Qui l'eût cru? En épousant Johanna, en devenant «Monsieur Villeneuve», Jacques a changé. Il rayonne, il respire la joie de vivre, il affiche une sérénité qu'on ne lui connaissait pas.

Qui l'eût cru? En épousant Johanna, en devenant «Monsieur Villeneuve», Jacques a changé. Il rayonne, il respire la joie de vivre, il affiche une sérénité qu'on ne lui connaissait pas.

Comme si tout était différent depuis qu'il a dit «oui» à Johanna Martinez. Comme si plus rien ne pouvait lui arriver. Comme si son avenir, désormais, était assuré.

Cette saison 2006 se passe plutôt bien au sein de l'écurie BMW Sauber. Depuis les premiers Grands Prix, Jacques Villeneuve semble revivre. Il est plus à l'aise, plus confiant. Rien à voir pourtant avec le sentiment nouveau qui l'habite depuis ce fameux lundi 29 mai, qui l'a vu passer la bague au doigt de Johanna. C'était à Aigle, au coeur des montagnes suisses, à des années-lumière des paddocks de Formule 1 et de leur futilité.

D'ordinaire mesuré, voire un peu renfermé, Jacques se montre désormais plus ouvert. Il parle avec davantage de facilité, sans crainte de se dévoiler. Il est détendu. Son téléphone portable est toutefois posé à côté de lui. Au cas où Johanna appellerait.

- Jacques Villeneuve, marié, se sent-il un autre homme?

- JV : En fait, quand on est amoureux, marié ou pas ne change rien. Disons que le mariage, c'est une forme d'aboutissement là, tel que vous me voyez, je suis au paradis. Je suis très fier de porter mon alliance.

- En Suisse, où vous avez célébré votre union, chacun des deux fiancés peut prendre le nom de son conjoint, ou prendre les deux noms accolés. Vous auriez pu vous appeler Martinez

- (Sourire) C'est vrai, j'aurais pu. Johanna et moi nous portons le même nom, le mien. Elle voulait le porter depuis nos débuts. Mais s'il avait fallu, j'aurais pris le sien, ce n'était pas un problème. Ce qui est important, c'est que nous portions le même nom. On ne peut rien bâtir de solide sans porter le même nom. Je reconnais que je suis un peu «vieux jeu», mais sur ce point, je suis en désaccord complet avec les traditions québécoises.

- Vous allez avoir un enfant dans quelques mois. Fille ou garçon?

- Je ne sais pas, il est encore trop tôt pour connaître son sexe. Mais je tiens à le savoir, juste histoire de ne pas se faire un idée à l'avance et d'être déçu. Et puis, connaître son sexe nous permettra de préparer sa chambre, c'est aussi simple que ça. Je ne vais pas mettre du papier peint rose si c'est un garçon

- Cet enfant, vous comptez l'emmener sur les circuits?

- Je ne sais pas. Pas en Australie, en tout cas, mais peut-être en Europe. J'ai grandi dans un motorhome, sur des circuits, c'est parfaitement faisable. Mais il faut voir. Si le bébé pleure toutes les nuits, ce sera difficile. Piloter avec des cernes, c'est un peu dangereux.

- Votre bébé sera Québécois et Français. Son passeport, c'est quelque chose qui compte pour vous?

- Bien sûr. Je veux lui transmettre mes racines québécoises, mon accent québécois. C'est très important.

- Vous nous disiez il y a deux mois que le métier de pilote était incompatible avec la paternité. Auriez-vous changé d'avis?

- (Il réfléchit longuement). Je suis vraiment impatient d'avoir ce bébé. Fonder une famille, c'était le but de ma vie. Avoir des enfants, c'est une raison de vivre. Mais il est vrai que ce métier n'est pas franchement compatible avec un bébé. Bon, Johanna ne travaille pas, ce qui simplifie les choses. Et je ne suis pas en train de dire que j'ai décidé de mettre un terme à ma carrière.

- Alors, en 2007, vous serez encore en F1?

- J'espère bien. L'idéal, ce serait de continuer le travail commencé ici, chez BMW. Sinon, il y a au moins deux bonnes équipes qui ont un volant libre.

- Lesquelles?

- À vous de voir. Je ne veux pas en parler maintenant, c'est trop tôt (il s'agit de Renault et de McLaren, ndlr). Mais franchement, je préférerais rester chez BMW. Il reste beaucoup à faire. Mais tout dépend de Mario (Theissen). Nos relations semblent meilleures que cet hiver, c'est tout ce que je peux dire!

- Et ensuite? Que comptez-vous faire après la F1?

- Disons que si je ne suis pas en Formule 1 l'an prochain, ce sera dommage. Mais dans ce cas, je m'occuperai plus à fond de mes affaires. Et puis, il y a la musique. Le seul truc, c'est que je veux éviter de rendre ma carrière musicale trop médiatique. J'ai déjà fait assez de tournées de promotion dans ma vie de pilote. Je ne veux plus de ça.

Hier après-midi, son équipe lui a réservé une petite surprise: l'inscription «Just Married» en travers de l'aileron arrière de sa monoplace.

Aujourd'hui, Jacques Villeneuve disputera les essais avec ce commanditaire inédit. Un joli clin d'oeil qui illustre la bonne ambiance régnant au sein de l'écurie BMW Sauber.

Ambiance et moral tous deux au beau fixe, Jacques Villeneuve détient tous les atouts du bonheur. Au point que sa place sur la grille de départ, dimanche, semble d'un coup moins importante...