Le rideau est tombé, dimanche soir à Abou Dhabi, sur une saison de Formule 1 prévisible car archi-dominée par deux géants, Mercedes-AMG et Ferrari, dont les budgets sont en phase avec les ambitions. Ils n'ont laissé que des miettes à leurs rivaux et ça risque de continuer en 2016...

Bilan positif: Mercedes, Ferrari, Williams, Force India

MERCEDES-AMG, championne du monde (703 points): 16 victoires, 12 doublés, 32 podiums, 18 pole positions, Hamilton champion du monde, Rosberg 2e

Il n'y a pas eu de match, même avec Ferrari, et l'écurie de Toto Wolff et Niki Lauda, les deux Autrichiens, capables de marcher main dans la main pour dérider le paddock, a battu quelques records de plus, avec la manière. Il n'y a pas eu d'accrochage sur la piste entre ses deux pilotes, juste quelques joutes verbales qui ont amusé la presse. Les Flèches d'Argent sont restées au sommet, grâce à «la meilleure équipe du monde», dixit Lewis Hamilton.

FERRARI, 2e (428 points): 3 victoires, 16 podiums, 1 pole position, Vettel 3e, Räikkönen 4e

Avec un nouveau leader, Sebastian Vettel, et un nouveau patron, Maurizio Arrivabene, bien aidés par l'ingénieur anglais James Allison (ex-Lotus), la Scuderia a commencé à rattraper son retard sur Mercedes. Il y a eu un peu de réussite (3 victoires), très peu d'erreurs dans les stands ou la stratégie. Kimi Räikkönen, l'oiseau de nuit (3 podiums, tous en nocturne), a complété le travail d'équipe et conservé son baquet très convoité. «Iceman» a même souri, parfois.

WILLIAMS, 3e (257 points): 4 podiums, Bottas 5e, Massa 6e

L'équipe de Sir Frank et de Claire Williams a fait le plus dur: rester au niveau qu'elle avait retrouvé en 2014, avec un budget raisonnable et un très bon moteur (Mercedes), malgré quelques grosses erreurs dans les stands, la dernière dimanche à Abou Dhabi. Côté pilotes, le «jeune» Bottas a confirmé qu'il était rapide, à côté du «vieux» Massa toujours aussi utile, grâce à son expérience. En 2016, le rythme de Mercedes et Ferrari sera encore plus difficile à suivre.

FORCE INDIA, 5e (136 points): 1 podium, Pérez 9e, Hülkenberg 10e

C'est sans conteste le meilleur rapport qualité-prix de la F1 actuelle: une équipe performante, courageuse, sympathique, financée par un vrai passionné, le milliardaire indien Vijay Mallya. Avec le meilleur moteur du plateau (Mercedes) et deux excellents pilotes, «Checo» Pérez et Nico Hülkenberg, elle peut encore passer un cap en 2016, surtout si les finances s'améliorent grâce à deux marques prestigieuses, Aston Martin et Johnnie Walker (groupe Diageo). À suivre en 2016.

Bilan mitigé: Red Bull, Lotus, Toro Rosso

RED BULL RACING, 4e (187 points): 3 podiums, Kvyat 7e, Ricciardo 8e

Avec un gros handicap, ses moteurs Renault peu fiables et manquant de puissance, l'écurie de Milton Keynes a appris l'humilité, après des années de domination teintée d'arrogance. Elle a aussi limité les dégâts grâce à deux pilotes de haut niveau, capables de faire face à un environnement défavorable sans jamais se plaindre, et surtout de rentrer dans les points le plus souvent possible. L'année 2016 sera aussi «de transition», a prévu Christian Horner.

LOTUS, 6e (78 points): 1 podium, Grosjean 11e, Maldonado 14e

Les pilotes d'Enstone ont vécu une saison en enfer, la deuxième d'affilée, pour cause de budget serré et de développement arrêté... au printemps. Le moteur (Mercedes) était bon mais le châssis n'a pas évolué en cours de saison, puis les pièces ont commencé à manquer. Le Franco-Suisse a fait le métier, montant même sur un podium inattendu à Spa-Francorchamps. Quant au Vénézuélien il a encore déçu, ne marquant qu'une fois sur trois. Mais il est riche.

TORO ROSSO, 7e (67 points): Verstappen 12e, Sainz Jr 15e

Max, 18 ans, est la révélation de cette saison 2015 car il a fait globalement mieux, en course et en qualifications, que le débutant Vettel en 2008. Le fils de Jos a aussi animé le peloton en multipliant les dépassements osés, devenant la bête noire des commissaires: 8 points de moins sur sa licence de pilote. Carlos Jr, 20 ans, a eu moins de réussite mais a bien résisté sur la piste. La preuve, en qualifications, il a gagné de justesse (10-9) le duel contre Max.

Bilan négatif: Sauber, McLaren-Honda, Manor Marussia

SAUBER, 8e (36 points): Nasr 13e, Ericsson 18e

Les monoplaces suisses étaient larguées toute l'année, sauf rares exceptions, et leurs pilotes ont eu du mal, sauf parfois Nasr, de compenser par leur coup de volant. Le développement a été stoppé trop tôt, faute de finances, comme chez Lotus. La patronne Monisha Kaltenborn, juriste de formation, a porté plainte devant l'Union européenne pour concurrence déloyale. Le fondateur, Peter Sauber, est parti en croisière sur le fleuve Amazone. Inquiétant.

MCLAREN-HONDA, 9e (27 points): Button 16e, Alonso 17e

C'est l'accident industriel de l'année, avec deux champions du monde qui ne savent plus quoi faire, sur la piste. Ni si un déclic va enfin se produire dans les ateliers ultra-modernes de Woking. Alors en attendant ils rigolent et font bonne figure, mais le moral n'y est plus. La visite de Ron Dennis à Abou Dhabi n'a rien arrangé, car il a évoqué un congé sabbatique pour Alonso, aussitôt démenti par l'intéressé. Ca peut encore s'aggraver en 2016.

MANOR-MARUSSIA, 10e (0 point): Merhi 19e, Rossi 20e, Stevens 21e

On ne s'attendait pas à grand-chose de la part de l'écurie anglaise sauvée au printemps, avec des châssis usés et des moteurs Ferrari de l'an dernier. On n'imaginait pas que le «sauveur» irlandais, Stephen Fitzpatrick, spécialiste de l'énergie domestique, serait aussi économe. Le résultat, c'est que trois pilotes ont fait le service minimum, en fond de grille et en queue de peloton, en attendant mieux: des moteurs Mercedes en 2016. Suffisant?