Nico Rosberg s'attendait au pire lorsqu'il a appris qu'il ferait équipe avec Michael Schumacher au sein de l'écurie Mercedes.

«J'ai entendu beaucoup de mauvaises choses», a reconnu l'Allemand de 24 ans, mercredi, après avoir rendu visite à des élèves de secondaire 3 et 4 de l'école Pierre-Dupuy, au centre-ville de Montréal, dans le cadre d'une «Journée Carrières F1» organisée à quelques jours du Grand Prix du Canada par le fournisseur de pneus Bridgestone.

 

«Avant de commencer à travailler avec lui, tout le monde disait, «ah, fais gaffe, c'est la catastrophe de travailler avec lui, il est très mauvais» et tout ça», a poursuivi Rosberg, dans un français impeccable, en parlant de celui qui a remporté sept championnats du monde. «Mais moi, je n'ai rien de négatif à dire. On se respecte, on partage même les informations et tout ça, ça se passe bien.

 

«C'est une chance que j'ai de l'avoir comme coéquipier, a ajouté Rosberg. C'est toujours intéressant parce qu'il est l'un des meilleurs de tous les temps. Il y a toujours des petites choses ici et là que tu peux apprendre.»

 

On peut croire que Schumacher file doux pour l'instant puisque les résultats probants tardent à venir depuis qu'il est sorti de la retraite. Même si le Kaiser est seulement un rang derrière son coéquipier au classement des pilotes, soit neuvième contre huitième pour Rosberg, c'est ce dernier qui a droit aux accolades jusqu'ici chez Mercedes.

 

Rosberg a obtenu deux podiums (des troisièmes places) contre aucun pour Schumi en sept épreuves jusqu'à maintenant cette saison, et amassé des points dans toutes les courses sauf une. C'est donc avec près du double de points de Schumacher - 66 à 34 - qu'il amorcera le week-end au circuit Gilles-Villeneuve.

 

Si jamais le vétéran de 41 ans devait se mettre à chauffer Rosberg et à rivaliser avec les pilotes de tête, qui sait si on ne verrait pas des incidents entre coéquipiers chez Mercedes. Comme ceux, par exemple, qu'on a vu lors du récent Grand Prix de Turquie chez Red Bull, entre Mark Webber et Sebastian Vettel, et même chez McLaren, alors que Jenson Button aurait dépassé Lewis Hamilton alors que ce dernier ne s'attendait pas à un tel geste.

 

Selon Rosberg, malgré les frictions passagères entre coéquipiers, bien des pilotes ont la capacité de revenir à de meilleurs sentiments. C'est là une nécessité, selon lui.

 

«Ça dépend des personnalités, a-t-il dit. Au bout du compte, dans une équipe, nous sommes tous des employés d'une même compagnie. Notre devoir est de faire du bon travail pour la compagnie, alors si l'un d'entre eux en élimine un autre de la course, ce n'est pas une bonne chose.

 

«Finalement, il importe peu à la compagnie lequel (de ses deux pilotes) se trouve devant, l'idéal étant qu'ils se retrouvent les deux devants et obtiennent tous deux des points, a par ailleurs affirmé Rosberg. Évidemment, tu cours aussi pour toi-même et tu veux gagner, alors tu peux essayer d'attaquer ton coéquipier, mais il s'agit de le faire à l'intérieur de certaines limites.»

 

Oui, mais le pavage?

 

Rosberg s'est dit heureux du retour de la F1 à Montréal, qui constitue l'une de ses étapes préférées même s'il n'a récolté que deux 10es places en trois sorties à l'île Notre-Dame, alors qu'il s'alignait pour l'écurie Williams. Il s'est toutefois raidi un peu quand on a évoqué les problèmes de pavage de la piste qu'on a connu par le passé, et qu'on dit avoir réglé une fois pour toutes cette année.

 

«Il faut faire gaffe parce qu'il y a eu des améliorations à chaque année, et à chaque année, c'était une catastrophe, a-t-il lancé, en tentant d'adoucir sa réplique à l'aide d'un ton badin. Ces dernières années, ils avaient toujours dit que ça tiendrait et ça n'avait pas été le cas.

 

«Mais je suis confiant quand même (cette année). J'ai parlé avec les responsables de la FIA et ils nous ont dit que cette fois-ci, ça va être «le top', a-t-il ajouté, plus sérieusement. La FIA a dit avoir apporté une attention spéciale, alors ça devrait être bien.»

 

Rosberg espère décrocher un podium dimanche et il accepterait volontiers une victoire, mais il reconnaît qu'à ce stade de la saison, il faudrait un bon coup de chance pour réussir le coup. Il concède que Mercedes devra encore s'améliorer avant d'espérer rivaliser sérieusement avec les Red Bull et les McLaren.

 

«Moi, je suis prêt!, a dit Rosberg d'une première victoire toujours à venir au volant d'une Mercedes. Ça pourrait arriver ce week-end, mais c'est pas évident. Les Red Bull, ça marche fort, donc il faut quand même qu'on améliore un peu la voiture. Sauf que si on a beaucoup de chance, ça pourrait tout de même arriver très bientôt.

 

«On vient de se regrouper cet hiver, donc ça va prendre un peu de temps pour vraiment sortir le maximum du potentiel de l'équipe, a souligné Rosberg en parlant de Mercedes. On n'en est pas encore là. Il manque encore un peu de puissance à la voiture, mais on travaille beaucoup et je suis sûr qu'on va y arriver très bientôt.»

 

Une adaptation rapide

 

Rosberg s'est par ailleurs dit heureux de s'être adapté aussi rapidement à sa nouvelle écurie.

 

«Je dois dire que je suis content, j'ai bien réussi l'intégration. J'ai eu beaucoup de respect de la part de l'équipe, parce que j'ai bien travaillé et j'ai fait de bons résultats aussi. Donc, je me trouve très bien maintenant», a-t-il dit.

 

«J'ai eu un bon début de saison, j'ai fait deux podiums dans les quatre premières courses. Maintenant, je suis huitième au championnat, ce qui n'est pas encore où je veux être, a par ailleurs noté Rosberg. Mais je suis très proche des pilotes devant moi au classement, même du premier (Mark Webber, de Red Bull, avec 93 points), et il y a encore toutes les possibilités. Une victoire ici (à Montréal) et je ne serais pas loin. Tout est encore faisable.»