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Le chroniqueur automobile Christian Tortora critique le moment choisi par Ferrari pour annoncer la retraite de Michael Schumacher. (21 secondes)
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Cinquante-troisième et dernier tour du Grand Prix d'Italie. Schumacher franchit la ligne d'arrivée en vainqueur sur sa Ferrari 248F1. Il remporte le Grand Prix d'Italie et revient à deux points de Fernando Alonso au championnat du monde. Un instant de rêve.

Du mur des stands, Chris Dyer, son ingénieur de piste, félicite Michael dans la radio de bord. Tous les techniciens de l'écurie, à l'écoute, n'oublieront jamais sa réponse dans leur casque: «Merci à vous, toute l'équipe. C'est mon dernier Grand Prix d'Italie avec vous. Je me retire à la fin de la saison. Vous allez tous me manquer.»

Le secret avait été bien gardé, et les membres de l'écurie apprennent la nouvelle à ce moment-là. L'émotion est immense au sein de la Scuderia, qui se massent sous le podium pour saluer leur champion.

Le reste du monde ne va pas tarder à connaître la décision du septuple champion du monde. 15 h 37. Schumacher redescend de sa première marche du podium et donne sa conférence de presse télévisée, la gorge serrée. «C'est un jour très particulier pour moi. C'est le dernier Grand Prix d'Italie auquel je prendrai part. J'ai décidé de me retirer de la compétition à la fin de la saison.»

L'histoire avait débuté à Kerpen, bourgade de la banlieue de Cologne. Rolf Schumacher construit des cheminées. Elisabeth sert dans une buvette. Le petit Michael est élevé dans un milieu très modeste.

Papa lui bricole un karting à l'âge de 4 ans, puis se saigne pour lui permettre d'assouvir sa passion du kart, tout au long de son enfance. La carrière du pilote le plus titré de tous les temps est lancée.

Elle se terminera donc le dimanche 22 octobre prochain, au soir du Grand Prix du Brésil 2006, peut-être avec un huitième titre mondial. Une page de l'histoire du sport automobile se tournera.

«J'ai pris la décision de me retirer au moment du Grand Prix des États-Unis, à Indianapolis. Je pense que je risque, un jour, de ne plus avoir l'énergie suffisante pour me battre. Il faut énormément de motivation et de force pour piloter à ce niveau. Je ne voulais pas non plus m'accrocher et empêcher de talentueux jeunes pilotes d'obtenir les résultats qu'ils méritent. Il vaut mieux se retirer en train de se battre pour le titre que lorsqu'on se trouve en queue de peloton.»

Ferrari, en avril dernier déjà, avait engagé Kimi Raikkonen pour trois ans. Schumacher pouvait rester à ses côtés, mais dans ce cas, Felipe Massa devait aller voir ailleurs. L'Allemand a préféré lui céder la place.

«J'ai connu une carrière exceptionnelle, dont j'ai aimé tous les bons moments. Je dois remercier tous les gens de l'écurie Benetton de mes débuts, et tous ceux de Ferrari. Il y a tant de personnes de valeur dans cette équipe qu'il n'a pas été facile de décider de ne plus travailler avec eux. Mais bien sûr, je dois aussi remercier ma famille. Sans son soutien, je n'aurais jamais pu réussir ce que j'ai réussi.»

Schumacher restera-t-il dans les mémoire comme le plus grand pilote de tous les temps? Souvent posée, la question n'a guère de sens, les conditions des années 50, par exemple, étant trop différentes de celles d'aujourd'hui. Schumacher lui-même refuse de se comparer aux pilotes passés, avouant son admiration pour ses aînés. «On ne saura jamais si Michael est le meilleur de tous les temps, mais c'est en tout cas le plus titré», conclut Jean Todt.

Du futur, l'Allemand ne dit pas grand-chose. «Le jour où je me retirerai, je pense que je ne ferai rien pendant un moment. Évidemment, j'aimerais toujours faire partie de la grande famille de Ferrari. Nous allons réfléchir.»

Pour Jean Todt, par contre, c'est tout réfléchi: «Michael ne quitte pas Ferrari, il reste impliqué chez nous, avec des responsabilités dont nous donnerons les détails à la fin de la saison.» Schumacher en ambassadeur du petit cheval, ou en consultant technique? On a pas fini de croiser sa silhouette sur les circuits.