Après deux saisons médiocres, sur les plans sportif et extra-sportif, l'écurie Renault, à force de changements en profondeur, a opéré un surprenant rétablissement au Championnat du monde 2010 de Formule 1.

Le malade semblait pourtant très sérieusement atteint. Les saisons 2008 et 2009 avaient viré au calvaire. A peine deux victoires en trente-cinq courses, dont l'une obtenue grâce à l'ignomineux "Crashgate", ce scandale de l'accident volontaire au Grand Prix de Singapour 2008, remporté par Fernando Alonso.

Dans la foulée, la FIA suspendit à vie le patron de l'écurie, Flavio Briatore (ensuite réintégré par la justice française) et le constructeur français décida de vendre son écurie.

En décembre, la société luxembourgeoise Genii Capital, spécialisée entre autres dans les nouvelles technologies, en racheta une part significative et vraisemblablement majoritaire.

Le nouvel actionnaire a tout changé : nouveaux sponsors - les anciens ayant déserté -, nouvel encadrement, nouvelles couleurs, le jaune et le noir pour rappeler la livrée historique de Renault. Nouveaux pilotes aussi : Robert Kubica et Vitaly Petrov en remplacement d'Alonso et Romain Grosjean.

L'électrochoc a fait du bien à la structure franco-britannique. Depuis 2010, Renault est méconnaissable. Les grimaces ont fait place aux sourires. La consternation à l'ambition. Et les week-ends sans espoir aux lendemains qui chantent.

Après 14 courses, Renault tient ses objectifs. Une révolution en soi. Kubica, 8e au classement pilotes, avec 4 longueurs de retard sur Nico Rosberg (Mercedes, 7e), porte certes sur ses seules épaules l'écurie au losange, Petrov, trop inexpérimenté, manquant encore de constance.

Mais à peine 31 points séparent Renault de l'équipe allemande, 4e du Championnat constructeurs, le rang visé initialement. «C'est toujours l'objectif. C'est dans nos cordes», affirme Eric Boullier à l'AFP.

«Mais il ne va pas falloir faire une seule erreur. On a beaucoup de respect pour Mercedes. C'est l'équipe championne du monde en titre. Ils ont un certain niveau. Il va donc falloir être parfait. Mais on ne cherche pas moins que l'excellence en F1...», observe le directeur de l'écurie.

Petit avantage pour Renault : «les cinq dernières courses se déroulent sur des pistes qui conviennent à notre voiture», souligne le Français, optimiste. Autre constat : depuis le début de la saison, les Jaunes et noirs ont étalé une capacité surprenante à s'adapter aux circonstances et à développer leur voiture.

«On estime, en simulation, que notre voiture a progressé de 1 sec 75/100 au tour, entre les premiers essais et aujourd'hui. On est une des écuries qui a le plus progressé. C'est le vrai motif de satisfaction. L'équipe a prouvé qu'elle avait les qualités pour opérer au plus haut niveau», dixit Eric Boullier.

A tel point que les plus grands frappent désormais à sa porte pour partager son futur potentiellement radieux. Champion du monde en 2007, le Finlandais Kimi Räikkönen, reconverti depuis cette saison dans le rallye (Citroën), n'a-t-il pas lui-même fait connaître son intérêt pour un éventuel baquet la saison prochaine ?

«C'est flatteur, car cela montre que l'écurie est attractive pour un champion du monde de F1», reconnaît le directeur d'écurie. La sinistrose n'est vraiment plus de mise. La rééducation est sur la meilleure des voies.