Sébastien Bourdais a fini par vaincre la malchance qui lui collait à la peau, après trois mauvaises courses sur le circuit Gilles-Villeneuve. Hier, dans une épreuve mouvementée disputée sur une piste encore humide des orages de la veille, le Français s'est imposé pour remporter sa première victoire en carrière à Montréal.

Sébastien Bourdais a fini par vaincre la malchance qui lui collait à la peau, après trois mauvaises courses sur le circuit Gilles-Villeneuve. Hier, dans une épreuve mouvementée disputée sur une piste encore humide des orages de la veille, le Français s'est imposé pour remporter sa première victoire en carrière à Montréal.

Bourdais a profité des malheurs de son plus proche rival dans la course au titre, A.J. Allmendinger, pour signer son sixième triomphe de la saison et se donner une avance quasi insurmontable au championnat des pilotes.

Les Québécois ont été moins chanceux : Alex Tagliani a terminé septième et Andrew Ranger a regardé la fin de l'épreuve comme simple spectateur. Ils espéraient mieux pour leur derniers tours de piste sur l'île Notre-Dame...

La course a repris hier matin au moment précis où elle s'était arrêtée dimanche, c'est-à-dire avec les voitures en file indienne derrière la voiture de sécurité. Bourdais a passé sept tours au deuxième rang, coincé derrière la bagnole blanche et bleue d'Allmendinger.

«Dépasser n'était pas une option en début de course, explique Bourdais. La ligne de course était étroite et si je sortais, c'était facile de glisser sur l'eau.» Allmendinger roulait le coeur heureux pas inquiété pour deux sous, quand sa voiture s'est mise à ralentir, incapable de passer en deuxième vitesse. Le verdict : bris de transmission... L'Américain est sorti de son baquet en furie pour aller déverser sa colère à l'abri des caméras. «Je me baladais sur ce circuit, je poussais seulement à 80%, dit-il. J'avais une voiture pour gagner. C'est vraiment décevant.»

Débarrassé de l'Américain, Bourdais n'avait plus qu'à se soucier de garder son poursuivant le plus proche, Paul Tracy, à distance raisonnable. Les deux ennemis n'ont pas eu à jouer de poing, hier : la lutte s'est faite à la régulière et Crazy Tracy n'a jamais pu venir damer le pion à son adversaire à lunettes. On a eu chaud à la toute fin de la course, quand les commissaires ont décidé d'écourter l'épreuve de cinq tours, car la limite de deux heures était atteinte. Il ne restait qu'untour à faire et le peloton s'était ressaisi derrière la voiture de sécurité. Tracy a tout tenté, mais sans succès. L'Ontarien a passé le fil en deuxième place, sa meilleure performance sur l'île Notre-Dame. Tracy s'est glissé devant un autre « Frenchie «, Nelson Philippe, de CTE Racing, qui a profité d'une stratégie décalée d'arrêts aux puits pour enlever la troisième place.

Sur le podium, drapé dans son fleurdelysé et sous les applaudissements d'une foule qu'il a fini par conquérir avec ses pitreries, Tracy a été bon joueur. «Merci Montréal, aa-t-il lancé en français. J'ai commencé mon week-end sous les huées, je le finis sous les bravos. Merci pour votre support, mais je n'avais pas la voiture pour battre Sébastien!»

De son côté,Nelson Philippe peut se calculer chanceux d'avoir réussi à accéder au podium. Il a commencé l'épreuve sans trop de lustre, on se payant un tête-à-queue dans les premiers tours de la relance. Il n'est pas le seul à s'être fait piéger, remarquez. Alexandre Tagliani et Andrew Ranger ont aussi débuté leur journée de compétition en faisant la valse sur le béton trempée. Tagliani n'a perdu que cinq places dans l'exercice, mais Ranger a été moins chanceux. Son moteur a calé après sa petite virée dans l'herbe et il a perdu un tour avant de repartir.

Pour Ranger, le coup de grâce est venu plus tard, lors d'une embrassade involontaire avec le tristement célèbre Mur du Québec. Arrivé un peu vite de l'épingle, le pilote de Roxton Pond a galopé sur les vibreurs avant d'aller percuter le muret, juste assez fort pour tordre la suspension et mettre fin à sa course. Justin Wilson et Oriol Servia ont connu le même sort, exactement au même endroit.

Si les spectateurs ont surtout déploré l'abandon de Ranger, c'est l'accident de Justin Wilson qui risque d'avoir le plus d'impact sur le championnat.

Avec Allmendinger aux puits à pleurer sa transmission brisée, le Britannique avait d'excellentes chances de reprendre la deuxième place du championnat pour talonner Bourdais dans la course au titre. Mais Wilson s'est tiré dans le pied avec sa bévue en piste et maintenant, Bourdais se retrouve avec un fossé de 62 points d'avance. Et il ne reste que trois courses à disputer...