Recrue de l'année des derniers 500 Milles d'Indianapolis, Alexandre Tagliani était de passage à Montréal la semaine dernière et il a fait le récit détaillé de cet exploit.

«Je ne réalisais pas à quel point c'était gros, et c'était bien mieux comme ça, a raconté à La Presse le pilote originaire de Lachenaie. J'aurais été tellement nerveux.

«Tout était nouveau pour moi. Et à Indy, la piste te fait vite sentir comme une recrue...»

On a déjà raconté comment Tagliani avait traversé toute la gamme des émotions avant même le départ de la course, comment il avait été exclu de la grille de départ à la dernière minute des qualifications, comment son patron Éric Bachelart lui avait confié le volant de la deuxième voiture du Conquest Racing, qualifiée par un autre pilote.

 

«Le plus frustrant dans tout cet imbroglio, c'est que les pilotes avaient droit à 12 tentatives pour se qualifier, alors que moi, je n'en ai eu qu'une seule, a rappelé Alex. Notre équipe a été trop conservatrice.»

Elle l'a encore été en course, quand l'aileron arrière a été réglé avec une bonne charge aérodynamique. «Il existe des systèmes pour ajuster les ailerons en course, mais les règles obligent les équipes à les fabriquer elles-mêmes, ce que nous n'avons pu encore nous offrir», a expliqué Tagliani.

«Dans le dernier segment de la course, j'ai profité de la relance pour remonter en huitième place, mais d'autres pilotes avaient fait placer leur aileron à zéro degré pendant le ravitaillement et ils ont tiré profit de leur vitesse de pointe pour me doubler.»

Finalement 11e, Tagliani a le sentiment d'être allé au bout des capacités de la voiture. «C'est ce que j'apprécie de cette équipe, souligne-t-il. Tout le monde fait le maximum avec les ressources que nous avons. J'apprécie beaucoup le travail et la collaboration de mon ingénieur Brendan Fry. Il me donne toujours l'heure juste et c'est ce que j'ai envie d'entendre.

«À Indy, nous n'avons commis aucune erreur dans les puits. Et ce n'est pas deux ravitaillements qu'il faut y effectuer, c'est huit! Après les 500 Milles, j'ai fait préparer des verres fumés avec l'inscription «Recrue de l'année, Indy 500 2009» que j'ai offerts à tous les membres de l'équipe.

 

Au-delà des résultats, Tagliani a vécu à Indianapolis l'une des expériences personnelles les plus fortes de sa carrière. Plus de 400 000 spectateurs étaient sur place pour la course, faisant du Indy 500 le plus gros événement sportif de l'année.

«Les gars m'avaient dit: «Tu vas voir, c'est un gros rush». Ils avaient bien raison.

«Le départ, avec 32 voitures devant moi et des turbulences très fortes, a été incroyable. Les gradins, hauts de 10 étages, sont collés sur les murs de protection. Avec la foule, la piste devient vraiment très étroite.

«Entrer dans le premier virage en course, c'est un peu comme entrer dans le tunnel Lafontaine à 360 km/h. Tu as beau être préparé, c'est dur de ne pas lever le pied.»

Pour l'occasion, les parents d'Alexandre avaient fait le voyage. «Ils ont conduit de Laval à Indianapolis pour assister à mes premiers 500 Milles. Le dimanche matin, quand nous sommes passés sous la piste pour accéder à Gasoline Alley, ma mère pleurait déjà!

«Ma femme, Bronte, est habituellement assez calme avant les courses, mais là, elle me serrait la main très fort en me disant: «As-tu vu ça? As-tu vu ça?»

À Toronto, Edmonton... et Montréal

Tagliani a profité de son séjour au Québec pour saluer ses commanditaires, notamment Richard Azzi et Joe Kazzi, des boutiques La capsule sportive. «C'est beaucoup grâce à eux que j'ai pu participer aux 500 Milles d'Indianapolis, a rappelé Alex. Ces gens-là me supportent beaucoup et je suis bien heureux d'avoir pu leur offrir une belle performance à Indy.»

L'argent est toujours au coeur des préoccupations de Tagliani. «Notre équipe n'a pas de gros moyens, mais Éric (Bachelart) et son personnel multiplient les efforts pour améliorer la situation. Nous n'avons qu'un calendrier partiel, mais nous allons tenter de faire un maximum de courses d'ici la fin de la saison. Pour nous, les deux épreuves canadiennes, à Toronto (10 juillet) et Edmonton (24 juillet), sont prioritaires.»

Les promoteurs de l'épreuve albertaine, le Rexall Edmonton Indy, sont parmi les commanditaires du Conquest Racing, d'où l'importance d'y faire bonne figure.

«Nous savons que la voiture est efficace sur ce genre de circuit, a poursuivi Alex. J'espère me qualifier dans le top 5 et me battre pour une place sur le podium.

«Présentement, les techniciens travaillent à éliminer une vingtaine de livres sur le châssis, du poids que nous avons accumulé depuis le début de la saison. Juste les autocollants des commanditaires peuvent peser près de cinq livres...»

Bien qu'il dise se concentrer sur la série IndyCar, Tagliani garde un oeil sur le NASCAR. Avec François Dumontier, promoteur du NAPA 200, il règle présentement les derniers détails de sa participation à l'épreuve montréalaise de la série Nationwide, le 30 août, au volant d'une voiture compétitive.

Les pourparlers avec une équipe bien établie vont bon train et qui sait s'ils ne débloqueront pas sur de nouvelles collaborations dans le futur. «NASCAR est un milieu assez fermé, plein de préjugés, explique Alex. C'est difficile d'y faire sa place. Mais j'y ai de bons contacts...»