L'une est récente et malaisienne, l'autre un peu plus ancienne et de capitaux indiens: après les nouveaux circuits, majoritairement en Asie, et les nouveaux commanditaires, les écuries Lotus et Force India rendent la Formule 1 toujours plus internationale.

Lotus doit beaucoup à la Malaisie. Le constructeur national Proton avait sauvé la petite marque britannique de bolides de la faillite en 1996. Treize ans plus tard, entrepreneurs et gouvernement malaisiens ont décidé d'investir ensemble pour tirer profit de son image.

 

«Quand j'ai annoncé (le retour de Lotus en F1), je pense que beaucoup ont pensé que j'étais dingue. (...) Mais après six mois, nous avons de plus en plus de gens qui croient en nous», affirme Tony Fernandes, patron de l'écurie et riche propriétaire d'une compagnie aérienne régionale.

 

Et de décliner un fort soutien «au pays», de la part «des Singapouriens, des Thaïs, des Indonésiens». «Maintenant, quand je marche dans la rue, les gens me disent: "Bonne chance, félicitations, nous sommes là pour Lotus"», se réjouit-il.

 

La Malaisie, premier pays à avoir décidé d'accueillir la F1 (en 1999) dans un but promotionnel (la Chine, Singapour, la Corée du Sud, la Turquie ou encore les pays du Golfe ont ensuite suivi sa route) passe donc la vitesse supérieure.

 

«Ce n'est plus un rêve, c'est la réalité: la Malaisie est en F1 et nous ferons tout ce qui est possible pour y laisser notre marque», se réjouissait mi-septembre le premier ministre Najib Razak, présent dimanche dans les paddocks de Sepang, pour le Grand Prix national.

 

Malheureusement pour les fans locaux, les deux pilotes Lotus, Heikki Kovalainen et Jarno Trulli, au volant de voitures sous-performantes, n'ont pas répondu aux trop fortes attentes locales. Le Finlandais a dû abandonner à quelques tours de la fin alors que l'Italien s'est classé 17e.

 

Puissance indienne

 

Force India, avec la 5e place d'Adrian Sutil, a de son côté connu un week-end exceptionnel. Ce résultat, l'un des meilleurs de l'histoire de l'ex-écurie Spyker, rachetée en octobre 2007 par le milliardaire Vijay Mallya, ponctue un mois excellent pour le sport automobile indien.

 

Car depuis la mi-mars et le début de la saison 2010, un pilote indien, Karun Chandhok, arpente la grille de F1. Son Hispania, monoplace à petit budget préparée dans la hâte, manque certes de rapidité. Mais Chandhok est surtout là pour engranger de l'expérience.

 

Celle-ci lui servira pour entamer au mieux le Championnat 2011, quand New Delhi accueillera le premier GP d'Inde de F1. Il est donc, fait nouveau, souvent question de l'Inde dans le paddock, ou de comment sensibiliser son milliard d'habitants à la Formule 1.

 

«On peut construire des pistes partout, mais tant qu'il n'y a pas de Karun Chandhok ou de Faruz Fauzy (le troisième pilote, Malaisien, de Lotus), tant qu'il n'y pas d'écuries comme Force India ou Lotus, il n'y a pas de vraie participation» populaire, estime Tony Fernandes.

 

Et de polémiquer: «La F1 est encore trop un sport européen. Je provoque souvent Bernie (Ecclestone, le gestionnaire des droits commerciaux de la F1, NDLR) en lui disant: "quand les courses à Silverstone se courront de nuit ou le matin à cause des spectateurs asiatiques, alors ce sport sera international".»

 

Faute de locomotives dans les nouveaux pays, les meilleures audiences de la F1 se font encore dans ses contrées historiques. À l'Inde et la Malaisie, Force India et Lotus, Chandhok et Fauzy, de changer la donne.