Renault affronte une nouvelle reconstruction, une nouvelle étape en Formule 1. Il est étrange de parler ainsi alors que l'écurie domine tous ses adversaires et que Fernando Alonso détient une avance plus grande dans le championnat des pilotes qu'en 2005.

Renault affronte une nouvelle reconstruction, une nouvelle étape en Formule 1. Il est étrange de parler ainsi alors que l'écurie domine tous ses adversaires et que Fernando Alonso détient une avance plus grande dans le championnat des pilotes qu'en 2005.

Le rival s'appelle Michael Schumacher plutôt que Kimi Raikkonen, mais la toile de fond reste la même et annonce un second titre pour Alonso.

En décembre 2005, depuis l'annonce officielle du départ de l'Espagnol pour McLaren-Mercedes, l'équipe a amorcé un nouveau changement de cap. L'été précédent, Alonso avait refusé à plusieurs reprises de renouveler son contrat à un taux, estimait-il, nettement inférieur à celui d'un champion en titre. Dans un championnat au sein duquel Raikkonen reçoit 25 millions $ par année et Ralf Schumacher, 12 millions de Toyota, le pilote Renault ne pouvait se contenter d'un salaire moindre. Mais pour la formation gauloise, il était difficile de justifier un tel salaire, compte tenu qu'il s'agit de plus d'argent que tous les salaires réunis du conseil d'administration de Renault France.

Les négociations ont débuté en septembre dans une chambre d'hôtel de Sao Paulo, trois jours avant qu'Alonso ne soit déclaré champion du monde grâce à sa troisième place au Grand Prix du Brésil. Quelques mois plus tôt, alors que le pilote espagnol entamait son incroyable série de victoires, un technicien de Renault avait prévenu Flavio Briatore: «Si Alonso s'en va, nous sommes morts». Son impact est certain. Il aura apporté à l'équipe deux titres des pilotes et autant des constructeurs: bien plus que ce qu'elle aurait pu imaginer lors du rachat de Benetton en 2002.

Avec un budget de 300 millions d'euros, plutôt loin des 400 millions que gèrent Toyota, Ferrari et McLaren, Renault a réalisé un petit miracle. L'usine de Enstone, autrefois propriété de Benetton et construite en 1992, est l'une des plus modestes de la Formule 1. Sa soufflerie fonctionne toujours avec des modèles réduits à l'échelle 1:2 et ne sert qu'à mesurer les forces frontales. Pour les forces latérales, l'écurie loue des installations basées en Italie. Difficile à croire qu'avec des moyens aussi modestes, elle parvienne à construire depuis 2002 le châssis le mieux équilibré du peloton.

Mais quel est le futur de Renault en F1? Au début de l'année, après l'annonce du départ d'Alonso, des rumeurs ont circulé sur un possible retrait de l'écurie. Et alimentaient l'hypothèse selon laquelle l'Espagnol aurait préféré migrer vers un projet mieux établi. Le nouveau président de Renault, Carlos Ghosn, venait de terminer le sauvetage de Nissan à grands coups de sabres et on le voyait rapidement mettre un terme à un programme aussi coûteux. À titre d'exemple, la participation de Renault dans l'écurie équivaut à la vente de 500 000 voitures de tourisme au prix du marché.

Après une lutte épique avec Bernie Ecclestone, Renault est rentrée dans les rangs et signé les nouveaux Accords Concorde, ce qui la maintiendra dans le grand cirque pour six autres saisons. L'équipe espère la mise en place de nouveaux règlements, en 2008, et ainsi une sérieuse réduction des coûts.

Dans une récente entrevue, Alain Dassas, nouveau président de Renault F1 en remplacement de Patrick Faure, affirmait que «pour poursuivre son aventure en F1, incluant après 2012, Renault a besoin d'une réglementation technique qui limite les coûts. Nous ne pouvons gaspiller des dizaines de millions pour gagner un dixième de seconde au tour. Il faut absolument éviter cette course à l'armement. Sur cette base, nous pourrons demeurer beaucoup plus longtemps en F1.»

Renault doit maintenant déterminer quelle sera sa paire de pilotes pour 2007. La semaine dernière, l'équipe a renouvelé le contrat de Giancarlo Fisichella pour une saison. Le pilote, qui connaît bien l'écurie, pourra assurer un peu de continuité et donner un coup de main à son futur coéquipier.

«Si nous restons en F1, c'est dans l'intention de continuer à vaincre. Nous ne pourrons pas toujours gagner, mais nous ferons tout en notre pouvoir pour nous retrouver dans la course au titre», ajoute Dassas, mentionnant que le compagnon de Fisicho pourrait être Heikki Kovalainen. L'essayeur, vainqueur de la World Series en 2004 et vice-champion de GP2 en 2005 derrière Nico Rosberg, est en première place dans la liste des remplaçants potentiels d'Alonso. Son manager n'est nul autre que Flavio Briatore. Mais a-t-il l'étoffe d'un champion?

Raikkonen s'est entretenu à quelques reprises avec les négociateurs de Renault au cours des dernières semaines. Le Finlandais attend de voir si Michael Schumacher sera de retour au volant d'une Ferrari en 2007. Il pourrait aussi devenir un pilote Renault en attendant la retraite du septuple champion du monde. La réponse dans quelques semaines.