On reproche également à Schumacher des manœuvres litigieuses en piste. Certains pilotes ont affiché ouvertement leur inimitié à l'égard du personnage. Jacques Villeneuve d'abord pour qui «Schumacher n'est pas un grand champion», ou même Fernando Alonso, qui refusait de faire partie de l'Association des pilotes de Grand Prix (GPDA) tant que l'Allemand y était et qui a déclaré après l'annonce de la prochaine retraite de son rival: «Bien sûr, nous perdons un champion. Il va nous manquer... en piste.»

Coéquipier

On reproche également à Schumacher des manœuvres litigieuses en piste. Certains pilotes ont affiché ouvertement leur inimitié à l'égard du personnage. Jacques Villeneuve d'abord pour qui «Schumacher n'est pas un grand champion», ou même Fernando Alonso, qui refusait de faire partie de l'Association des pilotes de Grand Prix (GPDA) tant que l'Allemand y était et qui a déclaré après l'annonce de la prochaine retraite de son rival: «Bien sûr, nous perdons un champion. Il va nous manquer... en piste.»

D'autres que Schumacher ont eu recours à des manœuvres douteuses pour s'assurer un titre, à commencer par Ayrton Senna. Mais le Brésilien a écrit quelques une des plus belles pages de la F1 en offrant des bagarres mémorables en piste et en coulisses contre Alain Prost, lequel avait relevé le défi en acceptant de l'avoir comme coéquipier chez McLaren.

Or Schumacher, lui, a toujours refusé d'avoir un coéquipier de son niveau. La rumeur -démentie par le pilote allemand- veut d'ailleurs qu'il ait précipité son départ car Ferrari avait décidé quoi qu'il arrive d'engager Kimi Räikkönen, laissant à Schumacher le choix de le défier ou de partir.

En tout état de cause, Schumacher va quitter les turbulences de la F1 pour se consacrer à son épouse Corinna et à leurs enfants Gina Maria (9 ans) et Mick (7 ans). Mais s'il quitte la confrérie des pilotes de F1, il reste dans sa famille Ferrari où de nouvelles fonctions doivent lui être attribuées prochainement.

À l'issue de son ultime Grand Prix, dimanche au Brésil, les chiffres sont incontestables: Michael Schumacher, sept fois champion du monde, est un phénomène au talent incommensurable, mais en 16 années de Formule 1 l'Allemand aura captivé les foules sans les faire rêver.

Si le palmarès du pilote est hors du commun, si le nombre de ses records et leur niveau, si le compétiteur lui-même viennent d'une autre planète, l'extra-terrestre à la combinaison rouge redevient en effet un Terrien quasiment banal -du moins normal-, avec ses qualités et ses défauts, dès qu'il quitte les paddocks et revêt des tenues civiles au goût discutable.

Damon Hill manquait également de charisme, mais il bénéficiait d'un patronyme dont la seule évocation donne des frissons aux amateurs de F1. Damon, le fils, avait même repris les couleurs du casque de Graham, le père double champion du monde de F1.

Si Jacques Villeneuve a refusé de reprendre un casque évoquant celui de son père Gilles, il ne fait nul doute que le Québécois a touché le coeur des supporteurs en grande partie grâce au souvenir laissé par son génial géniteur, tragiquement décédé au volant.

«Le plus grand»

Pour Schumacher, rien de tel. L'homme vient d'une petite ville du sud de l'Allemagne, Hürth-Hermülheim, et rien ne semblait le prédestiner spécialement à devenir «le plus grand pilote de tous les temps», comme le qualifie le triple champion du monde autrichien Niki Lauda.

Alors qu'il fait ses adieux, les témoignages d'amitié affluent. Comme l'illustre une enquête menée par la Fédération internationale de l'automobile (FIA) et publiée le 26 septembre après l'annonce de sa retraite.

En effet, 28% des personnes ayant fait la démarche de répondre à ce questionnaire affirment que Schumacher, 37 ans, est leur pilote en activité favori, tandis que Kimi Räikkönen qui héritera de son baquet en 2007 obtient 17% des suffrages et le champion en titre Fernando Alonso seulement 7%.

Cette attirance pour Schumacher est certainement en partie liée à la longévité du pilote en F1 (249 départs en 16 saisons avant le GP du Brésil) ainsi qu'à son identification à l'écurie Ferrari, la préférée des passionnés de course automobile avec 30% des opinions exprimées contre 21% pour McLaren-Mercedes et 8% pour Renault.

Premier

Car Schumacher aura couru 11 saisons avec la Scuderia, remportant aux commandes d'un bolide rouge 72 de ses 91 victoires et 5 de ses 7 titres mondiaux. Mais surtout, avec Jean Todt en directeur général et Ross Brawn en directeur technique, Schumacher restera à jamais l'artisan du retour de Ferrari au sommet et de son hégémonie durant six saisons.

Schumacher, premier vainqueur allemand de GP depuis Jochen Mass le 27 avril 1975 à Montjuich (Espagne), a su faire fructifier son talent hors du commun aussi longtemps grâce à une discipline militaire à l'entraînement lui faisant faire plusieurs heures de musculation et d'exercice physique quotidiennement.

«Michael est le premier à avoir donné un exemple: tu peux gagner en travaillant, souligne Flavio Briatore, patron de l'écurie Renault et qui dirigeait Schumacher chez Benetton pour ses deux premiers titres mondiaux. Il a changé la manière de travailler en F1 en montrant qu'il n'y avait pas que le seul talent qui pouvait te faire gagner, mais que tu pouvais aussi y arriver en travaillant beaucoup, y compris le physique.»

Au bout du compte, l'Allemand aura tellement gagné, qu'il «n'a pas fait du bien» à la F1, selon Damon Hill.