Charles Dionne connaît très bien le parcours de Québec. Non seulement fait-il partie de ses routes d'entraînement habituelles, mais il y a signé deux de ses plus belles victoires sur un tracé légèrement différent au Tour de Beauce de 2005 et de 2009. La semaine dernière, par une superbe matinée ensoleillée, le coureur de 31 ans a accepté d'enfourcher son vélo et de décrypter le parcours de l'épreuve ProTour. «C'est un circuit très serré et il n'y aura pas beaucoup de repos», a résumé celui qui portera les coureurs de l'équipe canadienne ce vendredi. Suivez le guide.

La Grande-Allée

«S'il fait beau, il y aura du monde sur les terrasses. Normalement, c'est là aussi qu'auront lieu les ravitaillements. C'est un bel endroit pour voir les coureurs et boire de la bière. C'est un faux plat montant. Ici, ça fait mal parce qu'à partir de la ligne, c'est souvent là que ça réattaque.»

Les plaines d'Abraham (avenue Ontario)

«Un endroit bien connu à Québec. Les gens viennent s'y étendre sur des serviettes, faire du sport, pique-niquer. Dans les trois derniers tours, si une équipe non représentée à l'avant se met à chasser, ça risque d'être en file indienne (sur la ligne droite de l'avenue Ontario). On a intérêt à être bien caché et bien calé sur la selle pour avoir un maximum d'aspiration.»

Les côtes de Laune et Gilmour

«Descente très rapide à deux coureurs de large, pas tellement plus. On ira à 60-65 km/h, avant de mettre les freins complètement pour un virage à 180 degrés. Après, descente de Gilmour. Au bas, il y a un virage avec un dévers inversé. On est donc déporté. C'est le seul problème que je vois sur le parcours. Sur l'asphalte, c'est pas pire, mais si c'est mouillé, c'est certain qu'il y aura des dégâts. Les gars sont des pros et font attention, mais quand on est à bloc...»

Le boulevard Champlain

«Ici, ce sera très important de penser à boire et à manger parce qu'il n'y a pas vraiment d'autre section pour le faire sur le reste du parcours. Généralement, il y a un vent de dos. Vers la fin de la course, ça va rouler entre 55 et 60 km/h et même plus. S'il y a un vent de face - et il peut venter pas mal ici - ce sera plutôt 45-47 km/h. Compte tenu de la distance totale - 189 km et non pas 260 km - j'ai hâte de voir le déroulement de la course: est-ce que ça partira nerveusement ou il y aura un tour plus tranquille? Le repos entre le bas de la côte Gilmour et la montée suivante n'est pas très long. C'est le temps de penser à se positionner. Tu comprendras plus loin... On entre dans le Vieux-Québec, avec le Château Frontenac en arrière-plan. Ça fera de belles images pour la télévision.»

Le virage de la côte de la Montagne

Virage à droite serré pour arriver au pied de la côte de la Montagne, où il y a peu d'espace entre les deux trottoirs. «Tu vois l'importance d'être bien placé. Prends 180 gars qui virent à un de large, maximum deux, ça fait une méchante lignée. Il faut être en avant, que ça roule vite ou pas. Tout le monde le saura. D'où la bataille pour le placement.»

La côte de la Montagne

«Ce sera l'un des points décisifs de la course, peu importe s'il y a un petit ou un gros groupe (dans le dernier tour). Ceux qui s'en viennent à Québec sans être préparés vont trouver que ça monte pas mal. Il y en a qui vont se faire sortir même dans les premiers tours. Tout de suite après le virage, c'est là le plus à pic (ndlr: 13%). Difficile d'évaluer la vitesse exacte, mais ça va s'approcher de 30km/h. Ce n'est pas si long, mais c'est explosif. C'est petit plateau ici. Ça se fait gros plateau, mais c'est plus pour le cinéma... Au début de la course, (mon braquet) ne sera pas vraiment plus que 39 X 21, 39 X 23, pour faire tourner les jambes le plus possible et les sauver. Mais quand ça attaquera, je serai à 39 X 19, 39 X 17 ou 39 X 16. Quand j'ai gagné ici lors du Tour de Beauce en 2005, je pensais à une musique que j'aime, à un plat que j'aime. En me disant: «Tu mourras dans cette montée-là...» Si je me retrouve encore dans cette position cette année, ce sera la même chose, mais je pourrai cette fois penser aux enfants.»

Les côtes de la Potasse et des Glacis

«On arrive assez vite dans la côte de la Potasse, on ne la sent donc pas tant que ça. À partir du coin des Glacis, on sent la côte, surtout si on est dans un petit groupe. Rendu là, on passe sur le petit plateau. En milieu de course, il s'agira de tourner les jambes le plus possible. C'est quand même assez abrupt. À répétition, ça taxe. Ça montera sur le 39 X 21. Vers la fin, si on arrive avec de l'élan, ce sera à la limite de passer le gros plateau. C'est l'autre endroit où on peut attaquer si on se retrouve dans un petit groupe. Dans le dernier tour, tu vas voir de l'action ici, c'est sûr. Après, on arrive à la place d'Youville puis sur la rue Saint-Jean, avec une petite section de pavés. Ça brasse un peu, mais c'est du très beau pavé. Il y a quand même de la fatigue et on est en dette d'oxygène.»

Le chemin Saint-Louis

Faux plat montant sur un kilomètre avant la ligne d'arrivée. «On vient de faire les côtes de la Montagne et des Glacis. Normalement, il y a quand même un vent de face. On essaie de prendre la roue, mais il n'y a pas un maximum d'aspiration parce que c'est un faux plat. Si ça ne s'est pas joué avant, c'est là que ça va se décider. Rendu ici, ce sera le gros plateau dans le final, dépendamment s'il y a un vent de face. Le braquet? 53 X 16. À 300 mètres de l'arrivée, dans le dernier tour, ça fait longtemps qu'on a pris notre dernière respiration. Ce n'est pas pour rien que j'ai presque fini dans l'ambulance quand j'ai gagné ici. Ça m'avait pris 20 minutes pour retrouver mes esprits. C'est comme les gars qui font le kilomètre sur la piste: on arrive en grosse dette d'oxygène.»