Quand Jacques Villeneuve a commencé en course automobile, il a dû se faire un prénom, de façon à se détacher de l'omniprésente image de son père Gilles. Il a réussi cela avec brio en gagnant le Championnat de Formule 1, celui de l'IndyCar et les 500 Milles d'Indianapolis. Maintenant, Jacques Villeneuve est en train de se refaire un nom de famille.

Jacques est en train de démontrer qu'il est un vrai Villeneuve, qu'il a la course dans le sang. Pour lui, courir est un plaisir, peu importe la catégorie, on l'a vu l'an dernier quand il a multiplié les sorties, que ce soit en sport prototype ou en stock-car. Malheureusement, les qu'en-dira-t-on qui ont ensuite fusé l'ont forcé à faire des choix davantage dictés par la raison que par la passion.

«Quand j'étais en Europe, des gens disaient que j'étais distant et snob, que je ne voulais pas toucher à autre chose qu'une F1, a dit Villeneuve quand La Presse l'a rencontré à Watkins Glen au début du mois. Ensuite, quand je me suis mis à rouler dans différentes courses, on s'est mis à dire que j'étais désespéré. Ça ne me sert plus à rien de courir dans toutes sortes de séries. Ça m'a davantage nui qu'autre chose, même si je faisais ça pour le plaisir.

«Les gens s'attendent à ce que l'on fasse bien chaque fois que l'on court, a-t-il poursuivi. Et quand ça ne va pas, on passe pour un deux de pique. Mais c'est difficile quand on arrive à froid, sans avoir jamais essayé la voiture.»

Villeneuve a donc choisi de se concentrer sur le NASCAR et la F1, deux opérations dites sérieuses qu'il mène de front depuis un certain temps déjà.

Mais pourrait-il se faire tard pour Villeneuve, qui a déjà 39 ans? La performance désolante de Michael Schumacher en F1 cette saison a fait naître les ragots au sujet de l'âge du septuple champion, qui est revenu dans la catégorie reine à 41 ans. «Tout dépend du point de vue, a relativisé Villeneuve. Rubens (Barrichello) fait un travail magnifique (chez Williams) alors que c'est moins évident pour Michael. Et lorsque ça ne va pas, on est pris dans un cercle vicieux; on se met de la pression, on se remet en question, on commence à prendre de mauvaises décisions en piste et du côté des réglages, et ainsi de suite.»

C'est un peu ainsi qu'il a expliqué le geste dangereux de Schumacher à l'endroit de Barrichello au Grand Prix de Hongrie, quand l'Allemand a littéralement tassé le Brésilien contre le muret en réponse à une tentative de dépassement.

«C'était un peu extrême comme manoeuvre, a analysé Villeneuve. Mais c'est aussi une question de personnalité. Quand ça fait partie de soi, le naturel revient au galop, sauf si on arrive à se rendre compte qu'on a fait une erreur. Mais si on ne l'assimile pas, on va continuer à faire les mêmes erreurs. Chacun a un respect d'autrui qui est différent.»

Villeneuve estime donc qu'un pilote peut continuer à être compétitif en dépit des années, s'il arrive à apprendre de ses erreurs et s'il garde la forme. «Le corps humain est une belle machine. Elle retrouve rapidement ses repères. Ce n'est donc pas très difficile de sauter dans la voiture et de se sentir en confiance», a-t-il affirmé.

Quand on lui a demandé si le fait de vieillir rendait plus craintif et moins incisif en piste, il nous a répondu du tac au tac: «Demande à mon oncle Jacques s'il est devenu plus craintif!»

Un vrai Villeneuve, qu'on vous dit!