Le directeur Formule 1 de Michelin, Nick Schorrock, arrive à Indianapolis dans un «très bon état d'esprit», persuadé que les pneus proposés pour le Grand Prix des Etats-Unis par le manufacturier français sont «sûrs à 100%».

Le directeur Formule 1 de Michelin, Nick Schorrock, arrive à Indianapolis dans un «très bon état d'esprit», persuadé que les pneus proposés pour le Grand Prix des Etats-Unis par le manufacturier français sont «sûrs à 100%».

En 2005, un problème de sécurité avait obligé Michelin à demander à ses écuries partenaires de ne pas prendre le départ du Grand Prix des États-Unis, laissant six monoplaces équipées de pneus Bridgestone se disputer une parodie de course et provoquant la colère du public américain qui goûte déjà peu à la F1.

Q : Dans quel état d'esprit les hommes de Michelin arrivent-ils à Indianapolis ?

R : «Dans un très bon état d'esprit. Nous avons analysé (le problème de 2005), compris, apporté des solutions. Étant donné le cahier des charges, nous sommes sûrs à 100% de nos pneus 2006. Mais c'est un sport de très haut niveau et la course n'est pas finie avant le drapeau à damier...»

Q : Que s'est-il passé l'an dernier ?

R : «C'est une combinaison de trois choses: charges verticales/latérales, vitesse et temps passé sous ses charges et à cette vitesse. Nous avons apporté des solutions... Nous n'irons pas plus loin en termes de détails car cela devient confidentiel.»

Q : Avez-vous pris une marge de sécurité cette année pour Indianapolis, peut-être au détriment de la performance ?

R : «Les pneus 2006 ont été préparés pour être performants en tenant compte des incidents de 2005, du contexte 2006 - changements de pneus autorisés et nouvelle motorisation induisant de nouvelles charges - et du travail avec nos partenaires. Comme à chaque course. Pour Indianapolis, nous avons fait des essais à Monza (Italie) et au Castellet (France) afin de sélectionner les gommes.»

Q : Quelqu'un a-t-il fait pression pour que vous fournissiez des pneus particulièrement sûrs ?

R : «Non, personne. L'élément le plus important en ce qui concerne nos partenaires, est que pendant et après Indy-2005 ils nous ont apporté leur soutien et fait preuve de compréhension. Bien sûr ils ont posé des questions, et nous avons apporté des réponses. Leur aide et leur compréhension ont été remarquables. Ils veulent des pneus performants et capables de marquer des points. C'est là-dessus que nous concentrons nos efforts cette année.»

Q : La concurrence, bien plus sévère cette année, de Bridgestone vous oblige-t-elle à prendre plus de risques dans la conception de vos pneus ?

R : «L'an dernier, nous avons dit que nous voulions une compétition plus équilibrée en F1. Nous ne pouvons pas passer notre temps à dire ça et maintenant nous plaindre. Ca nous donne du travail supplémentaire, nous oblige à préparer de façon plus détaillée chaque course. En cela, Indy n'est pas une course différente des autres. D'une façon générale, nous avons dit que 2006 était notre dernière année et nous ferons notre maximum pour aider nos partenaires. Ce sera la meilleure façon de quitter la F1 la tête haute. Nous avons un programme très détaillé de recherche et de développement sur 2006. Il n'est pas question de lâcher. De plus, depuis que nous sommes de retour en F1, en 2001, nous n'avons jamais gagné à Indianapolis. Ce serait bien d'être capable d'ajouter ce Grand Prix à notre palmarès. C'est la seule course que nous n'avons pas gagnée l'an dernier. Elle s'inscrit dans nos objectifs avec nos partenaires: avec BMW pour marquer des points comme avec Renault qui a des vues sur le Championnat 2006.»

Q : Au niveau judiciaire et de votre image aux Etats-Unis, où en êtes vous ?

R : «Vendredi il y a deux semaines, un jugement a débouté une class action. À ma connaissance, nos affaires en restent là. Nous avons proposé aux gens présents sur le circuit l'an dernier de les rembourser et en plus nous avons payé 20.000 billets pour cette année. Le public américain a reconnu que nous avions agi comme une entreprise responsable qui a mis la sécurité avant tout. Le fait de proposer le remboursement alors que nous n'y étions pas obligés a également été apprécié. Notre image a subi un petit accroc le 20 juin (au lendemain du Grand Prix, ndlr), mais ensuite elle est restée positive, idem sur le plan commercial.»

Propos recueillis par Igor Gedilaghine.