi les Amériques. C'est le fighting spirit nord-américain. Cette envie de réussir. On sait très bien que le cyclisme, pour lui, ce n'est pas une chose facile. Il faut se délocaliser, venir en Europe, être loin de sa famille. Il faut se donner les moyens de réussir. Le Québec, c'est quand même un pays qui est plus porté vers le hockey ou le baseball. Donc voilà, c'est pour ça, il a une mentalité, c'est un gagneur. Bien sûr, il fait ça pour découvrir et se faire plaisir. Mais il veut aussi obtenir des résultats. Aujourd'hui, il l'a prouvé de belle manière.

Vous avez aussi dit qu'«il est très méticuleux, au point d'en faire parfois un peu trop». Il s'en met trop sur les épaules?

AF : Non. Quand je dis méticuleux, c'est justement cette mentalité anglo-saxonne. Il travaille beaucoup avec son entraîneur. Il est à la fine pointe de la technologie. Il se donne les moyens de réussir, en tout cas. Ça, c'est important, et c'est ce qui porte ses fruits aujourd'hui.

Ce maillot jaune, c'est une priorité?

AF : C'est une priorité. Un maillot sur le Dauphiné, c'est comme un maillot sur Paris-Nice ou sur le Tour de France. Pour nous, c'est très, très important, à la fois pour le commanditaire et le coureur. Demain, c'est une étape difficile, mais qui correspond vraiment à la qualité de nos coureurs. On va donc tout faire pour défendre le maillot, pour amener David dans les meilleures conditions pour le contre-la-montre.

Est-ce envisageable pour David de conserver le jaune jusque-là?

AF : Oui, c'est tout à fait possible. Après, jeudi, ce seront les jambes qui parleront pour le contre-la-montre. Sur une distance de 30 km, on peut avoir de bons espoirs. Faut voir au jour le jour.