Cette année 2015 aura été riche en performances et en progression pour Lance Stroll. Le jeune pilote canadien de Formule 3 vient de faire un petit pas supplémentaire vers la F1 en officialisant sa signature chez Williams à titre de pilote de développement. Une page se tourne également puisqu'il s'éloigne ainsi de l'Académie Ferrari. Explications.

UNE DÉCISION DIFFICILE

Lance Stroll a quitté l'école et entre dorénavant dans la cour des grands. En acceptant d'intégrer l'an prochain le «programme de développement des jeunes pilotes» de l'écurie Williams, il met donc un terme à sa collaboration longue de plus de cinq ans avec Ferrari et son Académie de jeunes pilotes. Un changement qui en a sûrement déçu plusieurs du côté de Maranello. «C'est sûr que, pour nous, ce n'est pas facile de les quitter, reconnaît le pilote. On travaille tous ensemble comme une famille depuis 2010. Ce n'est pas une décision facile à prendre. Mais Williams est une opportunité exceptionnelle.»

LE RAPPROCHEMENT

L'écurie britannique de F1 a approché Lance Stroll dès l'été dernier. «On était encore avec Ferrari à ce moment-là, on n'était donc pas très sûr de ce que l'on voulait faire», commente le pilote. Les discussions se sont poursuivies jusqu'à ce que le Montréalais et son entourage soient convaincus que la proposition de Williams était une «bonne opportunité pour le futur et [ma] carrière».

Depuis plusieurs années, Williams recrute des pilotes particulièrement jeunes en vue de les amener au plus haut niveau dès que possible. Cette politique de l'écurie de sir Frank a grandement orienté le choix du clan Stroll. «C'est un des aspects qui nous ont vraiment séduit», dit le pilote.

LE CHOIX DE WILLIAMS

Le discours de Williams a manifestement plu. «Ils croient en moi pour être l'un de leurs prochains pilotes. Ils me suivent depuis longtemps. Ils ont vu que non seulement je peux gagner des courses et des titres, mais aussi j'ai le potentiel pour être un bon pilote.»

Pour expliquer son choix, Williams prend pour exemple le parcours de Valtteri Bottas qui a eu ce statut de «pilote de développement» et qui titille dorénavant les meilleurs du championnat du monde.

«Nous avons identifié Lance comme un talent prometteur pour le futur et nous sommes heureux de pouvoir participer à son développement. Nous sommes impatients de travailler avec lui l'an prochain», a déclaré cette semaine Claire Williams, la patronne de l'écurie. 

C'EST QUOI, UN PILOTE DE DÉVELOPPEMENT?

Être pilote de développement ou en formation dans une écurie de F1, c'est mettre les premiers doigts de pied dans les garages, le temps d'une année dans un premier temps. «Ça veut dire beaucoup de travail dans leur simulateur, explique Lance Stroll. Et beaucoup d'apprentissage à l'usine de Williams pour voir comment fonctionne la Formule 1. Ça veut dire être en bordure de piste et dans le garage, lors des Grand Prix de F1 quand je peux, quand cela ne tombe pas les mêmes fins de semaine que celles de mes courses de Formule 3. C'est apprendre comment fonctionne une voiture de F1.»

Lance Stroll va bénéficier d'une formation physique et mentale chez Williams. Il pourrait également faire ses premiers tours de piste à bord d'une F1 de 2014 lors d'essais. «On n'a pas pris de décision encore avec Williams, précise-t-il. Je ne sais pas exactement si on va faire ça, et quand.»

PRIORITÉ À LA F3

Un temps envisagé, le jeune Stroll ne fera pas d'essais l'an prochain en GP2 en raison d'un calendrier qui va finalement être bien chargé. Son année avec Williams va lui imposer d'être tous les mois... chez Williams dès janvier. Sans compter que le prochain championnat de Formule 3 européenne, qui reprendra en avril, est la priorité absolue de celui qui a terminé cinquième dès sa première saison. «Je me concentre vraiment sur la F3 et sur 2016.»

L'avenir à plus long terme s'inscrit, quant à lui, en pointillés. «Une chose à la fois, je suis encore un jeune pilote. On a du temps devant nous. On ne se dépêche pas. On va voir comment se passe 2016 et quelle sera la meilleure opportunité alors.»

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Les prédécesseurs chez Williams

Surtout par la force des choses - des contraintes financières -, l'écurie Williams recrute de plus en plus jeune depuis les années 2000. Le dernier exemple en date dont le parcours se rapproche de Lance Stroll est Valtteri Bottas. Le Finlandais a intégré l'écurie britannique en 2011 à l'âge de 21 ans. Avant lui, Jenson Button y a fait ses débuts en piste en F1 en 2000 à 20 ans, Nico Rosberg à 21 ans en 2006, Nico Hülkenberg à 23 ans en 2010.



Photo Bernard Brault, archives La Presse

Valtteri Bottas

Pas un gage de réussite

Lance Stroll visera le titre en Formule 3 européenne l'an prochain. Être sacré champion dans une catégorie comme la F3 ou le GP2, antichambres de la F1, n'est cependant pas un gage de réussite ultérieure. Au jour d'aujourd'hui, les quatre derniers champions de GP2 et de F3 n'ont pas encore décroché une place de pilote titulaire en F1. En Formule Renault 3.5, seuls deux des neuf derniers champions ont eu un volant dans l'épreuve-reine du sport automobile.



Accès plus compliqué

À tout juste 17 ans, Lance Stroll ne peut prétendre à un baquet de F1 avant 2017 quoiqu'il arrive. À partir de 2016, tout pilote de Formule 1 devra être âgé d'au moins 18 ans, être titulaire du permis du conduire, avoir roulé au moins 300 km à bord d'une F1 et avoir pris part à 80% de deux saisons dans des championnats de catégorie inférieure. Selon un barème de la FIA, tout pilote aspirant à la F1 devra également obtenir un score d'au moins 40 points calculés selon ses résultats obtenus en GP2, F3 européenne, WEC ou Indy. Le seuil est d'au moins 30 points s'il est en GP3 ou Formule Renault 3.5.