Il n'y a toujours pas de pilote local au palmarès du NAPA 200. Jacques Villeneuve a encore perdu une chance de remporter l'épreuve montréalaise de la série Nationwide, terminant troisième alors qu'il menait au début du dernier tour de piste. Comme en 2011, Villeneuve a animé la course en roulant constamment parmi les meneurs, mais aussi en étant impliqué dans deux accrochages ayant chaque fois pour enjeu la tête de l'épreuve.

C'est l'Américain Justin Allgaier (#31), de Turner Motorsports, qui a remporté la course en prenant les devants une seule fois, lors de l'ultime tour. Il a frappé la voiture de Villeneuve dans le virage numéro 6, faisant déraper l'ancien champion du monde de Formule Un et anéantissant ses espoirs de victoire.

Villeneuve était furieux. «Le 31 a essayé de me sortir pour prendre la tête, c'est tout, a-t-il expliqué après la course. De toute façon c'est facile de me sortir parce que je ne suis pas là à la prochaine course pour me venger.»

Villeneuve était d'autant plus déçu que la voiture de l'équipe Penske était très performante. «Le reste de la course, c'était facile, on était vraiment au-dessus du lot. J'ai passé toute la course à économiser mes freins, économiser l'essence, et quand il le fallait je faisais deux ou trois tours rapides pour prendre un peu de distance.»

«J'ai pensé qu'il avait manqué d'essence, a répliqué Allgaier. Dans le virage numéro 6, il a protégé l'intérieur et est allé très lentement. J'allais à mon rythme normal, j'avais trop de vitesse, et on s'est frappé.»

Villeneuve assure que son niveau d'essence était encore suffisant pour compléter le dernier tour. Tout juste suffisant, en fait, parce que sa voiture est tombée en panne sèche en entrant aux puits.

Allgaier soutient que «la seule façon dont Villeneuve pouvait perdre la course était de faire ce qu'il a fait, c'est-à-dire de ne pas pousser la voiture au fond». À l'avant-dernier tour, il avait une avance équivalente à 20 longueurs de voiture, affirme Allgaier. Le tour suivant, il n'y avait plus d'espace entre les deux voitures. «Ça montre à quel point il était lent.»

«On récolte ce qu'on l'on sème», a ajouté l'Américain, faisant référence au contact survenu quelques tours plus tôt entre Villeneuve et le coéquipier d'Allgaier, Alexandre Tagliani. Villeneuve était déjà sur la sellette depuis quelques semaines après avoir sorti Danica Patrick à la course de Road America, en juin.

Allgaier, 26 ans, a remporté sa troisième course en carrière en Nationwide. Sam Hornish Jr, coéquipier de Villeneuve chez Penske, a pris le deuxième rang pour grimper au même échelon du classement général, ex aequo avec Ricky Stenhouse Jr.

Course excitante, comme d'habitude

Comme c'est désormais coutume, la seule étape canadienne des séries principales du NASCAR a offert une course des plus excitantes, qui s'est étendue sur 81 tours au lieu des 74 réglementaires, en raison des drapeaux jaunes successifs en fin de course - le règlement prévoit que la course doit absolument se terminer par deux tours sur le drapeau vert.

Au final, il y a eu huit neutralisations, donc autant de relances et autant de fois à retenir son souffle quand le peloton s'engageait dans le virage Senna. Des voitures qu'on croyait perdues sont revenues en piste (Carpentier, Danica Patrick). Les craintes de panne d'essence ont forcé des pilotes à entrer aux puits dans les tours supplémentaires et ont contribué à maintenir le suspense, comme dans le cas de Villeneuve.

Alex Tagliani, qui s'élançait de la position de tête, n'a pas gardé les devants très longtemps, mais il s'est à nouveau pointé le nez en première place au 64e tour en réussissant un dépassement audacieux dans le virage Senna, aux dépens de Villeneuve et Hornish. Villeneuve a repris le contrôle deux tours plus tard, pour ne le perdre qu'au 81e tour. Au total, Villeneuve a mené 43 tours de la course dans laquelle il y a eu 12 changements de meneur.

Danica Patrick a connu une course en dents de scie, mais elle a mené l'épreuve pendant 20 tours, un sommet personnel pour la recrue du stock-car. À l'instar de Patrick Carpentier, un pépin mécanique l'a retenue aux puits pendant de très longues minutes. Ses mécanos ont dû réparer une pièce cassée de la suspension qui causait un roulis du train arrière. Avec ses six tours de retard, elle a pris le 27e rang, deux échelons devant Carpentier.

Le meneur au classement Nationwide, Elliott Sadler, a pu repartir heureux de son escapade à Montréal avec une quatrième position et une avance consolidée au tableau des points. Le Canadien Ron Fellows, seul ancien vainqueur qui participait au NAPA 200, complète le top 5.

Kyle Busch, vedette de la série Sprint arrivé du Michigan peu avant la course, a pris le 10e rang. Il était dans le coup vers la fin de l'épreuve, mais une crevaison a joué contre lui.

Un spectacle flamboyant

Année après année, l'histoire se répète. Le circuit Gilles-Villeneuve a été le théâtre samedi d'une course ahurissante sur le plan du spectacle.

Elle a tenu en haleine tous les spectateurs présents avec ses nombreux épisodes où victoires et défaites se côtoyaient.

Ils étaient 60 000 selon des estimations de NASCAR - 10 000 de moins que l'année dernière -, et ils faisaient entendre leur présence avec leurs cris tonitruants.

La journée avait bien commencé, avec une course de la série Canadian Tire intéressante avec son combat Ranger-Fitzpatrick. Son déroulement a toutefois été entravé par de trop nombreux drapeaux jaunes.

L'épreuve de la série Grand-AM Rolex a suivi, s'étirant sur d'innombrables minutes où les rares dépassements n'impliquaient souvent que les voitures de deux classes différentes.

Les organisateurs ne peuvent malheureusement inverser ces deux séries dans l'horaire, ce qui aurait pu construire un rythme très intéressant pour les gens sur place.

Tous les ingrédients étaient cependant là pour que la course Nationwide soit mémorable. Une météo parfaite avec un ciel bleu d'azur pour la carte postale qui enrobait l'île se juxtaposait à une grille de départ mettant au coude-à-coude des féroces opposants.

L'effervescence était palpable et le spectacle a été au rendez-vous. À la hauteur de la réputation que s'est forgée Montréal au sein du grand cirque NASCAR.