Michelin a décidé de quitter prématurément la Formule 1 en raison d'un différend avec la Fédération internationale de l'automobile (FIA), mais Bibendum se retire en vainqueur et lorgne sur de nouveaux défis en attendant un possible retour... sous conditions.

Michelin a décidé de quitter prématurément la Formule 1 en raison d'un différend avec la Fédération internationale de l'automobile (FIA), mais Bibendum se retire en vainqueur et lorgne sur de nouveaux défis en attendant un possible retour... sous conditions.

En six saisons dans la catégorie reine des sports mécaniques, Michelin a remporté quatre des douze titres mondiaux en jeu, réussissant le doublé pilotes-constructeurs en 2005 et 2006 grâce à Renault et Fernando Alonso.

«Nous étions revenus à la demande des constructeurs et nous avions à coeur d'être rapidement performants», explique à l'AFP le directeur des activités Compétition du Bibendum, Frédéric Henry-Biabaud, soulignant qu'entre 1985 et 2001, «une veille technologique» avait été entretenue.

«Donc nous étions certes bien préparés, mais le bilan est bon car quel que soit le règlement, nous avons été rapidement performants et nous avons été très vite des challengers d'un concurrent en place depuis longtemps», poursuit-il en parlant de Bridgestone.

Après la saison 2004 entièrement sous la coupe des Ferrari/Bridgestone, le revirement de situation a été radical en 2005 où les pneus Michelin étaient imbattables.

«Expertise»

«Cette domination s'explique par le travail moyen de notre concurrent qui avait très mal anticipé un pneu pouvant faire la qualification et le Grand Prix, mais également de notre expertise sur les architectures et les gommes venant d'autres disciplines comme l'endurance», explique Henry-Biabaud.

Avec le retour au changement de pneus en course en 2006, la tâche des Michelin s'est avérée plus difficile, mais la victoire bien plus gratifiante.

D'autant qu'après la mort par noyade en mai du pdg Edouard Michelin, toute la société avait à coeur de lui rendre hommage par ce titre.

«Le retour sur investissement sera nettement supérieur à celui de 2005 car cette année-là, nous ne nous demandions pas si nous allions gagner, mais combien de voitures nous aurions dans les cinq premiers ! Alors qu'en 2006, nous nous sommes battus jusqu'au bout dans des conditions moins favorables et nous finissons par remporter notre dernière bataille contre un autre manufacturier», commente le patron Compétition de Michelin.

Alors pourquoi partir ?

Officiellement, parce que le nouveau règlement de manufacturier unique prive la F1 de l'un de ses composants, à sa voir la compétition entre manufacturiers de pneumatiques.

«Tout pour revenir»

Mais il existe également une raison économique: Michelin, au contraire de Bridgestone, n'investit pas en publicité autour de la F1 et ne compte que sur ses victoires pour communiquer. Or sans concurrent, la victoire n'est plus un événement et n'attire donc plus de commentaires.

En rallye, pourtant, Michelin a accepté d'être pourvoyeur unique via sa filiale BF Goodrich. «Mais c'est parce que nous devons faire connaître cette marque alors que Michelin est déjà mondialement connu», explique Henry-Biabaud.

Sans la F1, les budget «sport» de Michelin vont diminuer, mais les ingénieurs vont se retourner sur d'autres disciplines.

Et contrairement à la première pause, il n'y a pas de veille technologique spéciale pour la F1. «Notre veille va s'exprimer sur du concret: en endurance, en MotoGP, en rallye... On retrouvera là des gens qui travaillaient en F1», explique Henry-Biabaud.

Car «en raison du monomarque, le pneu fourni sera +carré+» et Michelin ne pense pas prendre trop de retard sur son concurrent en cas de retour en F1, selon lui.

Or Michelin «fera tout pour revenir, promet Henry-Biabaud. Mais nous ne reviendrons pas d'office: nous travaillerons pour voir si les conditions de notre retour sont réunies...»