Avant même que Fernando Alonso s'amène en conférence de presse, les bouchons de champagne sautaient dans le garage Renault. Une flûte pleine à lamain, Flavio Briatore affichait sa mine des beaux jours.

Avant même que Fernando Alonso s'amène en conférence de presse, les bouchons de champagne sautaient dans le garage Renault. Une flûte pleine à lamain, Flavio Briatore affichait sa mine des beaux jours.

«Je suis très content que Fernando remporte sa première course sur ce circuit. Ça n'a jamais été serré entre lui et Kimi Raikkonen. On contrôlait la course, on n'a jamais mis toute la puissance dans le moteur.»

La victoire semble moins facile lorsque racontée par unhomme moins exalté, comme Alonso: «Kimi a mis beaucoup de pression pendant la première partie de la course. Parfois j'étais plus rapide, parfois c'était lui et à un moment, il m'a presque dépassé. Après mon premier arrêt, j'ai poussé au maximum pour creuser l'écart. Je me suis fait quelques frayeurs, car la voiture était à la limite.»

Son coéquipier Giancarlo Fisichello s'est peut-être fait interdire le champagne après sa bourde d'hier. De la deuxième position sur la grille de départ, l'Italien est parti bien avant l'extinction des feux rouges, a ralenti, puis glissé au troisième rang avant d'écoper d'une pénalité (un passage dans les puits).

Fisichella a tenté de rejeter une partie du blâme sur les commissaires de course: «Je suis parti trop vite, c'est vrai, mais j'ai aussitôt ralenti pour laisser passer Raikkonen. Je pense que la punition était de trop. C'était un peu stupide.» Briatore n'est pas d'accord. «La Fédération a bien fait. Il a commis une erreur et c'est assez pour se mettre dans le pétrin quand la compétition est aussi féroce.»

Avec sa sixième victoire cette saison, sa quatrième d'affilée, Alonso est en train de prendre une avance inattaquable au championnat des pilotes. Du même coup, il s'affaire à réécrire une page d'histoire de la F1. Après neuf courses, il a en poche 84 points; son plus proche adversaire, Michael Schumacher, en a 59.

En 2004, lorsque l'Allemand a dominé de bout en bout le calendrier, il avait 80 points en banque après autant d'épreuves. Si l'Espagnol poursuit sur sa lancée sans faiblir, il va terminer la saison 2006 avec 168 points. Un record en 55 ans de F1.

Est-ce que la domination des Bleus va causer une baisse des cotes d'écoute comme l'avait fait celle des Rouges ? «Ce n'est pas notre faute, se défend Briatore. Ce sont les autres qui commettent des erreurs! Prenez McLaren: ils ont fait deux erreurs pendant les arrêts aux puits!»

Reste qu'il faudrait un sacré revirement de situation pour que les Bleus échappent le titre des pilotes et celui des constructeurs. «Au championnat des constructeurs, on a pris un avantage important sur McLaren, qui n'est plus dans le coup, lance Briatore, visiblement ravi. Maintenant, on n'a plus qu'à se battre avec Ferrari. Pour le moment, on est bien placé. Mais c'est trop tôt pour dire que c'est dans la poche.»