Homme de tous les records en F1, Michael Schumacher a récolté sept championnats du monde, 91 victoires, 68 positions de tête et 1369 points en 16 saisons, de 1991 à 2006. Parti à la retraite après deux années sans titre, il est revenu à la compétition cette saison, à 41 ans, avec l'ambition affichée de retrouver le sommet.

«Je ne reviens pas en F1 pour faire de la figuration», avait averti Michael Schumacher l'hiver dernier quand on avait confirmé son embauche par Mercedes. «L'objectif: gagner le championnat dès cette saison. Nous ne serons peut-être pas à l'avant du peloton dès les premiers grands prix, mais j'ai confiance que nous progresserons rapidement et que nous serons très compétitifs dans la deuxième partie, quand ça va compter.»

 

Alors qu'on approche de la mi-saison, les prédictions audacieuses du Kaiser Schumi tardent à se réaliser. Peu apprécié dans les paddocks en raison de son attitude hautaine et de l'égoïsme avec lesquels il a mené sa carrière, l'Allemand n'est que neuvième au classement du championnat, à déjà 59 points du meneur Mark Webber et à 32 points de son propre coéquipier, le jeune Nico Rosberg.

Les progrès promis chez Mercedes tardent à se concrétiser et on parle de plus en plus du retour raté de Schumacher. Pour la première fois de sa brillante carrière, l'Allemand semble à court de mots pour expliquer ses performances.

«Si on regarde la saison jusqu'ici, ça ne sert à rien de parler de victoire à court terme, concédait le septuple champion du monde en entrevue à Monaco il y a deux semaines. On est encore assez loin derrière.

«Nico a été assez proche en Chine (troisième à tout juste neuf secondes de Button), mais nous étions très loin des Red Bull à Barcelone, même si j'ai pris le quatrième rang. On était d'ailleurs tous surpris par cet écart chez Mercedes, car il y a une partie que nous avons comprise, mais aussi une partie que nous ne comprenons pas du tout. C'est un peu l'inconnu en ce moment...»

Un handicap à combler

Si Schumacher montre une certaine surprise face à son manque relatif de compétitivité, les observateurs notent que l'Allemand a sans doute sous-estimé l'évolution de la F1 depuis 2006.

«Tout a changé en trois ans. Les pneus ont beaucoup évolué et déterminent des réglages très différents de ceux auxquels Michael était habitués», expliquait son ancien coéquipier Rubens Barrichello, en entrevue à Monaco.

«La disparition des essais privés l'a aussi privé non seulement du travail de mise au point des pilotes d'essai de Ferrari (qui roulaient pratiquement sans arrêt), mais aussi d'une foule de données qu'il étudiait et exploitait mieux que tous les autres pilotes.»

Schumacher reconnaît qu'il a dû s'adapter aux changements. «Je suis resté assez près de la F1 au cours des dernières saisons (comme conseiller chez Ferrari) pour suivre l'évolution des voitures et savoir que j'aurais à modifier mon style, explique-t-il. J'ai quand même été 16 ans en F1 auparavant et j'ai vécu d'autres changements...»

De vieux alliés

Si Schumacher est revenu en F1, c'est beaucoup parce qu'il avait l'occasion de retrouver deux vieux complices: Ross Brawn et Norbert Haug.

Brawn était à ses côtés pour chacun de ses sept titres mondiaux, d'abord chez Benetton, puis chez Ferrari. L'ingénieur britannique, réputé pour son génie de la course et de l'organisation, venait de céder son équipe championne du monde à Mercedes, l'automne dernier, quand il a repris contact sérieusement avec Schumacher.

«J'avais vu qu'il avait encore la passion du pilotage et les négociations ont progressé rapidement, a rappelé Brawn à Monaco. Malgré notre début de saison, je suis convaincu de la détermination de Michael à retrouver le sommet et personne mieux que lui ne pourra nous aider à y parvenir.»

Haug, directeur de Mercedes Sport, avait recruté le jeune Schumi au tournant des années 1990 dans une filière junior regroupant les meilleurs espoirs du sport automobile allemand. Vingt ans plus tard, après avoir convaincu la haute direction de Mercedes de l'intérêt de créer une équipe 100% Mercedes et allemande en F1, Haug s'est naturellement retourné vers Schumacher.

«C'est notre pièce maîtresse, a-t-il souligné. Pour l'instant, la voiture n'est pas à la hauteur de la concurrence. Nous travaillons beaucoup et nous avons les moyens pour rattraper McLaren ou Red Bull. Michael montrera alors ce dont il est encore capable.»

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MICHAEL SCHUMACHER

DATE DE NAISSANCE: Le 3 janvier 1969 (41 ans)

LIEU: À Hürth-Hermülheim en Allemagne

TAILLE: 1,74m/ POIDS: 75 kg

ÉQUIPE: Mercedes (depuis 2010)

PREMIER GP: Belgique, 1991 257 GP, 91 victoires, 154 podiums, 68 positions de tête, 1403 points Il détient tous les records en F1 avec notamment sept titres mondiaux, dont cinq consécutifs, entre 2000 et 2004. Après une longue période italienne, chez Ferrari, il incarne vraiment l'Allemagne conquérante depuis qu'il s'est joint à l'équipe Mercedes.